Parmi les compilations à éviter, celles qui incluent The Essential dans leur nom font partie des premières à éviter d'office. Bien souvent, pour ne pas dire toujours, il s'agit de disques bâclés, contenant les meilleurs singles d'un artiste plus deux-trois chansons qui traînent à côté pour faire style. A ce jour, je n'ai d'ailleurs pas trouvé de compile The Essential qui vaille vraiment la peine qu'on s'y penche sérieusement. Pas même The Essential FRIPP & ENO.

Le super-duo a en effet été victime de l'attaque par compile d'une maison de disques qui croyait bien faire ou voulait se faire de l'argent facile. Sérieusement, comment envisager un seul instant qu'une compile de FRIPP et ENO puisse être intéressante, surtout au vu du nom ? Il faut savoir que les deux hommes n'ont sorti que deux albums, un qui vaut réellement le coup d'être écouté (Evening Star) et l'autre qui patine sévère ((No Pussyfooting)). A moins que la compile ne contienne des inédits récents (à l'époque de la sortie du disque), ce qui justifierait son existence. Certes, mais par conséquent, il eût été plus intelligent de trouver un nom moins mensonger, sans compter que si inédits il y a, ils sont assez spéciaux (j'y reviendrai).

Pour un oeil avisé, la simple lecture de la tracklist est suffisante pour jeter l'éponge. L'intégralité de (No Pussyfooting) ainsi que deux extraits de Evening Star sont présents. Dès lors, le malaise est plus que palpable : comment placer tout un album passablement difficile d'accès et ne pas faire grand-cas d'une référence d'ambient qui se paie le luxe d'être accessible ? Précisons que les extraits en question sont en réalité les deux premiers morceaux de Evening Star. Même pas d'extrait de "An Index of Metals", ne serait-ce que pour allécher l'auditeur. De facto, The Essential Fripp & Eno apparaît plus comme une réédition de (No Pussyfooting) augmentée de bonus qu'autre chose.

« Ouais, mais il y a les inédits, et là tu peux arrêter de râler ». Pourquoi pas ? Encore faut-il qu'ils soient vraiment exceptionnels et qu'on change le titre de la compile (oui, j'insiste dessus). Ces inédits, nommés "Healthy Colours", sont en vérité de nouveaux morceaux enregistrés dans les années 90. Le pire, cependant, c'est que les quatre morceaux sont en réalité quatre variations d'un seul et même titre. Voici ce que sont les "Healthy Colours", en lieu et place d'une magnifique suite de 20 minutes. De plus, ils sont relativement ratés : une ligne de basse innovante qui finit par tourner en rond, une guitare qui se radine et un beat aussi désert que Gobi.

Pourquoi donc The Essential Fripp & Eno existe-t-il ? Si encore il permettait de ramener des sous en capitalisant sur quelques morceaux vraiment importants, mais même pas. La présence d'un (No Pussyfooting) complet ne parvient pas à excuser un tel achat, tellement cet album est vain, et n'est pas foutu de clairement montrer la démarche artistique de Robert FRIPP et Brian ENO.

A éviter.