Voilà maintenant 3 ans que le caractériel Rob Swire joue avec les nerfs des fans de PENDULUM, entre abandon pur et simple du groupe 2 ans après la sortie d’Immersion, puis promesse d’un nouvel album en 2014, annonce de concerts qui n’ont encore jamais eu lieu et enfin aveu de démotivation totale quant à recomposer de la Drum & Bass… Au vu des affirmations récentes de son leader, il semble qu’à ce jour PENDULUM soit de l’histoire ancienne. Et si Swire s’est montré ambigu quant à ses ambitions concernant son projet originel, il rabâche sans lassitude depuis 2011 son intérêt exponentiel pour KNIFE PARTY, projet annexe crée avec Gareth McGrillen, second principal rouage du pendule.

Le temps s’arrête donc, mais ce n’est que pour faire durer la fête plus longtemps… Une fête à 50000 amis, avec du gros son, des lumières épileptogènes. Une fête aux odeurs de sueurs, au gout de baiser langoureux. KNIFE PARTY a la chance d’avoir connu le succès dès son premier méfait : « Internet Friends » présent sur l’EP 100% No Modern Talking. Pas de drum & bass ici, plutôt une dubstep survitaminée étonnante. On aime ou on n’aime pas…

Après 3 EP (100% No Modern Talking, Rage Valley et Haunted House) et quelques prestations live, KNIFE PARTY décide de sortir son premier LP avec Abandon Ship, à la pochette sobre affichant une nouvelle déclinaison du logo du groupe (il a un nom ce truc ?).

Trois singles ont fait la promotion du disque et en annoncent bien la couleur. « Resistance » déroule une dubstep très efficace mais peu mémorable, tandis que « Boss Mode » montre un visage plus trap carrément indigeste, voire irritant par moments. Quant à « Begin Again », il lorgne vers une électro house proche d’un DAFT PUNK orienté dance. Bien que peu original, le titre s’avère très entraînant.

Abandon Ship est à l’image de ses singles : la qualité y est fluctuante mais il propose une grande variété. Les non-allergiques à la musique électronique commerciale trouveront forcément leur bonheur dans les 12 morceaux présentés. On passe de l’électro-pop truffée de samples (« EDM Trend Machine ») à la quasi minimal-house ambiancée (« D.I.M.H. ») en passant par de la dubstep plus traditionnelle (« Give It Up »).

Bon point, Swire et McGrillen montrent leur humour sur ce disque. « Internet Friends » avait également marqué par ses voix enregistrées amusantes (« you blocked me on facebook, and now you’re going to die »). Ici, on constate que le duo garde à l’esprit un certain second degré au travers de certaines compositions comme la buggée « 404 » avec ses samples informatiques s’intercalant subitement entre les différentes séquences. « Superstar » est également clairement une parodie de la musique commerciale moderne. On citera aussi le brutal et douteux « Micropenis », lui pour le coup on-ne-peut-plus premier degré.

Sans être désagréable, l’album est loin d’être incontournable. La séduisante « Begin Again », le très joli final « Kaleidoscope » et quelques passages ici et là ont su retenir mon attention. Malgré un résultat quelque peu indigeste, « Give It Up » possède une dynamique plaisante et une séquence très drum & bass rappelant (vaguement) le bon vieux temps. Les quelques drôleries sont sympathiques mais ça n’a jamais suffi pour faire de bons morceaux. De plus certaines idées en restent au stade de l’effleurement (« Red Dawn » et son côté oriental déjà entendu mille fois…).

Je ne sais pas si la comparaison a du sens, mais le fan de PENDULUM ne peut qu’être déçu. Les australiens ne mêlent désormais plus guitares, batterie et ordinateur, chose qu’ils savaient si bien faire lorsqu’ils en avaient encore l’envie. Abandon Ship ne possède pas de titres de la trempe de « The Tempest » ou « Propane Nightmares ». On doit se contenter du peu qu’on a : un disque éclectique et puissant, mineur mais sincère.