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FOLK-ROCK SYMPHO-CELTIQUE  |  LIVE

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Alan STIVELL - Liberte - Roazhon (2024)
Par MARCO STIVELL le 12 Novembre 2024          Consultée 1113 fois

Attendu depuis février, annoncé pour mai, finalement repoussé jusqu'en novembre, il n'aura heureusement pas fallu davantage pour savourer ce nouveau disque live d'Alan STIVELL, là où certaines retrouvailles comparables mettent parfois plus d'une année. Comparables oui, mais pas égalables, tant l'artiste breton est unique en son genre et le restera. À 80 ans (nouveau palier atteint cette année 2024 même), malgré quelques détails à peine visibles pour le signifier, il est toujours aussi grand, en taille, en importance, en influence... Et ce dernier projet achevé, bien qu'inscrit dans un continuum que l'on espère encore long, ne peut démentir cela aucunement. En cet automne, au moins, la sortie tardive coïncide avec la même saison importante de l'année 1953, lors de laquelle le très jeune Alan Cochevelou donne son premier concert muni de son épouse musicale, sa harpe, 'la' harpe celtique nouvellement reconstituée par son père Georges/Jord, face à un public breton, comme lui exilé dans un Paris où, à neuf ans seulement, naturellement, il ne se reconnait déjà point.

Liberté - Roazhon, formulation énigmatique pour beaucoup sans doute, n'est en réalité (et poésie) que le nom du lieu de spectacles, le Liberté dans la grande ville de Rennes (en breton Roazhon), où pour deuxième concert après Paris et sa salle Pleyel, notre inestimable barde STIVELL concrétise une bonne partie de ce qui demeure son plus vieux rêve. Sa première cantate, pensée comme enrichissement personnel de la musique folklorique bretonne dès 1958, à l'âge de quatorze ans, est freinée cette même année par la seconde découverte la plus importante de sa vie, le rock'n'roll. Il faut attendre 1979 pour voir la première phase de 'présentation' mêlant ces influences et tout le savoir-faire engrangé depuis (sans parler de la popularité nationale, puis mondiale), avec le disque double de la Symphonie Celtique, puis le concert du Festival Interceltique à Lorient un an plus tard.

STIVELL, toutefois, n'est pas satisfait. Cette œuvre de maître ne sonne pas totalement comme il voudrait et pendant des décennies encore, il garde à l'esprit de la retravailler entièrement. Dès 2010, il y arrive mieux avec la rencontre d'un bassoniste français depuis longtemps établi à New York, Marc Feldman, devenu directeur de l'Orchestre National de Bretagne et qui tient à marier la sonorité du répertoire symphonique avec la couleur locale bretonne. Prenant toujours le temps, STIVELL écrit lui-même les arrangements (avec corrections éventuelles d'André Couasnon) et parvient à finaliser le tout 'grâce' à la période Covid. Les représentations ne pouvaient pas se faire avant que celle-ci ne s'achève en revanche, et le label de disques Verycords aide beaucoup pour permettre une diffusion de cet événement à ceux qui, comme pour le FIL 1980, n'ont pas eu la chance de s'y trouver. Encore une mention historique, spécialement personnelle, pleine de gratitude et de remerciement pour notre regretté collègue Le Kingbee et son envoi généreux à l'époque d'une affiche immense du concert d'Alan à la Salle Pleyel, bien présentée sur un grand mur à côté de celle, dans les mêmes proportions, de la sortie du dernier (?) album de TRI YANN, La Belle Enchantée.

Un beau parallèle pas-que-visuel, puisque si le célèbre groupe Nantais avait eu sa propre expérience live rock symphonique avec l'ONPL (Orchestre National des Pays-de-la-Loire), STIVELL n'aurait su faire moins bien avec l'ONB voisin, dirigé par le chef Johannes Le Pennec, ni, bien sûr, ses propres musiciens habituels. On retrouve Jessica Delot (violon électrique, entendue sur le brillant album Human~Kelt en 2018, dernier de STIVELL en date), Loïc Loew (basse et machines), Ronan Desprès (batterie et percussions), le guitariste Gaëtan Grandjean restant le plus ancien (déjà sur l'album Emerald en 2009 puis le live anniversaire des 40 ans à l'Olympia il y a dix ans). Il y a aussi un mini-bagad, sans tambours breton en revanche, complété par la présence de Brewen Favreau pour les cornemuse et flûte basse irlandaises (étoile nouvelle dans ce style en Bretagne), et contenant la participation, niveau bombarde, de Tangi Sicard, qui n'est autre que le fils de Youenn Sicard, occupant depuis bien avant lui (années 1960) cette place au sein du bagad Bleimor, et partenaire d'un certain Alan STIVELL, alors en plein développement à la cornemuse écossaise !

Ce concert contient deux temps forts dédiés au début et à la fin de la Symphonie Celtique de 79, remaniée donc, et que le grand barde espère un jour prochain présenter réécrite entièrement cette fois-ci. Si l'on voulait entendre des versions des plus puissants et beaux moments que sont "Divodañ", "Ar Bale" ainsi que tout le second 'cercle', il faudra attendre encore un peu. Ici, ce sont donc d'abord les débuts brumeux de "Beaj" puis "Hiraezh" ("Gwerz I"), les montées de contrebasses déjà marquées à l'époque et les arrangements qui s'entremêlent tandis qu'Alan psalmodie en algonquin/ojibwé avec sa voix un peu plus rauque désormais, une harpe celtique high-tech (dernier prototype pensé par l'artiste, créé en 2021) qui plane toujours, de splendides échanges avec la chanteuse Juliette Chevalier qui assurera grandement tous les langages désirés (du sanskrit au gaélique en passant par le breton)...

"Loc'h ar Goulenn" ramène la lumière comme sur disque et avec force, la harpe supplante le piano d'origine, l'orchestre grandit et les murmures sont transposés en poème extasié, d'une beauté pure. Si l'on a eu obligatoirement en tête les premiers arrangements connus, on peut toujours les préférer parfois de façon nette, en se disant néanmoins que ce live possède déjà une aura magique. Et ce n'est pas fini : avant 1979, il y a eu 1971-72 et l'album Renaissance de la Harpe Celtique, première incursion de STIVELL dans la 'grande musique'. Comble du bonheur, c'est bien "Ys" qui nous est présenté ensuite, en étant ramené à trois minutes de moins que la version de base, donc cinq en tout. STIVELL a rajouté quelques mots chantés sur la ballade avec violoncelle au milieu, sinon le reste est joliment fidèle, un moment d'orfèvre accompagné des bruits de mer. Puis, un peu à l'image du live E Dulenn (1975), viennent deux titres en solo, "Eibhlin" (qui ne quitte plus le répertoire du barde depuis Emerald, 2009) doucereux à souhait, tout comme le blues romantique 'harpégé' de "Tabhair Dom do Lámh"/"Rory Dall", rare extrait public de Harpes du Nouvel Âge (1985).

Ensuite, "A Hed an Nos", cantique de Noël (album Emerald également) est chanté en duo avec Juliette Chevalier avec cordes en tapis, sur le modèle toujours autant marquant de la version duo avec Andrea Corr (The CORRS) pour Human~Kelt en 2018. Puis le groupe rock s'installe enfin avec "Son ar Chistr", vieux 'tube' parmi les arrangements de STIVELL qui ont marqué leur époque dès 1970. Ne trahissant point son âge, celui-ci mène une version vigoureuse, symphonique mais aussi plus 'metal' que jamais, avec ces excellentes batterie assénée et basse en croches, sans parler des réponses de l'orchestre au chant, de la harpe qui remonte auprès de la guitare saturée. Puis vu qu'on parlait d'E Dulenn, s'enchaînent comme il se doit "Spered Hollvedel", merveilleuse gwerz devenue binaire plutôt que valsée, cortège rock mené par la bombarde, mais aussi le chant, la guitare, la harpe, les violons, les cornemuses à la fin etc, avec "Delivrance", amputé de son début textuel et commençant sur "...et nous, dont le nom connu des goélands et des cormorans fut si longtemps banni...", là aussi extasié (plutôt que guerrier), version très belle, orchestre en prime.

Petit saut pile vingt années plus tard en 1995, avec deux extraits de Brian Boru, y compris bien évidemment la chanson-titre dont Juliette Chevalier demeure absente en lead vocal quand bien même elle prouve ailleurs et plus d'une fois que son timbre grave remplace parfaitement Máire BREATNACH. Batterie inspirée, texte en gaélique et en français mêlé, intro pure harpe sur cordes, rien à redire, guère plus que pour "Cease Fire", un rien ralenti depuis l'époque mais illuminé par Brewen Favreau de même que les arrangements orchestraux. Et que dire alors de ce "Pop-Plinn" (retour en 1971-72), avec intro plus dantesque vu les réponses des cordes en descentes aux guitare électrique-orgue de toujours, à l'esprit James Bond insoupçonné dès que le rythme est vraiment lancé ? Un des must-have à écouter d'un concert déjà bien passionnant, qui ne dure qu'une heure et demie au total mais dont on se délecte comme si c'était plus que cela.

"Gouel Hollvedel", suite finale de la Symphonie Celtique, est le morceau de choix, avec ses intro et conclusion majestueuses, et tant d'autres idées entre, un sommet de grande musique celtique world et progressive. Cette marche limpide au début est géniale, idem pour le groove blues avec basse proéminente, la superbe mélodie nouvelle de Grandjean à la guitare qui amène les cornemuses dans le troisième mouvement, les cuivres presque swing et le violon électrique de Jessica Delot sur la partie jazz et son solo de flûte si proche de JETHRO TULL... Seul le final prend un peu de temps à prendre, chose qui arrive surtout lorsque Juliette Chevalier, un peu tardivement, reprend sa belle et bonne place aux côtés du barde pour de merveilleuses envolées-échanges en liesse.

Comme on n'a plus envie que ça s'arrête, il fallait bien un "Kimiad" pour suivre, et que dire sinon qu'ainsi fidèle et ornementée, cette version du chef-d'œuvre de 1973 (album Chemins de Terre) captive l'attention, fait pleuvoir les notes pures comme monter les larmes, les frissons ? L'heureusement inévitable "Tri Martolod" est lui-même offert dans l'un de ses plus beaux jours, avec cette petite accélération rock au milieu, l'intervention du quatuor choriste mixte de l'orchestre pour renforcer l'esprit d'aventure marine. On les retrouve pour un "Bro Gozh Ma Zadoù" qui dépasse toutes les autres versions de STIVELL, avec l'ensemble rock-symphonique qui s'unit en célébration magistrale, jusqu'à cette coda sans rythme, d'une grande générosité. C'est en toute logique que le public, déjà plus prononcé après "Kimiad", n'attend pas la fin pour se manifester de contentement ! Précieux, essentiel, ce live marque, par sa sortie, l'événement musical de l'année.

Pour compléter cette chronique aussi gourmande que le live est riche en émotions, il y a un DVD documentaire de 30 minutes réalisé par Damien Stein et à ne point manquer. Entre Tréguier (Côtes-d'Armor), sa cathédrale et son village médiéval, la Trinité-Sur-Mer/Carnac (Morbihan côtier, ses premiers souvenirs de la Bretagne durant l'enfance, les vacances d'été) et la maison d'Alan STIVELL où brûle un feu de cheminée, même avec une escale à Londres devant le Royal Albert Hall, on explore en profondeur ce qui était montré sur le DVD Parcours en 1998 (sorti en 2004). On marche dans les pas du barde qui commence en parlant de la mer, premier élément de la Bretagne, et finit pareillement, modestement, avec la pensée de ceux qui en vivent difficilement. Cette même mer qu'il aime rêveusement et qui conduit son jeu de harpe, souvent... Entre les deux, il croise un vieil ami de jeunesse, Claude Brian-Picard ; il laisse parler Dan AR BRAZ et marche aux côtés de Pascal LAMOUR, deux grands noms parmi les millions qu'il a su, de leurs dires, émouvoir un jour, influencer pour la vie... Il y a toutes ces photos inédites, du plus jeune âge jusqu'aux périodes récentes, dans l'intimité comme sur scène, voire tenant ces disques d'or aux côtés de Michel SARDOU et Johnny HALLYDAY (et le coup de la boîte à bandes d'enregistrement où le nom du King Elvis PRESLEY avait été rayé pour laisser place au sien !)... Tout cela sur fond musical bien sûr ("Kimiad" en voix-harpe magique dans la cathédrale de Tréguier, les fredonnements d'"Ar Voaerion"), de prises de vue superbes et souvent aux drones sur les maisons et paysages bretons.

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   MARCO STIVELL

 
  N/A



- Alan Stivell (chant, harpe celtique, bombarde, tin whistle)
- Gaëtan Grandjean (guitares, bouzouki)
- Loïc Loew (basse, machines électroniques)
- Ronan Desprès (batterie, percussions)
- Jessica Delot (violon électrique)
- Juliette Chevalier (chant, choeurs)
- Brewen Favreau (cornemuse irlandaise, whistles)
- Tangi Sicard (bombarde, whistles)
- Ange Moreau, Eric Quéméré (bombarde, whistles)
- Loïc Denis, Cédric Le Bozec (cornemuses écossaises)
- Aurélie Marchand, Barbara Moureaux (choeurs)
- David Postel, Lionel Bourgignon (choeurs)
- Johannes Le Pennec (chef d'orchestre)
- L'orchestre National De Bretagne


- cd 1
1. Symphonie Celtique N°2 – Beaj
2. Symphonie Celtique N°2 – Extraits Hiraezh & Beaj (
3. Symphonie Celtique N°2 – Loc'h
4. Ys
5. Eibhlin
6. Rory Dall (tabhair Dom Do Lámh)
7. A Hed An Nos
8. Son Ar Chistr – And Cheers

- cd 2
1. Spered Hollvedel
2. Délivrance
3. Cease Fire
4. Brian Boru
5. Pop-plinn
6. Symphonie Celtique N°2 – Gouel 1 (galv)
7. Symphonie Celtique N°2 – Gouel 2 (sonas)
8. Symphonie Celtique N°2 – Gouel 3 (dorn-ha-dorn)
9. Symphonie Celtique N°2 – Gouel 4 (an Disoc'h)
10. Symphonie Celtique N°2 – Gouel 5 (an Chathair Ghlé
11. Kimiad
12. Tri Martolod
13. Bro Gozh

1. Documentaire Par Damien Stein



             



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