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FLAMENCO  |  COMPILATION

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1981 Entre Dos Aguas
 

- Style + Membre : Al Di Meola , Di Meola, Mclaughlin, De Lucia

Paco DE LUCíA - Entre Dos Aguas (1981)
Par TEEMO le 16 Août 2014          Consultée 2878 fois

Vous ne pouvez passer à côté de Paco de Lucía si vous êtes un tant soit peu amateur de 6 cordes (et même de musique en général !). C'est impossible, inconcevable. Francisco Sánchez Gómez, de son vrai nom, est tout simplement LA référence flamenco. Sa notoriété doit beaucoup à ses collaborations avec des artistes proches du jazz fusion, tels que John McLaughlin (créateur du Mahavishnu Orchestra) et Al Di Meola avec qui il forme un célèbre trio. Mais c'est tout simplement par son ingéniosité, par sa virtuosité et grâce à ses capacités de composition qu'il grave son nom parmi les Grands, aux côtés de Bireli Lagrène, Larry Coryell, Pat Metheny, et bien d'autres. Nous ayant quitté le 25 février 2014, le guitariste laisse derrière lui un nombre conséquent d'albums, de concerts et de collaborations. Difficile de savoir par où commencer pour s’initier à la carrière du bonhomme... Mais pourquoi pas par cette compilation qu'est «Entre Dos Aguas » (sortie en 1981), histoire de se faire une idée du style ? Oui, une compilation, vous avez bien lu. Mais attention, ne pas confondre avec le LP du même nom sorti en 1975.

« Entre Dos Aguas » a cette capacité à vous dépayser en vous transportant au pays de la fête et de la danse, du soleil et de la cuisine à l'huile d'olive (1). Une ou deux guitares, parfois quelques percussions voire une basse (le somptueux « Monasterio del Sal » est à écouter rien que pour sa fretless !), quelques rythmes de claquettes et nous voilà de l'autre côté des Pyrénées. Nous avons là 14 morceaux composés depuis ses débuts en solo en 1967. L'écoute de cet album nous donne un excellent aperçu de ce qu'est le flamenco. Elle nous laisse penser que c'est une musique empruntant souvent un ton complaignant et tragique, une musique des tripes qui veut laisser passer un message (2). Elle se veut plus rarement réjouissante – citons l’incroyablement véloce « Panaderos Flamenco » et ses accents de musique classique – et sait aussi manier habilement l’ambiguïté. Mais une chose est sûre, elle laisse toujours place à la danse !

C'est le titre éponyme « Entre Dos Aguas » qui se charge d'ouvrir l'album et d'amorcer notre voyage. Ce morceau culte, dont l'introduction jouée à la basse est reconnaissable entre mille, laisse place à un thème tout aussi mythique. L'album réunit évidemment un certain nombre de classiques du guitariste tels que le très entraînant « Rio Ancho » ou « Zorongo Gitano », une chanson traditionnelle composée par le poète Federico García Lorca. L'interprétation en duo de « Zorongo Gitano » joue sur des variations de tempo ponctuées par de puissants accords joués à l'unisson. Majestueux.

N'oublions pas que les claquettes (plutôt appelées « zapateado ») font partie intégrante de la culture hispanique et le morceau « La Niña de Puerta Oscura » nous en sert généreusement. Une introduction détonante, suivie d’une sorte de duel guitares/claquettes, puis par une simple ritournelle encadrée d'un accompagnement presque intimidant. Les claquettes résonnent tel un cheval sauvage fougueux que l'on tenterait de dompter par quelques vives mélodies et une poignée d'accords plaqués vigoureusement. De toute beauté !
Tiré de l'album « Castro Marin », le titre « Convite » est une rumba dont les influences jazz sautent aux oreilles. Et pour cause, Paco y joue avec le fameux guitariste pilier de jazz-rock Larry Coryell. Un thème empruntant une fois de plus ce ton grave propre au style, un refrain plus rassurant partiellement joué en harmonique, et quelques improvisations jouées complètement « out », pour un résultat somptueux laissant croire à l'auditeur que les deux guitaristes jouent depuis des lustres !

Le seul regret concernant cet album, c’est qu'il ne présente que des morceaux instrumentaux. Car en effet, le flamenco est à l'origine une musique chantée, et qui plus est chantée avec une grande émotion. Si cela vous tente, écoutez des titres tels que « El Pano Moruno » tiré de l'album « Interpreta a Manuel de Falla » ou « Solo Quiero Caminar » tiré de l'album du même nom.

« Entre Dos Aguas » contient la quintessence des 15-20 premières années de la carrière solo de Paco de Lucía. Bien sûr il n'est pas toujours aisé d'ôter toutes connotations commerciales liées à une compilation. Mais ici chaque morceau illustre avec une grande justesse le génie du guitariste espagnol. Élégance, profondeur, complexité... autant de qualificatifs qui siéent à merveille à la musique de l'Andalou.


(1) Profitons-en pour conseiller ce film de Woody Allen qu'est « Vicky Cristina Barcelona » où le morceau « Entre Dos Aguas » participe à nous plonger au cœur de la capitale catalane.

(2) Pourquoi ne pas aussi jeter un œil à « Volver », ce chef-d’œuvre de Pedro Almodovar ? Rien que pour cette fameuse scène chargée d'émotion où Penelope Cruz interprète la chanson « Volver ».

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1. Entre Dos Aguas
2. Zorongo Gitano
3. Río Ancho
4. En La Caleta
5. Convite
6. Monasterio De Sal
7. Panaderos Flamencos
8. Punta Umbría
9. Chanela
10. La Niña De Puerta Oscura
11. Castro Marín
12. Gua'iras De Lucía
13. Mantilla De Feria
14. El Vito



             



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