C'est dans le cadre de la recherche sans fin de la première chanson de Heavy Metal - Pas de Hard rock attention, nous sommes donc plusieurs années aprés l'éclosion du genre - que se situe cette chronique. Il nous faut donc chercher, parmi la myriade de groupes explorant les arcanes du son distorsionné, celui qui aura trouvé la formule magique... Alors on navigue entre psychédélique, garage, space rock et prog la plupart du temps. Pour l'instant, c'est "Race with the devil" des GUN - que vous trouverez sur le site - qui tient la corde dans mes recherches, elle date de 68. Nous sommes donc une année plus tard lorsque parait ce Sea Shanties, premier opus de HIGH TIDE. Il convient d'aller vite car la durée de vie du groupe sera météorique : une petite année !

Un peu d'histoire pour débuter : la rencontre de Tony Hill - ex compagnon d'armes de David BOWIE -, guitariste chanteur et Simon House - futur HAWKWIND - aux claviers et violons précipite la création du groupe, ils s'adjoignent Roger Hadden à la batterie et le violoncelliste Peter Pavli à la basse. Plus simplement, c'est le groupe d'accompagnement du chanteur Denny GERRARD, qui produit lui même l'album.

N'hésitez pas, je vous donne rendez-vous immédiatement sur la plage deux de l'opus bienheureusement nommée "Death warmed up". Je précise que nous sommes 5 mois avant la sortie du premier BLACK SABBATH. Ouais, c'est important ! La fusion de la fuzz employée par Tony HIll, toute cradingue pour nos oreilles mais aussi très lourde, et du violon virevoltant de House provoque une émulsion que nous n'avons aucun mal à assimiler à du metal lourd, c'est juste bluffant ! Le titre, un instrumental de dingue vaut son pesant d'amphetamines caramelisées. Un véritable hymne métallique de grande classe ! Mais on ne s'arrête pas là, car le premier titre vaut aussi largement le détour, il s'intitule "Fultlist's lament", et propose direct un riff d'enfer qui va vous exploser la tronche. Bien sur, nous sommes en pleine expérimentation et le chant de Hill n'a que peu à voir avec le futur Heavy Metal, mais l'influence de John Kay - STEPPENWOLF - est évidente.

Nos jeunes jouvenceaux sont vraiment disposés à en découdre... Le gros son continue de s'imposer tout au long de la galette avec force intensité. Le ton pop doucereux du début de "Pushed but not forgotten", alterne avec la distorsion d'une manière qui aura peut-être du mal à séduire les foules, malgré les avalanches de notes produites par Hill. Le SAB utilisera cette démarche de la même manière, mais avec indéniablement plus de réussite. Pourtant les idées sont excellentes. Ainsi sur "Walking down their outlook", quelques aspects résolument baroques sont jetés sur le feu, l'heure est au Metal, aucun doute, ce même si les portions calmes rappellent sans ambiguité les DOORS.

"Missing out" ressemble plus à un délire sous hallucinogène jammé qu'à une réelle composition, mais ça dépote sévère pendant 10 minutes. La voix est toutefois noyée, et la mélodie difficile à trouver, un pur instant de psychédélisme spatial. Dieu seul sait les trucs que devaient s'envoyer nos collègues à l'époque ! Mais les choix effectués par Hill et House restent d'aplomb jusqu'au dernier morceau "Nowhere" ou le violon et la gratte s'échangent solo après solo, dans un joyeux bordel de belle efficacité.

C'est vraiment à découvrir et enthousiasmant pour peu que l'on réalise l'énormité d'un tel son en Octobre 69. Pourtant, malgré la reconnaissance des critique, les ventes décollent à peine suffisamment pour permettre l'enregistrement d'un second opus. Il n'empêche : c'est une page d'histoire ! Et ce "Death warmed up" est une merveille !