Gruff Rhys encore, Gruff Rhys toujours.

Ce quatrième album vient confirmer – sans surprise - que le chanteur gallois est un thaumaturge à l'inventivité et à la créativité inépuisables.

C'est simple, la plupart des morceaux de ce disque ambitieux reposent sur une structure bien établie où un motif vocal ultra mélodique est sublimé par un enrobage instrumental pop d'une délicatesse infinie.
« 100 Unread Messages », petite perle démente obéit à cette logique de composition : une rythmique hallucinée en introduction, et sans plus attendre, cette phrase à la fois tragique et légère répétée inlassablement qui prend des allures de leitmotiv, « When you said that you loved me, I knew it wasn’t true...»
Toujours la même recette, toujours cette voix de velours si fragile capable de murmurer avec candeur des refrains somptueux et lancinants, ces samples rythmiques et ces synthés ludiques qui ne rassasient jamais.

Difficile de résister à autant d'élégance dans la simplicité, surtout que l'intensité ne baisse jamais.
Chaque arpège de piano, chaque accord de guitare semble avoir été pensé dix fois, cent fois, mille fois avant d'être joué et s'ils s'étiolent très vite comme des ornements précieux et éphémères dont on ne voudrait pas abuser de peur de trop vite s'en lasser, ils reviennent sans cesse taquiner la mémoire pour rappeler que derrière cette musique se cache un véritable travail d'orfèvre.

En effet, cet album est le paradigme de la pop moderne, celui que tout le monde doit écouter pour saisir et appréhender la profondeur d'une musique si éthérée et pourtant si complexe. Cela fait bien longtemps que Gruff Rhys sévit avec des albums qui brillent par leur essentialité. A chaque morceau, ce barbu lunaire à l'allure débonnaire et à la voix si particulière semble réinventer l'art du songwriting et toujours, le résultat sonne comme une évidence. Cette musique apaise les âmes et transfigure le chanteur en un magicien aussi formidable qu'inclassable.

Avec Hotel Shampoo en 2011, le bonhomme avait décidé de bâtir un hôtel uniquement constitué des échantillons de shampoings dérobés aux différents endroits où ces quinze dernière années en tournée l'avait mené.
Il faut le voir pour le croire. Sourire naïf, Gruff Rhys avec l'application de l'architecte compte et assemble pièce par pièce ces petites bouteilles de shampoings dont on ne demande qu'à humer l'odeur qu'elles émanent on qu'elles ont pu émaner.
Cette année, il est parti sur les traces d'un explorateur déterminé à dénicher chez les amérindiens d'une Amérique encore vierge des restes de racine galloise...

La musique de ce faiseur de miracle d'une douceur et d'une grâce inouïe raconte donc cette épopée atypique et initiatique, faite de rêves et de fantasmes.
Plus que la BO parfaite du meilleur des road-trips c'est également une ode à l'imagination et à la liberté.

Pas étonnant que la plus merveilleuse des chansons du disque porte son nom.