Recherche avancée       Liste groupes



      
DOOM ATMOSPHéRIQUE  |  STUDIO

Commentaires (4)
Questions / Réponses (1 / 6)
L' auteur
Acheter Cet Album
 


ALBUMS STUDIO

1995 Mandylion
1997 Nighttime Birds
1998 How To Measure A Planet?
2000 If-Then-Else
2006 Home

VHS/DVD/BLURAYS

1997 In Motion (Dvd)
 

1992 Always...
1993 Almost A Dance
1995 Mandylion
1997 Nighttime Birds
1998 How To Measure A Plan...
2000 If_then_else
  Superheat
2002 In Motion
2003 Souvenirs
2004 Sleepy Buildings – A Sem...
2006 Home
2009 The West Pole
2012 Disclosure
2013 Afterwords
2016 Tg25: Live At Doornroosj...
 

- Membre : Agua De Annique, Anneke Van Giersbergen , The Gentle Storm , Vuur, Daniel Cavanagh

The GATHERING - Mandylion (1995)
Par AIGLE BLANC le 26 Février 2015          Consultée 3989 fois

La carrière du groupe néerlandais THE GATHERING offre un parcours plutôt atypique. Ses deux premiers albums Always (1992) et Almost a Dance (1994) s'inscrivaient dans le courant du Death/Doom Metal comme tant d'autres groupes avant eux : CANDLEMASS, DEATH, MORBID ANGEL ou PARADISE LOST. Force est de constater que la jeune formation n'y livrait guère d'éléments originaux. Sans être descendus en flèche par la critique métal de l'époque, ces deux premières oeuvres essuyèrent un ennui poli. Manquait une ligne directrice claire : Always optait pour un chant de grunt masculin que contrebalançaient les interventions lyriques d'un chant féminin. Tandis qu'Almost a Dance choisissait la carte plus traditionnelle d'un chant clair. Le fait que le duo de chanteurs homme/femme fût différent dans les deux albums n'aidait pas à donner l'image d'un groupe sûr de lui. Visiblement, THE GATHERING semblait promu à une carrière avortée.

Quand paraît en 1995 leur troisième opus, la presse se voit prise à revers. Comment aurait-elle pu deviner que ce groupe anecdotique engendrerait un classique instantané du Doom/Gothic/Heavy Metal? C'est un fossé en effet qui sépare Almost a Dance de Mandylion. Que dis-je ? Un abîme. La musique du groupe y négocie un virage à 180 degrés.
Il est juste de rappeler cependant que Mandylion eut un précurseur, oh seulement de quelques mois si ma mémoire est bonne : j'ai nommé le superbe Draconian Times du groupe britannique PARADISE LOST qui venait de produire une forte impression en livrant un mélange de Gothic/Heavy Metal avec la présence décomplexée de claviers brodant de superbes atours classiques. Seulement, Draconian Times restait branché sur un chant masculin tandis que THE GATHERING envoie au micro et sur le devant de la scène la chanteuse Anneke Van Giersbergen alors inconnue. La démarche était encore minoritaire, les groupes métal à chant féminin NIGHTWISH et WITHIN TEMPTATION n'existant pas encore. En revanche, la féminisation du Gothic Metal avait commencé avec la formation norvégienne de Doom atmosphérique THE THIRD AND THE MORTAL qui avait trois ans plus tôt misé sur le chant éthéré de la soprano Kari Rueslåtten.
Peu importe finalement qui est le vrai créateur de la formule Doom atmosphérique/chant féminin, THE GATHERING reste celui qui a poussé ce style naissant à un degré de perfection inégalé. L'arrivée au sein de la formation de la belle Anneke Van Giersbergen n'est sans doute pas étrangère à une si spectaculaire métamorphose. Tous les musiciens, et en particulier René Rutten à la guitare électrique et Frank Boeijen aux claviers, s'en trouvent transcendés. Un peu comme si le vilain petit canard venait d'apprendre qu'il était en fait un magnifique cygne.
Je tiens d'abord à lever un possible malentendu. Anneke ne saurait être comparée à Tarja Turunen et Sharon den Adel, respectivement chanteuses de Nightwish et de Within Temptation, qui officient pourtant dans le même style. Ses consoeurs bénéficient d'un organe vocal charmeur dont elles abusent sans grande originalité pour lui conférer l'allure d'un chant opératique tout juste bon à éblouir les ados gothiques. C'est un peu la fable de la grenouille qui voulait se faire plus grosse que le boeuf. Leur chant au-delà de l'esbrouffe ne s'appuie pas sur une grande technique. Si elles éblouissent, c'est à peu de frais. Anneke quant à elle ne joue jamais la carte d'une séduction facile et loin de viser les vocalises d'une diva, elle fait preuve d'une sobriété sans faille. Si son timbre vocal n'offre rien d'exceptionnel, ce qui impressionne en revanche, c'est l'autorité affirmée de son chant. Elle sait moduler sa voix à bon escient et possède une technique du souffle qui en fait la plus grande chanteuse de la scène Métal, sans jamais avoir besoin de forcer son talent. Du grand art.

La grande réussite de Mandylion, c'est avant tout la production ab-so-lu-ment dantesque de Siggi Bemm et de Waldemar Sorychta. Les guitares de René Rutten et de Jelmer Wiersma réussissent l'exploit de sonner abrasives sans rien perdre de leur clarté. Elles peuvent trancher l'espace sonore avec fermeté comme dans "Strange Machines" ou décoller en un solo planant proche du rock progressif comme dans la seconde partie épatante du quasi instrumental "Sand and Mercury". Tandis que la voix d'Anneke se moule formidablement dans ce maelström sans être ni étouffée ni artificiellement gonflée pour dominer l'ensemble. De quelque côté qu'on se tourne, c'est la puissance et l'équilibre qui coexistent.

L'autre atout de l'album, c'est sa seconde partie qui, après cinq titres d'une densité exceptionnelle mais un peu trop uniformes, amène une cassure bienvenue. Deux compositions à très forte dominante instrumentale instaurent un rythme beaucoup plus lent et un climat plus contemplatif. Le titre éponyme déploie même une ambiance orientalisante où THE GATHERING exprime son admiration pour DEAD CAN DANCE. On y apprécie des percussions ethniques similaires à celles de Peter Ulrich, le batteur caractéristique de DCD, un hommage peut-être un poil trop appuyé. "Mandylion", bien qu'excellemment exécuté et conçu, peine à dépasser le stade du pastiche. Du moins doit-on reconnaître la sincérité indéniable de l'hommage.
Le titre suivant "Sand and Mercury" est une magnifique pièce aux 3/4 instrumentale où dialoguent les accords pesants de la guitare électrique et les arpèges néo classiques du piano. La composition flirte avec la structure emblématique des suites progressives. On y reconnait plusieurs parties enchaînées par des cassures brutales. Au dialogue guitare-piano initial s'adjoignent des choeurs synthétiques qui convoquent le souvenir de POPOL VUH avant que les instruments ne se taisent brutalement pour livrer passage à un segment climatique plus abstrait qui sert de pont, un peu à la manière de la partie centrale de Close To The Edge, avec le troisième et dernier mouvement. La guitare s'y fait alors cristalline et Anneke y distille une incantation envoûtante. Enfin, le solo final de guitare, de toute beauté, dégage une émotion semblable aux envolées lyriques de David Gilmour. Ces deux titres permettent à l'album de respirer tout en évitant une trop forte impression d'uniformité.

La première partie de l'opus renferme bien sûr les compositions les plus énergiques et les plus chaleureusement accueillies. De "Strange Machines" à "Fear The Sea", c'est à une succession de pièces grandioses que nous convie THE GATHERING. Des accords de guitare bouillants comme une enclume, les envolées oniriques des claviers, les riffs nerveux assénés à bon escient sans oublier les calvacades acérées de la batterie, tout se combine en un écrin idéal pour le chant puissant et mélodieux d'Anneke qui convoque ombre et lumière, chaud et froid, retenue et explosions lyriques.
Pourtant, malgré les éloges habituels de la presse spécialisée, Mandylion n'est pas encore le chef-d'oeuvre du groupe. Si l'enrobage sonore est vecteur d'une fascination légitime, il ne saurait masquer les limites de ce qui sonne parfois comme un brillant exercice de style. Et c'est au niveau des compos que des faiblesses demeurent. Le groupe gère maladroitement la durée de ses titres. Une pièce aussi puissante et belle que "In Motion #1" souffre de longueur quand le groupe arrivé à une impasse relance le rythme artificiellement en ne proposant rien d'autre qu'un retour de certains fragments déjà entendus. Ce défaut réitéré crée le sentiment désagréable que les morceaux ne savent pas bien comment se terminer. C'est le grief principal, et néanmoins mineur, que j'adresse à cette oeuvre généreuse et inspirée. Le groupe fera mieux deux ans plus tard avec le poétique et envoûtant Nighttime Bird.

Note affinée : 3.5/5

A lire aussi en METAL par AIGLE BLANC :


The GATHERING
Nighttime Birds (1997)
Quand Metal se conjugue avec Poésie




The GATHERING
How To Measure A Planet? (1998)
The gathering vise l'infini : un space rock


Marquez et partagez





 
   AIGLE BLANC

 
  N/A



- Anneke Van Giersbergen (textes et chant)
- Rene Rutten (guitares, flûte)
- Hans Rutten (batterie)
- Jelmer Wiersma (guitare)
- Frank Boeijen (synthétiseur)
- Hugo Prinsen Geerligs (guitare basse)


1. Strange Machines
2. Eleanor
3. In Motion#1
4. Leaves
5. Fear The Sea
6. Mandylion
7. Sand And Mercury
8. In Motion#2



             



1999 - 2024 © Nightfall.fr V5.0_Slider - Comment Soutenir Nightfall ? - Nous contacter - Webdesign : Inox Prod