Après l’agacement, la résignation…

On le changera plus, c’est fini, FLYING LOTUS restera sans doute à jamais ce surdoué énervant qui n’en fait qu’à sa tête, capitalisant sur la recette éprouvée de son deuxième album Los Angeles. L’enfant perdu du Squarepusher d’Ultravisitor et du Amon Tobin d’Out from out Where frappe de nouveau en 2014 avec You’re Dead !, un opus dans la lignée de ses prédécesseurs. Ni plus, ni moins.

Les escapades hip-hop de Steven Ellison sous le pseudo de Captain Murphy ont quand même laissé quelques traces. You’re Dead est l’album le plus hip-hop depuis Los Angeles. Les meilleurs morceaux sont d’ailleurs ceux qui mettent à profit ce retour aux sources, avec des invités inattendus comme Kendrick Lamar et Snoop Dogg. Le premier intervient sur « Never Catch Me », un rap trépidant servi par une boucle de piano bien trouvée. L’espace d’un instant, FLYING LOTUS nous laisse entrevoir ce que ça donnerait s’il prenait la peine de développer ses idées géniales. Le titre suivant, « Dead Man’s Tetris », auquel participe Snoop Dogg, est tout aussi convainquant, dans un style plus électro.

A contrecourant des deux albums précédents, les invités ne sont pas superflus sur You’re Dead !. Hormis les rappeurs, on notera l’apport intéressant des sœurs Deradoorian, dont les voix célestes illuminent le disque. Le gospel de « Coronus the Terminator » est particulièrement savoureux dans le genre. Ajoutez à cela quelques références bien senties, par exemple le ping-pong synthétique sur « Ready err Not » qui rappelle furieusement les sonorités du « Popcorn » de Gershon Kingsley.

Hélas, hélas, FLYING LOTUS traine ses défauts avec la discrétion de la caravane du Tour de France. Chaque morceau est l’occasion d’un empilement stérile de samples… et c’est un fan de breakcore et des Beastie Boys que ça écœure, imaginez la dose ! Même l’amateur de free jazz le plus chevronné se perdra dans les collages faussement sophistiqués du producteur californien. Le tout porté par une ambiance onirique de pacotille… Après écoute intensive de cet album, il faut bien un mois pour se remettre à ne plus sursauter au moindre son de harpe ou de clochette.

Comme d’habitude, l’album regorge de trouvailles sonores merveilleuses. Comme d’habitude, elles sont noyées dans un brouhaha d’effets et de pistes. C’est généralement le moment où l’on commence à chantonner du Claude François, en désespoir de cause. Allez, pour finir sur un point positif, « The Boys Who Died in their Sleep » vient nous rappeler que le hip-hop est le véritable point fort de ce cinquième album studio, avec Steven Ellison lui-même au rap.

Moins désespérément cliché que son prédécesseur Until the Quiet Comes, You’re Dead! relancera l’intérêt de ceux qui suivent FLYING LOTUS avec un enthousiasme modéré. Il y a de bonnes petites choses à gratter sur ce disque globalement très moyen, pour peu que l’on s’arme de patience. A vous de voir…