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DREAM-POP  |  STUDIO

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- Style : Love Spirals Downwards
- Style + Membre : Robin Guthrie & Harold Budd

COCTEAU TWINS - Victorialand (1986)
Par AIGLE BLANC le 5 Septembre 2014          Consultée 4363 fois

Treasure, 3ème album des COCTEAU TWINS, est communément considéré comme leur meilleur. S'il représente à n'en point douter le moment culminant où le groupe trouve enfin son identité musicale, l'équilibre parfait entre sa veine new-wave, ses velléités pop et les ambiances éthérées qu'affectionnent tant Robin Guthrie et Elizabeth Fraser, style novateur auquel on accola le terme "Dream Pop", il n'est pas interdit d'estimer Victorialand, son successeur, comme l'acmé de son oeuvre.
Le trio, pour un court instant, redevient un duo, suite au départ momentané du bassiste Simon Raymonde (qui réapparaîtra dès Blue Bell knoll en 1988). Les accents pop de Treasure quasiment évacués au profit des seules ambiances éthérées, Victorialand peut s'enorgueillir d'être l'instigateur involontaire d'un nouveau style musical, l'Heavenly Voices, caractérisé par un chant féminin aux accents célestes sur lequel se glisse un tissage électronica qui fera la gloire d'ENYA.

En 1986, l'amour qui unit à la ville Robin Guthrie et Elizabeth Fraser imprègne chaque molécule de l'album que l'on peut sans risque d'erreur accueillir comme la sérénade que se joueraient deux amants, Liz par le chant et Robin par la guitare électrique.
Depuis ses débuts marqués par la new-wave (entre SIMPLE MINDS et THE CURE), l'organe vocal de la timide chanteuse, libéré de sa chrysalide, tutoie les anges au travers de son soprano au lyrisme feutré. C'est bien simple : la chanteuse ne dépassera plus jamais ce cap. Victorialand est la révélation d'un chant éthéré étourdissant de beauté. La voix en suspension s'élève à des hauteurs oniriques insoupçonnées, vrille, virevolte, plane, totalement hantée et transie d'amour. Inutile de chercher à comprendre les paroles : Liz Fraser retrouve la magie du langage antérieur à la formation des mots, celui du babil dont elle livre une variante malicieuse. Cette particularité que la chanteuse écossaise partage avec la grande Lisa Gerrard de DEAD CAN DANCE (autre groupe mythique de l'écurie 4AD), contribue fortement à la poésie naïve que dispense Victorialand.

Mais l'album ne serait pas ce qu'il est sans Robin Guthrie aux manettes du studio d'enregistrement. Brian ENO dont sont redevables tant de musiciens d'avant-garde comme Robert Fripp, Harold BUDD ou David BOWIE (excusez du peu) doit repartir bredouille après avoir exprimé son envie de produire le nouvel album de COCTEAU TWINS. En effet, Robin Guthrie décline crânement l'offre d'ENO. Ego démesuré ? Peut-être. Toujours est-il que le guitariste sait quelle palette sonore rendra justice à Victorialand. Et, au vu du résultat, force est d'admettre qu'il a les moyens de son arrogance (Vous rendez-vous compte : refuser la patte du grand maître Brian Peter George St. John le Baptiste de la Salle, l'artiste qui a produit TALKING HEADS, U2, Daniel LANOIS, le père de l'ambient music !). Il suffit de jeter ses deux oreilles sur la galette chroniquée en ces lignes pour mesurer la pertinence du mixage baignant les arpèges de sa guitare, le tabla, le mellotron et le chant éthérée de sa dulcinée dans un océan de brume à la réverbération étourdissante. L'amplitude sonore, en dépit de l'économie des moyens (très peu d'instruments, c'est à peine si l'on remarque l'absence totale de batterie) reste confondante.

Les titres s'enchaînent dans une harmonie divine, tous exceptionnellement habités avec, toutefois, quelques pics : l'aérien "Throughout The Dark Months of April And May" où les sombres arpèges de la guitare font des merveilles tandis que la voix semble celle d'une Banshee locale ; le délicieux "Little Spacey" où la mélodie sautillante nous entraîne dans un conte merveilleux. Et que dire du sublime "How To Bring a Blush To The Snow" où la poésie des cordes grattées jusqu'à l'obsession trouve son épanouissement dans le chant hanté de Liz dont la voix dédoublée se perd dans le blizzard. Le décoiffant "Fluffy Tuffs" délivre aussi le sommet d'étrangeté de l'album. C'est bien simple, rien n'est à jeter : Victorialand réussit l'exploit d'enchaîner des titres aussi sublimes les uns que les autres. Robin Guthrie, parfaitement conscient, comme à chaque album, du titre idéal de clôture, réserve le meilleur pour la fin. Avez-vous déjà entendu un titre comme "The Thinner The Air ?" Moi jamais. Cet album parfait se referme sur une composition repoussant les limites de l'extase comme si l'hyperbole s'était trouvée une concurrente. Vous en doutez ? Essayez, vous comprendrez.
En 1986, quel autre groupe pouvait se targuer de sonner comme COCTEAU TWINS ?

Victorialand est un nectar de pop abstraite dont on aurait élagué le superflu : liqueur de brume comme la bruyère enténébrée d'Ecosse, pays natal de Robin et d'Elizabeth.

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   AIGLE BLANC

 
  N/A



- Robin Guthrie (guitares acoustique et électrique)
- Elizabeth Fraser (chant)
- Richard Thomas (saxophone,tabla)


1. Lazy Calm
2. Fluffy Tufts
3. Throughhout The Dark Months Of April And May
4. Whales Tails
5. Oomingmak
6. Little Spacey
7. Feet-like Fins
8. How To Bring A Blush To The Snow
9. The Thinner The Air



             



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