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GROOVE TRIBAL  |  COMPILATION

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- Membre : Dennis Young

LIQUID LIQUID - Slip In And Out Of The Phenomenon (2008)
Par JOVIAL le 20 Mai 2014          Consultée 1927 fois

Quelques trente années après avoir traversé le ciel de New-York, la comète LIQUID LIQUID étincelle encore de mille feux. Malgré ses quatre courtes années d'existence et une discographie plus que limitée, composée seulement de trois EPs et deux singles, notre éphémère quatuor a pourtant laissé derrière lui une œuvre d'une richesse unique et incomparable dont l'influence perdure toujours aujourd'hui. Vous êtes du genre à prendre LCD Soundsystem pour un génie ? Écoutez donc quelques morceaux de LIQUID LIQUID et vous comprendrez où James Murphy est allé repomper son talent. Le repompage, c'est d'ailleurs ce qui a coûté la carrière de nos New-Yorkais lorsqu'en 1983 le pionnier du hip hop Grandmaster Flash sample la mythique ligne de basse de « Cavern » et en reprend quelques paroles sans autorisation. 99 Records, label de LIQUID LIQUID, attaque alors en justice Sugar Hill Records qui perd le procès. Il est malheureusent trop tard, personne ne touchera les indemnités accordées par m'sieur le juge : 99 Records vient de faire faillite. Sans label et sans le sou, le groupe, dont les morceaux passent en boucle dans tous les bons clubs dignes de la Grande Pomme, se sépare définitivement. Il faut ainsi attendre 1997 avant que le label Mo Wax ait la bonne idée de nous sortir une compilation rassemblant une partie du matos musical de LIQUID LIQUID, à laquelle on préférera néanmoins celle-ci, Slip In And Out Of The Phenomenon, plus complète et sortie sur Domino en 2008.

Bref, maintenant que vous connaissez l'histoire, passons à la zic. LIQUID LIQUID c'était quoi ? Aah les poseurs d'étiquettes vont bien être emmerdés, car cette musique ne ressemble à rien de connu. Habituellement rangée dans la case « post-punk », elle n'a pourtant pas grand-chose à voir avec les Joy Division, Public Image Limited et consorts tristounets, hormis peut-être pour son côté minimaliste ou avant-gardiste. Les musiciens avaient eux-mêmes défini leur style en le baptisant « big beat »*. Force est de reconnaître que l'on aurait bien du mal à contester l’appellation, car LIQUID LIQUID c'était avant tout le groove. Une rythmique carrée mais libre, vivante, organique, dansante, empruntée au funk des grands, de Parliament à Curtis Mayfield, en passant par Cymande et James Brown. Mais LIQUID LIQUID n'était pas funk pour autant, sa musique étant bien trop dépouillée pour y prétendre. Car il n'y a ni guitare, ni cuivres, ni piano pour habiller cet ensemble batterie/basse/percus : rien que, de temps à autre, la lointaine voix d'un Salvatore Principato délirant. LIQUID LIQUID aurait alors pu être world : la profusion de percussions en tout genre trahissent clairement des influences africaines, cubaines voire asiatiques et on ne serait même pas surpris de voir apparaître dans les crédits les tapeurs de Manu Dibango ou de Codona. LIQUID LIQUID sonne tribal, LIQUID LIQUID est tribal. Mais n'est pas world, ça non. Car trop urbain, terriblement urbain. Cette musique sent les taudis d'Harlem, les jams dans les rues du Bronx. C'est sans doute ça le big beat, une musique rituelle moderne mais sans âge, née dans la rue, entre les plaques de bitumes et les studios de fortune.

Si l'on connaît souvent LIQUID LIQUID pour ses deux « hits » (le mot est très fort), le légendaire « Cavern », porté par un clip non moins fameux**, et le turbulent « Optimo », ceux-ci sont vraiment les deux arbustes cachant la forêt de séquoias. On ignore le degré de diversité musicale dont était capable Principato et son gang, que Slip In And Out Of The Phenomenon parvient merveilleusement bien à mettre en avant. Si le groupe speede à fond sur les nerveuses « Optimo », « Push » et « Sank Into The Chair » où chaque instrument, y compris la voix, fait de son mieux pour ne pas se laisser distancer, un morceau comme « Bellhead » se concentre au contraire sur la puissance du rythme binaire, pour laquelle on frappera aussi fort sur son marimba que sur la caisse claire. Le big beat au sens propre du terme. Un peu plus loin mais déjà bien différent, LIQUID LIQUID se relance sur le sentier de la guerre avec l'hypnotique « Where's Al » où la basse du génial Richard McGuire, vigoureuse et souple, forme avec les percussions un véritable mur. Enfin, on se terminera à des kilomètres-là sur les plus sombres « Lock Groove (In & Out) » et « Lup Dub », rituels vaudou ou complainte droguée, où les musiciens troque leur big beat pour une musique aux ambiances beaucoup plus calmes, mais aussi beaucoup plus malsaines.

La pauvreté des textes s'explique aisément : le chant est utilisé comme un instrument à part entière, montant toujours dans les aigus, comme si un fou pétait logiquement un câble au coeur de ce déferlement de groove. Il faut dire que pour ça on se régale : « New Walk », « Cavern », « Bellhead », « Setmyonemyown » ou encore « Rubbermiro » (un des rares exemples où un saxophone et un mélodica viennent rejoindre la formule originelle du quatuor) nous donne autant envie de nous trémousser que sur un disque de Funkadelic. Avis aux amateurs donc. Rien que pour ça, n'ayez pas peur de tenter l'expérience LIQUID LIQUID. Les vinyles originaux n'ont jamais été réédités mais peuvent facilement se trouver à prix raisonnable. Je vous conseille évidemment de passer par Slip In And Out Of The Phenomenon, qui a le mérite contenir la disco quasi-complète du groupe*** et même quelques inédits, dont cinq extraits live de 1980, intéressants malgré un son dégueulasse. Bref, oubliez ainsi tous ces qualificatifs idiots et effrayants parlant d'expérimental, de minimalisme ou de post-punk, laissons-les dans le dictionnaire où ils trouveront certainement plus de sens qu'ici. Il n'y a que le rythme, la pulsation, le big beat qui compte, et ça LIQUID LIQUID l'avait parfaitement compris.

À écouter : « Bellhead », « Optimo », « Rubbermiro », « Cavern » et « Sank Into The Chair »
*Bien entendu aucun rapport avec le « vrai » Big Beat, sous-genre de la musique électronique que pratiqueront entre autre The Prodigy, Fatboy Slim et The Chemicals Brothers.
** Allez, le voici : https://www.youtube.com/watch?v=Hkrpqx_5dAk
***Le single Dig We Must (1984), dernier avant la séparation, n'y figure pas.

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- Richard Mcguire (basse)
- Scott Hartley (batterie)
- Dennis Young (percussions)
- Salvatore Principato (voix/percus)


1. Groupmegroup
2. Ew Walk
3. Lub Dupe
4. Bellhead
5. Rubbermiro
6. Spearbox
7. Lock Groove (in)
8. Lock Groove (out)
9. Push
10. Zero Leg
11. Eyes Sharp
12. Where's Al?
13. Optimo
14. Cavern
15. Scraper
16. Out
17. Sank Into The Chair
18. Outer
19. Groupmegroup (live)
20. Sank Into The Chair (live)
21. Elephant Walk (live)
22. Setmeonmyown (live)
23. Not Again (live)



             



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