On connaît tous un « petit » groupe que l’on écoute depuis des années sans trop savoir pourquoi, qui n’a franchement rien de bien original et reste absolument inconnu de notre entourage proche, mais dont on ne louperait pour rien au monde la moindre sortie. Ainsi dans mon cas, il s’agit des Gallois d’HENRY’S FUNERAL SHOE, c’est ma valeur sûre. Un groupe qui ne s’est jamais pris la tête pour tenter d’aller tutoyer les étoiles du rock, vit sa vie comme ça, simplement en jouant cette musique qu’ils afectionnent, ce hard rock bien gras et bluesy qui remplit chaque fois d’un parterre de fidèles le Globe de Cardiff. La musique des frères Clifford est le genre de remède contre la flemme, la déprime, elle défoule, tout bonnement. On peut bien sûr lui faire quelques reproches, sa tendance à être trop « classique », cent fois entendue, en particulier en ce qui concerne Donkey Jacket … mais dans le feu de l’écoute, qui s’en souciera ?

Typiquement, Comfortable Skin est par la même un EP qui fait plaisir sans en faire des caisses. L‘énorme « Janice The Stripper Pt 1 » en est l’incarnation parfaite : Aled balance un riff tout con, Brennig martyrise ses cymbales comme un cinglé et voilà un bon gros rock qui décrassera même les articulations les plus rouillées. Les deux frangins nous tranchent le lard sans broder, on n’en demande pas plus. Davantage hard rock que blues-rock, à l’inverse des deux précédents disques, ils jouent néanmoins sur les mêmes terrains de chasse, aux côtés des ZZ TOP façon Rhythmeen au pas si lourd et d’un R.L. BURNSIDE dans ses moments les plus sauvages. HENRY’S FUNERAL SHOE diversifie malgré tout les exercices, se la jouant tantôt pachyderme sur la corpulente « Grown So Angry » tantôt locomotive sur la plus véloce « Overflow ». Le petit instant amour-ne-me-quitte-pas est remarquablement assurée par la touchante « Don’t Go Leaving », juste assez bien dosée dans un registre où le groupe n’excelle d’habitude pourtant pas, confer l’album précédent. Le duo revient enfin à la charge sur « Janice The Stripper Pt 2 », qui conclut l’EP dans l’entraînante folie douce de ce bougre de riff, soutenu par la présence inattendue de cuivres rencontrés sur le sentier.

Yep, Comfortable Skin fait du bien. Ce rock est musclé comme un buffle, comme si les BLACK KEYS s’étaient dopés à la Guinness, juste après des vacances dans la cambrousse du Mississippi. Désolé pour la comparaison, mais on ne trouvera pas mieux aujourd’hui. HENRY’S FUNERAL SHOE revient très fort après Donkey Jacket, décevant à plus d’un titre, même si encore une fois le manque d’originalité n’est compensé que par l’efficacité réelle de tous les morceaux. Un EP gonflé à bloc donc, un peu court, qui ravira toutes les oreilles amatrices d’un rock toujours détonant et réjouissant !

Note réelle : 3,5/5
À écouter : « Janice The Stripper Pt 1 » (et 2) et « Overflow »