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2010 Love And Death

Ebo TAYLOR - Love And Death (2010)
Par AKS le 9 Juillet 2015          Consultée 1543 fois

Lorsque l'on parle d'afro beat, Fela KUTI (ainsi que sa descendance) est le nom qui, à la vitesse de la lumière, vient automatiquement à l'esprit tant il est vrai qu'il trône royalement sur l'assise rythmique que développe cette musique. Et pourtant, Fela est bien le baobab qui cache la savane.

Rendons hommage à Ebo TAYLOR, trop injustement oublié. Un vieux très grand monsieur du haut de sa naissance en 1936, au cœur battant toujours de cette infatigable pulsation à l'heure où nous écrivons ces lignes.
Mais rendons aussi à César ce qui appartient à Fela, celui-ci est bien l'inventeur de l'afrobeat, même si lui et Ebo se fréquentaient déjà au mitan des années soixante. Le highlife est bien plus la spécialité de Ebo TAYLOR. Mais nous laisserons l'esthète et le musicologue discuter de la différence entre ces deux courants plus que cousins car frères. Pour emprunter un raccourci qui nous évitera bien des détours, nous dirons que le highlife tire ses racines du Ghana et que l'afrobeat est né au Nigeria, et pour conclure de manière pointilleuse, que le compositeur qui nous intéresse ici tient lieu de passerelle entre ces deux styles.

Ebo TAYLOR gratta sa six cordes aux sons des polyrythmies africaines essentiellement au cours des années soixante-dix et début quatre-vingt, après : le silence, à défaut d'une résonance internationale. Et enfin, le grand retour en 2010 avec cet album, accompagné des Allemands de l'Afrobeat Academy (on ne remerciera jamais assez l'Allemagne pour son apport indispensable à la musique, de Jean Sébastien BACH à PASSPORT, en passant par Klaus SCHULZE et tant d'autres*). De nombreux producteurs, ayant l'oreille aussi fine que leur appétence à l'oseille est insatiable, ne manqueront pas de sampler largement notre artiste, comme cela est souvent le cas des noms méconnus du grand public, ce qui fera dire à Ebo que cet état de fait est certes plus intéressant financièrement que musicalement notamment au sujet d'une reprise de son titre tube « Heaven » par le très dispensable USHER.

Il n'est nullement question de révolution musicale ici, il s'agit tout simplement de faire chanter encore et encore ces rythmiques magiques qui jamais ne cessent. Formellement nous sommes en plein classicisme des canons du highlife et de l'afrobeat, toute la gageure et le renouvellement tiennent dans la grande expérience, le professionnalisme et l'engagement total des musiciens et surtout cette immense énergie ô combien contagieuse (oui, attention, cette musique est dangereuse et subversive tant elle fait se sentir vivant). Ainsi « Gna Gna », avec son entame impeccable : caisse claire, descente de toms puis basse et soufflants cuivrés pour une mise en place imparable. Tout est là, la locomotive est partie et ne s'arrêtera qu'à la dernière note, pas de temps mort, pas de repos pour les braves. La voix du septuagénaire est toujours aussi vibrante et chaleureuse et pour arrondir le tout, comme un sentiment d'urgence, pas celle de l'irrémédiable faucheuse, mais bien celle qui célèbre la vie à tue-tête. Le solo de saxophone est aussi court que poignant.
La seconde plage « African Woman », avec son intro au clavier autant que la mise en place des cuivres, fait clairement penser à un titre de Fela. Un hommage de maître à maître ? On pourra éventuellement regretter le sous mixage de la partie vocale (quelque peu saturée).

« Love and Death » est sans aucun doute la pièce royale et maîtresse de l'album. Elle s'ouvre comme un chant du destin avec un arrangement aux cuivres des plus somptueux. Ebo TAYLOR nous raconte une histoire, son histoire, celle de tout un chacun et tout à fait universelle, celle d'une rupture. Le sujet, au delà de son apparente banalité, prend aux tripes autant l'auditeur que l'auteur tant il sentit de manière fulgurante et profonde à cette époque de sa vie l'étrange filiation qui peut parfois exister entre le sentiment d'amour et de mort quand celui-ci est perdu à jamais. Ce titre est une reprise de 1980, tout comme l'instrumentale « Victory ».
« Kwame » laisse également place à la seule musique (ici pleinement dans le style highlife) et à la guitare sobre et efficace de notre grand artiste qui parsème ses soli au fil de l'album. « Mizin » entre ces deux morceaux débute avec un refrain irrésistible qui une fois en tête fera son office: y rester durablement!

Notre traducteur, brillant par son absence, vous laissera définir le dialecte usité dans le dialogue entre deux femmes sur l'intro de « Aborekyair ». L'universalité du langage musical fera le reste, en l'occurrence l'effet sera une irrépressible envie d'offrir à votre corps des ondes saccadées de frénétiques secousses, laissant ainsi votre esprit vous berner dans un premier temps en prenant pour une guitare ce qui est en fait un petit solo de saxophone wah-wah.
Les arrangements cuivres de l'Afrobeat Academy sont pour beaucoup dans la réussite de cet opus, il suffit pour cela d'écouter la version originale de « Love and Death » et celle proposée ici ; certes les années ont défilées depuis, mais tout de même, le brio de la production est réellement notable.

Ebo TAYLOR et ses acolytes feront tourner cet album et cette musique lors de nombreux concerts l'année suivante en 2011. Infatigable griot, poète essentiel de la musique africaine, pilier fondamental du highlife et de l'afrobeat.



*On oubliera Milli Vanilli, Modern Talking et tant d'autres également.

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1. Nga Nga
2. African Woman
3. Love And Death
4. Victory
5. Mizin
6. Kwame
7. Aborekyair
8. Obra



             



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