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1986 Captive
 

- Membre : U2

The EDGE - Captive (1986)
Par AIGLE BLANC le 2 Février 2015          Consultée 1676 fois

AVERTISSEMENT : cette chronique de bande originale de film est également susceptible de contenir des révélations sur le film

Captive est un thriller réalisé en 1986 par PAUL MAYERSBERG, cinéaste anglais dont les films ont rencontré peu d'écho auprès de la presse comme du public. Son nom serait totalement tombé dans l'oubli s'il n'était pas l'auteur du scénario de deux films acclamés par la critique : le premier L'Homme Qui Venait d'Ailleurs réalisé par NICOLAS ROEG en 1976, film avant-gardiste de Science-Fiction fortement mâtiné de psychédélisme, le second Merry Christmas Mister Lawrence réalisé par Nagisa Hoshima et lauréat de la Palme d'Or à Cannes en 1982. Ces deux films au scénario original dépassent le cercle de la cinéphilie pour rejoindre celui de la culture Rock qui intéresse grandement l'équipe de Forces Parallèles et ses lecteurs. En effet, ils ont en commun d'avoir DAVID BOWIE pour interprète principal.

La musique de Captive est bien la seule trace un tant soit peu tangible qu'ait laissée le film oublié de PAUL MAYERSBERG. Elle est signée THE EDGE. Oui, vous avez bien lu, le célèbre guitariste irlandais dont la discrétion n'a d'égale que la renommée internationale de U2. Par ailleurs, Captive demeurant à ce jour son unique incursion dans le 7°art, cette BO pourrait presque accéder au titre de pièce de collection.

Etant donné le statut de quasi "guitar hero" dont jouit THE EDGE, il est fort aisé d'attendre de Captive un score tout entier dédié à la guitare électrique. Et pourtant, cela serait une erreur. Non que la guitare en soit absente, au contraire l'artiste n'a rien perdu de son doigté magique, mais ici la guitare (électrique ou acoustique) est traitée à égalité avec les autres instruments, sans que les compositions du Maître ne la mettent outre mesure en avant. Il ne faut donc pas vous attendre à de sublimes solos censés démontrer son génie. Là n'est pas du tout l'esprit de l'artiste qui préfère oeuvrer encore une fois dans une relative sobriété, peaufinant des compositions délicates dont il soigne chaque élément jusque et y compris dans la finesse de l'enregistrement. Loin de la scène et des exigences de son public, il en profite pour explorer d'autres territoires, pas forcément les plus attendus. C'est ainsi que la Pop ne s'y contente que d'une ou deux apparitions, dont une magnifique, s'effaçant le reste du temps au profit de climats abstraits trempés dans les nappes synthétiques de l'Ambient avec quelques réminiscences aussi bien de STEVE ROACH que de VANGELIS. Ces pièces musicales s'apparentent à de jolies miniatures qu'il fait bon de déguster lové au creux de son fauteuil préféré lorsque dehors, comme ce soir, les gouttes de pluie s'accrochent aux vitres en essayant de brouiller le moral.

Les artistes invités par THE EDGE donnent une idée de son éclectisme. MICHAEL BROOK, guitariste canadien ayant travaillé avec BRIAN ENO, évolue dans la sphère ambient depuis son excellent premier album, le très dark Hybrid (1985). Il semblerait qu'il se soit chargé ici d'une partie des instruments, je suppose principalement les synthés. Il est crédité aussi à la composition du titre "Djinn", les neuf autres étant signés THE EDGE. Quant à SINEAD O'CONNOR, la compatriote de THE EDGE, sa présence surprend moins, même si je crois utile de préciser que l'unique chanson du film, "Heroine", dont elle signe aussi les paroles, précède d'un an la sortie de The Lion & The Cobra, son premier album sorti en 1987. C'est donc une chanteuse encore inconnue du grand public qui livre ici sa première performance sur disque, en tout point remarquable.

Captive séduira tous ceux qui affectionnent les atmosphère intimistes, mystérieuses et oniriques. "Hiro'sTheme" évoque avec beaucoup de finesse l'âme japonaise. Une ligne claire de synthé traverse ce titre sensuel dont la mélodie, douce et feutrée, est ponctuée de sons cristallins qui décuplent son humeur méditative. A l'arrière-plan, que magnifie une prise de son tout en subtile profondeur, des bâtons de bambou s'entrechoquent sporadiquement. Cette belle composition retrouve par sa sensibilité asiatique la magie d'une certaine Tao Of Love, autre pièce célèbre de VANGELIS qui figure dans son opus de 1979 : China.
Dans le délicat "Drift", THE EDGE déploie les arpèges gracieux de sa guitare dont les échos s'envolent dans les sphères du bien-être. "The Dream Theme" par la profondeur de ses nappes électroniques, et le sobre recueillement auquel il invite, n'est pas sans évoquer les ambiances éthérées de Steve Roach, c'est donc une composition très étonnante de la part de THE EDGE.
"Djinn", seule pièce signée MICHAEL BROOK, tisse une sombre menace dans une atmosphère flottante, sur un lit de percussions tribales. Une Dark Ambient envoûtante.

C'est dans la première moitié de l'album que le grand public trouvera plus facilement son bonheur. "One Foot In Heaven" est de loin la piste la plus rythmée. Une boîte à rythme syncopée, que démultiplient les sonorités percussives de plusieurs synthés mixés avec un effet de décalage volontaire, imprime un souffle saccadé à ce titre idéal pour accompagner une scène d'action ou de suspens. Flottant au-dessus des percussions, la guitare "infinite" de MICHAEL BROOK étire des arabesques circonvolutives. Le fan d'ALAN PARSON PROJECT devrait se sentir en terrain familier.
"The Strange Party" se veut dans la continuité du titre précédent en mettant l'accent encore une fois sur les percussions électroniques. La composition prend le temps d'exposer chaque mouvement. L'entrée en matière est d'abord à peine troublée par le grincement épidermique de percussions frottées dont la force de frappe va crescendo. Transperçant soudain ce mur du son haletant, THE EDGE crache avec sa guitare un accord répété surpuissant. Enfin une litanie de voix synchronisée avec chaque attaque de la guitare colore l'ensemble d'une touche vaguement Soul pour un résultat efficace.

Terminons cette chronique par le meilleur de Captive. Les deux premiers titres dominent largement les autres par la magie de leur interprétation et de leur écriture. "Rowena's Theme", qui ouvre l'album, offre à l'auditeur la soie bleutée de sa mélodie lunaire. Tout commence par les doux arpèges d'une guitare cristalline à peine troublés par le jeu subtil d'un bottleneck. Un cor français soulignant la séquence guitaristique ainsi amorcée lui offre un contrepoint mélancolique, avant que n'entre en scène à son tour la ligne mélodique épurée d'un piano réverbéré prenant à sa charge le chant principal. Et, pour parachever ce magnifique crescendo, un synthé dont l'écho éclabousse soudainement l'arrière-plan sonore, et doublant le thème pianistique, en décuple magiquement la beauté. Je connais peu de pièces instrumentales aussi parfaites. Non que la mélodie soit exceptionnelle, mais l'agencement progressif de chaque instrument couplé à la finesse de leur exécution concourt à la réussite d'un titre qui eût pu paraître, sans cela, anecdotique.
Après une composition d'une aussi rare beauté, il est difficile de s'attendre à une autre réussite de ce calibre. C'est pourtant le cadeau que nous réserve THE EDGE avec "Heroine", l'unique chanson Pop du disque, interprétée avec une sensibilité et un enthousiasme communicatifs par SINEAD O'CONNOR dont la voix magnifique offre déjà de bien beaux écrins. "Heroine" entre d'emblée dans le cercle étroit des plus belles chansons de Dream Pop dont le chef de file en 1986 était COCTEAU TWINS. Le seul artiste à avoir réussi à concurrencer le groupe écossais sur son propre terrain est bien THE EDGE. Bien que fan de COCTEAU TWINS devant l'éternel, je dois m'incliner devant le tube imparable qu'a pondu ici THE EDGE. De la Dream Pop, il ne manque pas un seul arpège. La mélodie que soutient avec panache une batterie exaltée parvient toujours à m'arracher un sourire béat. Et le chant délivre des notes de cristal qui conduisent tout droit au pays des contes de fée.

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   AIGLE BLANC

 
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- The Edge (guitare acoustique et électrique, claviers)
- Michael Brook (guitare 'infinite', claviers)
- Larry Mullen (batterie dans 'heroine')
- Lesley Bishop (cor français dans 'rowena's theme')


1. Rowena's Theme
2. Heroine
3. One Foot In Heaven
4. The Strange Party
5. Hiro's Theme
6. Drift
7. The Dream Theme
8. Djinn
9. Island
10. Hiro's Theme (reprise)



             



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