Le line-up de Royal Southern Brotherhood a été profondément modifié depuis la sortie du second album au printemps 2014. A l’automne Mike Zito a quitté le groupe, remplacé par Bart Walker, puis Devon Allman a pris le même chemin, officiellement, en avril 2015, remplacé par Tyrone Vaughan.
Il semble que ce poste soit dévolu à un « héritier d’une famille du Sud » car Devon était le fils de Gregg et le neveu de Duane, et Tyrone est le fils de Jimmy et le neveu de Steve Ray.
Le départ des deux lead-guitars est bien sûr important et modifie complètement la répartition des rôles d’autant que Mike et Devon apportaient leurs compositions au groupe et que leur duo de guitares était ce qu’on pouvait trouver de meilleur sur le marché du blues rock/southern rock.
Dans ce CD les petits nouveaux (surtout Bart) participent activement aux compositions aux côtés de Cyril Neville qui devient, presque par obligation, le seul leader du groupe.
L’album a été enregistré au prestigieux Fame Studios, Muscle Shoals en Alabama qui vit passer Aretha Franklin, Wilson Pickett et Otis Redding.

Et dès les premiers morceaux les guitares sonnent très southern-rock, ce qui n’est pas vraiment surprenant quand on connaît le passé des recrues, et Cyril Neville chante quasiment tous les morceaux en lead, alors qu’auparavant, Devon et Mike chantaient également en lead.

Mais ce CD comporte quelques surprises, comme l’apparition d’un banjo sur le morceau éponyme qui arrive un peu comme un cheveu sur la soupe. Mieux inspiré, le groove spécifique de la Nouvelle-Orleans dans « The Big Greasy » avec un jeu de basse très funky de Charlie nous ramène aux fondamentaux du groupe, avant un « Hard Blues » qui renoue avec le southern-rock.
Ivan Neville passe donner un coup de main à son frangin pour « Better Half » qui ainsi sonne un peu comme les Neville Brothers, avec de beaux arpèges de guitare.

« Penzi » met en valeur le jeu de percussions de Cyril mais n’est pas inoubliable,
Avec « Bayou Baby » on retrouve un vieil ami, Jimmy Hall qui chante toujours aussi bien et qui joue du saxophone, le front-man de Wet Willie semble s’ennuyer depuis la semi-retraite de son groupe et multiplie les guests-apparitions pour notre plus grand plaisir.
« Poor Boy » est le seul morceau co-signé par Tyrone Vaughan, qui au moment de l’enregistrement n’avait pas encore rejoint officiellement le groupe, et cette chanson se fond mal dans l’univers de RSB.

On retrouve de la wah-wah et des cuivres pour « They Don't Make 'em Like You No More » qui est estampillé RSB même si le groupe n’a jamais joué avec des cuivres.
« Come Hell Or High Water », seul morceau co-écrit avec Devon, peut présager l’évolution future du groupe et « Anchor Me » morceau acoustique dépouillé, co-écrit par Cyril et Anders Osborne, termine l’album en beauté, Cyril s’affirmant vraiment comme le seul leader du groupe.

Pas facile de remplacer coup sur coup les deux lead-guitars, aussi, ce troisième album constitue une transition avec de bons morceaux, un esprit southern-rock plus accentué mais aussi quelques tentatives qui se terminent en impasse.
Les nouveaux guitaristes doivent prendre leurs marques, ils joueront fatalement une autre musique que Mike Zito et Devon Allman et c’est sur scène que nous pourrons juger la nouvelle formation qui sera en France en juillet.