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KRAUTROCK/NéO-FOLK  |  STUDIO

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1974 Golem

SAND - Golem (1974)
Par WALTERSMOKE le 26 Avril 2015          Consultée 1572 fois

Un soir, dans une rue déserte de Berlin, un jeune homme marche. Chemise à carreaux, pantalon bardé de poches, sacoche en bandoulière et casque vissé aux oreilles, il cherche un magasin de musique underground spécialisé dans le krautrock et affiliés. Tandis qu'il marche au rythme de Faust (J'AI MAL AUX DENTS, J'AI MAL AUX PIEDS AUSSI), son chemin croise celui d'un homme étrange, planqué dans la pénombre, et emmitouflé dans un manteau trop grand pour lui. Il interpelle le jeune homme, qui se trouve un peu surpris.
« Hé là ! Tu cherches du krautrock, hein ?
- Euh, bonsoir monsieur... oui, c'est ça, pourquoi ?
- Alors j'ai là une affaire en or qui devrait t'intéresser. Golem, de SAND, ça te dit quelque chose ?
- Pas du tout.
- J'en étais sûr. »

L'étranger sort alors de son manteau sa b... un vinyle poussiéreux, et le tend au jeune homme.

« Pour 50 €, tu peux avoir cette œuvre oubliée de tant de gens. Golem, ça c'est de l'underground dark !
- C'est du krautrock ?
- Ouep, et même qu'il a quand même eu de l'influence, puisque David Tibet le cherche.
- David qui ?
- Le mec de Current 93. Ça te dit rien ? Bon... et Klaus Schulze, ça te dit quelque chose ? Parce qu'il a été ingé son sur Golem et...
- Vous avez dit combien ?
- 60 €
- Vendu. »


Concrètement, voilà le genre de scène que j'aurais pu réellement vivre à la fin des années 80, si j'y existais déjà, et même de nos jours si Golem était resté aussi underground. Sauf que SAND a été redécouvert par David Tibet, qui a appris son existence et l'a cherché, avant de le rééditer en 1996, lui conférant ainsi une visibilité plus nette. D'ailleurs, il paraît que Current 93 doit pas mal à l’œuvre de ce groupe allemand.

Mais donc, SAND, késaco ? Fondé en 1973, il s'agit d'un trio berlinois, composé des frères Papenberg et de Johannes Vester. Issus du groupe P.O.T., qui avait commencé à faire son petit trou, ces trois musiciens ont monté un projet entre krautrock et musique électronique, avec un côté sombre par-dessus le marché. Profitant de l'aide de Klaus Schulze au son, SAND expérimente un nouveau type de stéréo, censé déstabiliser l'auditeur, ou du moins le plonger entièrement dans la musique. Ce sera à moitié raté, mais suffisant pour donner un intérêt supplémentaire à Golem, le seul album studio (techniquement parlant) du groupe, sorti en 1974. D'ailleurs, d'autres auraient dû suivre, mais ne sont sortis que plus tard, sans doute parce que zéro oseille dans les années 70.

Golem est un album atypique à plus d'un titre. En plus de n'arborer aucune percussion (sauf sur On the Corner), SAND joue une musique plutôt minimaliste, axé sur le VCS 3, l'orgue et la guitare. Déjà, pour l'époque, les standards d'expérimentations sont plutôt respectés même si l'on entre déjà dans l'âge d'or de la Berlin School, par exemple. Mais surtout, SAND embarque l'auditeur dans un voyage sombre, dérangé et dérangeant, où étouffer et manquer d'air sont la norme. Tout au long de ses 5 morceaux, Golem saisit à la gorge, impose une implacable noirceur qui donne des sueurs froides. Et inévitablement, ça, plus l'instrumentation minimale et le « chant » vénéneux, poussent à se demander si... le néo-folk n'est pas né ce jour-là. Hé oui, rien que ça ! Mais après tout, Ash Ra Tempel faisait bien du post-rock avant l'heure avec son album sans nom, alors pourquoi pas SAND et le néo-folk ?

Et en tant qu'album en lui-même, que vaut Golem ? Réponse : il est pas mal. Pour être plus méchant, je dirais même que seuls les premier et dernier morceaux méritent le détour. Il est vrai que l'intérêt de ceux-là est vraiment plus grand. "Helicopter" est un grand moment qui vaut le détour, que ce soit pour son synthé imitant (avec plus ou moins de succès) la machine du même nom, ou la guitare fantomatique. Le morceau s'étale de toutes ses forces sur presque un quart d'heure, tandis que Vester déploie un texte de manière quelque peu désabusée. "Sarah" joue pour sa part sur un motif musical lancinant et des chœurs glaçants, avant de passer à une sorte de folk dark pas piquée des hannetons.

Ces deux morceaux-là suffisent à attirer l'attention sur Golem, mais il ne faudrait pas pour autant snober les trois qui figurent entre eux. Ils sont certes moins imposants, mais ne sont pas moins réussis pour autant. Concédons certes que "On the Corner" casse un peu l'ambiance générale avec des percussions et un chant à la limite du supportable, mais en tant que tel, il passe comme une lettre à la poste. On peut toutefois maugréer au sujet de "Old Loggerhead", qui donne l'impression d'avoir été coupé sauvagement en fin de piste.

Golem est l'exemple typique du one-shot qu'il fait bon de découvrir, mêle si l'enthousiasme initial qu'il suscite finira vite par se tempérer. L'album a certes vieilli, et ne plaira certainement pas au grand nombre, mais peut au moins être considéré avec un œil bienveillant – paradoxal pour une œuvre aussi sombre, n'est-ce pas ?

Note réelle : 3,5/5

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- Johannes Vester (chant, vcs 3, guitare)
- Ludwig Papenberg (guitare, orgue, percussions)
- Ulrich Papenberg (basse, percussions)


1. Helicopter
2. Oldf Loggerhead
3. May Rain
4. On The Corner
5. Sarah



             



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