13 ans (déjà) que leur premier album « Foc » a vu le jour, le duo mexicain aura réellement marqué les esprits. Reprendre Metallica, Led Zeppelin, travailler avec Alex Skolnick (co-fondateur du fameux groupe de thrash metal Testament), métamorphoser « Take Five », et le tout... à la guitare acoustique. Plutôt atypique comme démarche. N'oublions pas qu'avant de former le duo acoustique, Rodrigo Sánchez et Gabriela Quintero étaient membres d'une formation de thrash nommée « Tierra Acida » (anciennement « Castlow »).
Mais si Rodrigo y Gabriela ont toujours baigné dans ce monde de guitares saturées, leur spectre d'influences s'étend bien plus loin. De la rumba au flamenco en passant par la musique classique et par le rock, c'est finalement un style indéfinissable et unique qu'ils sont parvenus à créer.
« 11:11 », sorti en 2009, rendait hommage dans chaque titre à d'illustres musiciens tels que Santana ou Jimi Hendrix. Cette fois les deux guitaristes dédient leur album à des personnalités de tous les horizons tels que Fyodor Dostoyevsky ou Aliénor d'Aquitaine.

L'album a été produit et enregistré à Ixtapa, au Mexico et mixé par Andrew Scheps (ayant travaillé sur « 13 » de Black Sabbath et « Death Magnetic » de Metallica).
Pourquoi rappeler aujourd'hui la relation entre Rodrigo y Gabriela et le metal alors que le groupe existe depuis 2001 ? Tout simplement parce que ce nouvel album est un véritable retour aux sources !
Alors que l'album éponyme et « 11:11 » proposaient des thèmes souvent radieux, accrocheurs à la première écoute et résolument marqués par des influences latinos, « 9 Dead Alive » dégage une atmosphère générale plus sérieuse voire parfois ténébreuse.

La musique de Rodrigo y Gabriela, particulièrement sur cette album, est pensée un peu comme un album de Metallica, c'est-à-dire comme un enchaînement de riffs variés avec des cassures de rythme, des soli, des ponts venus de nulle-part,... tant est si bien qu'en poussant un peu le raisonnement on pourrait croire que « 9 Dead Alive » a été composé par la bande de Hetfield et réarrangé par le duo.
Non mais écoutez le début du refrain de « Misty Moses » et ses riffs plaqués et puissants. Et ce solo magistral introduit par quelques arpèges ainsi qu'un riff étouffé... Ce titre qui transpire le metal est peut-être la meilleure composition de l'album. « Somnium » n'est pas non plus en reste avec son thème charmeur et son rythme qui s'emballe progressivement.
Du solo grandiose de « Fram » aux accords furibonds de « The Russian Messenger » en passant par les lignes mélodiques majestueuses de « The Soundmaker », Rodrigo nous en met vraiment plein les oreilles.

Mais n'oublions pas l'épine dorsale du groupe qu'est Gabriela. Sur cet album l'accompagnement gagne en puissance mais aussi en variété. Sur des morceaux tels que « Torito » ou « Somnium » Gabriela parvient à sublimer avec brio les improvisations de son comparse en s'adaptant constamment à ce dernier. À la manière de musiciens de jazz, le duo joue en complète synergie. Le morceau « La Salle des Pas Perdus » qui conclut l'album sur quelques intonations de musique classique le démontre une fois de plus.

Le retour aux sources se traduit aussi par une volonté de revenir à une certaine forme de simplicité. Après l'album « Area 52 » où le duo reprend quelques unes de leur compositions accompagné d'un orchestre, Rod y Gab décident de retrouver les joies du face à face pour nous proposer un album brut de décoffrage. Et ça n'est pas pour nous déplaire !

Le retour en trombe des Mexicains avec « 9 Dead Alive » se révèle plus qu'efficace. 9 compositions originales interprétées avec sincérité et en tout intimité.

Note : 4,25/5