Après la sortie d'un EP plus que prometteur en 2011, JOULIK a eu le temps d'évoluer, ramener son quatuor à un effectif de trois personnes, tout en conservant la formule de ses débuts. Gabrielle Gonin, Robin Celse et Mélissa Zantman ont avant tout poursuivi leur bout de chemin aux confins du Sud-Est de la France, semant la joie et la bonne humeur partout où ils passaient (c'est du vécu !).

C'est que le trio JOULIK a de quoi enchanter plus d'une foule, vu comment ça démarre au coin d'un bar de village ou dans un sous-sol aménagé de grande ville. Les non-amateurs de musiques tziganes ou d'Europe de l'Est sont également concernés ! Bien entendu, il serait réducteur de limiter JOULIK à cette étiquette, même s'il s'agit d'une influence fondamentale. Après tout, leur musique est universelle, ancrée dans la tradition sans pour autant tourner le dos à la nouveauté.

Leur premier véritable album, Aux Temps, voit le jour en ce mois de juillet 2014, grâce aux souscriptions des amis et fidèles sur le site Ulule et pendant plusieurs mois. Les chansons ont été jouées pour la plupart au fur et à mesure de leur écriture sur près de deux ans de concert. En avant-première, un clip circulait sur Youtube depuis deux mois, celui de "Beshena" (1), et que nous ne pouvons que vous encourager à regarder afin de mieux comprendre l'esprit du groupe.

L'idée de mettre "Beshena" avant l'introduction de l'album est d'ailleurs plutôt originale et fort appréciable. Ce type de morceau aux consonances orientales, tout comme "Poustono" plus loin, est axé sur des mélodies répétitives, où l'énergie se voit savamment nivelée pour créer une sensation d'hypnose. Et même sur ce matériau simple, le trio de jeunes gens peine à masquer son bonheur de jouer, sa soif d'expérimenter, de créer. Parmi les nouveautés, "Triptik" en est un bel exemple.

La force des voix conjointes ou en canon des filles et du garçon reste un attribut majeur de JOULIK, et l'alchimie instrumentale n'a fait que se renforcer au fil du temps. Des fois, il suffit de pas grand-chose : sur "Beshena", Mélissa Zantman laisse son accordéon de côté pour prendre une guitare acoustique dont elle ne joue qu'une corde à vide, comme un bourdon, pendant que Robin Celse s'occupe d'autres effets plus virtuoses à l'oud.

Une osmose qui se retrouve bien évidemment à travers d'autres morceaux propices à la danse, comme l'entêtant "Sueño", le bonus live "Mama" et la non-moins excellente "Valse à 2 temps 3 mouvements". Par rapport à celle-ci et décidément, en matière de mots, le groupe ne manque pas d'humour ni de légèreté : "À doux pas", "Aux temps", "Des espoirs"... Cette dernière est une chanson de Gabrielle Gonin, qui gagnait elle aussi beaucoup à poser sa contrebasse, avec laquelle elle brille pourtant déjà tellement ! Une jolie voix, un texte marquant en français...

Mélissa Zantman fait de même sur "Paul'temps", employant des termes musicaux sur fond de poésie et un rythme aussi changeant que celui d'une relation amoureuse. Le chant en français, généralement soliste qu'il s'agisse d'une demoiselle ou de l'autre, participe à la nouveauté. Moins aisé sur le plan vocal, Robin Celse, de son côté propose "Lilly", un instrumental splendide où il décuple son talent de guitariste grâce à une pédale loop, créant des boucles en temps réel et à son loisir entier. Cependant, les harmonies chantées n'y sont pas moins merveilleuses qu'ailleurs...

Le titre Aux temps est un hommage à tous les temps de musique, ceux du rythme (largement débarrassés des conventions de la musique pop occidentale), de la composition de ces morceaux, de leur travail, de leur partage, et enfin de leur "âge", à ces morceaux, qu'il s'agisse des plus anciens ou des superbes "Intro" et "Epilogue" improvisés en studio, annonçant le futur.

Un mot encore sur la pochette, qui a demandé deux bonnes journées de confection dans un hangar, avec l'aide d'amis... Les membres de JOULIK tenaient à s'appliquer, avec ce collage d'instruments géants, cette peinture murale, cette création du nom du groupe en contreplaqué et ce grand nombre d'ampoules à filaments. De quoi rendre le projet global encore plus attachant...

Aux Temps propose un bonus, "Mama", enregistré en concert. Cependant même en studio, le son garde une couleur live, rendue plus propre mais certainement pas lisse. Ecoutez "Lane", l'entrée des instruments après le début a-cappella... JOULIK n'auraient à vrai dire pas besoin de passer par la case studio, tant leur univers si riche se communique avec aisance sur scène (à bon entendeur, ne les ratez surtout pas s'ils passent près de chez vous !), mais l'effort réalisé ici demeure plus que louable, naturel et sincère, parfaitement recommandable.

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(1) https://www.youtube.com/watch?v=QWFxZWC3rPQ