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1972 Cymande
1973 Second Time Round

CYMANDE - Cymande (1972)
Par AKS le 29 Mai 2015          Consultée 2369 fois

Connaissez-vous CYMANDE ? Non !? Trois fois hélas ! Et quatre fois même, car c’est le nombre d’albums qu’ils ont publié comme autant de perles ajoutées au resplendissement de la musique afro/funk. Si toutefois vos oreilles étaient actives durant l’année 1991 vous connaissez au moins le fameux « Bouge de là » du sieur Mc Solaar avec le sample du titre « The Message », sample est d’ailleurs un bien grand mot tant il s’agit ici d’un pillage en règle. Et samplé, CYMANDE le fut volontiers, avec souvent plus de bonheur que sur le morceau susmentionné.

Donc, après ce premier éclairage, vous connaissez un peu mieux l’objet de notre chronique. Eh bien non en fait, il vous reste tout à découvrir et vous savez au moins la chance qui est la vôtre tant il est jouissif de découvrir un nouvel horizon musical. Pourtant, CYMANDE devrait faire partie des classiques à l’instar de Mandrill, leur proche parenté.

Nous sommes à l’orée des années soixante-dix. Les effluves planantes ne sont toujours pas tout à fait dissipées, mais les chimères hippisantes ont déjà opéré leurs dégâts irrémédiables, leurs gâchis irréversibles. Et pourtant, le Gong camembérise divinement et s’apprête à lancer ses théières volantes sur orbite. Les soft Machine en perpétuelle recherche se jazzifient de plus en plus une cinquième fois. Le Floyd va bientôt entrer de plain-pied dans la reconnaissance mondiale au prisme d’une sombre lumière lunaire.
Car oui, CYMANDE est britannique, et chacun de ses membres est issu des caraïbes ou autres lieux à quelques encablures. Ils font paraître alors la froide pluie londonienne pour une moiteur tropicale éclairée par des reflets rastas, africains, funk et passons les styles tant la chaleur est éclatante.
Un maître mot pour ce premier opus : ROOTS ! Et les racines sont prometteuses, préparez-vous à voyager au rythme d’une majestueuse et réjouissante aisance tant cette formation est soudée, cohérente, tout fonctionne admirablement.

L’album s’ouvre donc avec un hymne rastafari, tout entier dédié et tourné vers les racines africaines. Aux premières notes, les percussions telluriques enlacées par la basse, ces percussions qui s’envolent peu à peu au son des chœurs. Un oiseau flûtier nous prend ensuite en ses ailes à la découverte de cette foisonnante arborescence, tout est tellement plus beau et différent vu d’en haut.
“Let’s seewhatyou have here”, ainsi sommes-nous conviés pour la seconde plage, un début lent et langoureux, toujours avec les percussions et la basse qui déroulent leur phrasé pour qu’enfin apparaissent la batterie et les cuivres (encore lointains ici), éléments essentiels dans cette formation, correction faite, tous le sont, mais que serait la chaleur du groove sans les cuivres. Ici, c’est un rythme un rien chaloupé, rien d’étonnant à cela car nous avons l’impression d’une balade apaisante au creux de l’eau, doucement bercé, les yeux fermés, un sourire au coin des lèvres, envahit de plénitude par ces éternelles secondes.

La confusion est souvent au rendez-vous avec les groupes super-cool, aussi ne nous méprenons pas, au-delà des drogues dites douces*, point de salut et c’est le propos du troisième morceau « getting back ». Les cuivres toujours présents, s’affirment telle une sentence, les chœurs tribaux se muent en un chant solo racontant donc les affres fatales où mènent les drogues, pour le coup, dures.

Définir la musique funk semble chose bien difficile tant elle est protéïforme, sa richesse n’a d’égal que le nombre de formation l’interprétant. Ici la trame sera l’élément percussion, autant le dire tout de go, l’Afrique est l’influence majeure de notre combo. Le groove s’accélère avec « Rickshaw ». Le groove tient de la magie, et quel que soit le tempo, du lancinant au plus rapide, l’envie jouissive de remuer son corps au diapason de son âme fonctionne à pleine peau avec CYMANDE.

Mine de rien, nous voilà presque à la moitié de l’album et nous arrivons à la pièce maîtresse : « Dove ». Je vous prie de bien vouloir tamiser la lumière, nous parlions de danse et de jouissance, de corps et d’âme, ce morceau ne s’écoute qu’à deux, mais vos deux oreilles feront bien l’affaire si vous êtes seul. Néanmoins, le propos du funk n’est jamais éloigné de la danse des corps, de la transpiration des échanges, de la transe partagée, du sel moteur s’échappant de chacun de nos pores, appareillant vers une destination bien connue (ou parfois hélas trop mal) notre « humanimalité ». « Dove » : la colombe, car le message est clair, comme le dirait John Coltrane : « May there be peace, and love, and perfection, through the all creation, oh god ». Ce message titre, l’on ne peut le comprendre que mieux à travers ce morceau.
A présent que nous sommes bien ancré dans l’écoute, nous nous apercevons en ouvrant les yeux que cette musique en premier lieu nous donne le sourire et bien plus encore, elle est chargée à ras bord d’ondes et d’énergies positives, « Bra » vient nous le rappeler alors que nous sommes déjà debout à agiter frénétiquement selon les moyens de chacun, et les bras et les jambes et tout le reste.

Tiens tiens… Voilà donc « The message », dont nous parlions en ouverture de notre propos. Pour ceux qui connaissent donc les pérégrinations de notre Mc, il est difficile de désengager notre mémoire de cette encombrante référence. Le remède est pourtant bien simple, il vous faut juste écouter et évincer les paroles, certes rigolotes et bien trouvées, de l’un de nos premiers hip-hoper, avouez que la musique (et les paroles originales) se suffisent à elles-mêmes non ?
Et pourquoi pas ne pas terminer comme nous avons commencé, avec une hymne rastarafari, écoutez bien les propos d’ouvertures, même si vous n’êtes pas anglophones, vous en comprendrez bien l’essence, aux antipodes de certains rastas plus agressifs, aux discours volontairement incompréhensibles. Ici, cela sera : la Paix, l’Amour, la Joie.

Soyez heureux sœurs et frères humains, et que le culte du groove soit avec vous !

En définitive, nous ne reprocherons qu’une seule chose à ce chef d’œuvre funk : sa pochette !

Arrangements  : *****
Créativité  : *****
Unité  : *****
Son et mixage  : ***

Note réelle: 4,8

* Dont une certaine, bien connue, fait partie de la culture Rastafari avec une dimension sacrée.

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   AKS

 
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- Steve Scipio (basse)
- Pablo Gonsales (congas)
- Sam Kelly (batterie)
- Patrick Patterson (guitare)
- Mike Rose (saxophone alto,flûte, bongos)
- Derek Gibbs (saxophone alto & soprano)
- Peter Serreo (saxophone tenor)
- Joey Dee (voix & percussions)
- Joey Dee (voix & percussions)
- Ray King (voix & percussions)


1. Zion I
2. One More
3. Getting It Back
4. Listen
5. Rickshaw
6. Dove
7. Bra
8. The Message
9. Rastafarian Folk Song



             



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