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1969 Get Ready

RARE EARTH - Get Ready (1969)
Par TOMTOM le 21 Juin 2015          Consultée 3564 fois

1969, Berry GORDY contemple son empire : une décennie de boulot, une centaine de singles placés dans le Top 10 US… Le parrain peut être fier, sa Motown marche du tonnerre. Un truc cependant l’inquiète : depuis peu, une tripotée de jeunes branleurs s’amuse à exploser le format 45 tours. Sur la côte ouest, les guitares hurlent comme jamais, Creedence joue avec Booker T., figure emblématique de la perfide Stax. Le fond de commerce est attaqué, le costard et les paillettes Motown seraient-ils en train de virer has been ? En tout cas, pour Berry GORDY, c’est une évidence : il lui faut un groupe dans le coup, capable d’assurer en concert, un groupe capable de faire triper les petits blancs.

Les mecs de Rare Earth, eux, végétaient à Détroit depuis le début des années 60. Dans les bars, ils jouent local, s’approprient les grands tubes de la Motown. Un hit des Temptations, sorti en 1966, devient vite leur tour de force : « Get Ready ». Manque de pot, leur premier album sorti sur Verve passe inaperçu. Trop vieillot, le nom du groupe (« The Sunliners ») est changé pour « Rare Earth », plus cool. Un nom que la Motown réutilisera pour son sous-label dédié au rock blanc.

En 1969 sort donc le « premier » album de Rare Earth, sur le label Rare Earth.

On ne va pas se mentir, le disque est resté dans les mémoires pour sa face B, « Get Ready ». 21 minutes et 30 secondes qui se découpent en huit phases. D’abord l’intro : magnifique, empruntée, limite psyché… Saxo, orgue et guitare copulent pour créer une ambiance unique. Commence ensuite le titre en lui-même. Soutenu par un tambourin réglé comme un métronome, Pete RIVERA (le batteur) a une voix de dingue, ultra-puissante, très grave, gorgée de testostérone. « Get ready cos’ here I come ». Et puis tout dérape. Les solos s’enchaînent : basse, claviers, guitare, saxo et puis batterie, chacun son tour. Le délire ne prend fin que 30 secondes avant la fin, le temps qu’il faut au groupe pour plier définitivement le titre.

Ce qui frappe chez les Rare Earth, c’est leur démarche 100% cool. Chacun joue ici de manière totalement cool. Et le plus cool de tous, c’est le guitariste : Rod RICHARDS. Wah-wah, fuzz, disto à pleine balle, le mec utilise tous les effets les plus cool des années acides. Au chant et à la guitare sur « Feelin’ Alright » (titre cool s’il en est), RICHARDS réussit l’exploit de rendre encore plus cool la chanson la plus cool du répertoire de Traffic. Oui, ça fait beaucoup de « cool », mais ce guitariste le vaut bien. Beaucoup plus que la technique, c’est le feeling qui compte pour lui.

Sur « Tobacco Road », Rod RICHARDS et ses compères organisent de grandes joutes guitare/saxo/orgue. Attaque de solos ultra-violentes VS groove à couper le souffle, la confrontation est stupéfiante. Un an plus tôt, Spooky Tooth avait donné sa propre interprétation du hit des Nashville Teens. La version de Rare Earth est fondamentalement différente. Spooky Tooth avait tout misé sur le riff, avait conféré à la chanson une dimension apocalyptique. Ici, Rare Earth mise sur l’histoire que raconte cette chanson, celle d’un gamin qui fait fortune (« With the help/ And the grace of God ») et qui donne à la ville qu’il construit le nom du taudis où il a grandi. La voix de RIVERA confère au titre une dimension quasi mystique. L’auditeur est suspendu à ses lèvres, embarqué dans l’épopée, suit chaque note des solos comme si c’était la dernière. Ajoutez à cela un final dément et vous avez une grande chanson.

« Get Ready », « Tobacco Road », « Feelin’ Alright », voila le triplé gagnant de cet album. On pourrait y ajouter « In Bed », autre grand moment. Deux petites déceptions cependant : « Magic Key » (chantée par le saxo Gil BRIDGES) et « Train To Nowhere » (chantée par le bassiste John PERSH), un peu en dessous, moins marquantes même si tous les ingrédients vantés plus haut sont bien là.

Quoi qu’il en soit, Berry GORDY avait réussi son pari : lancer un groupe d’élite. Un groupe de reprises certes, mais un groupe d’élite quand même. Le « Get Ready » de Rare Earth sera un immense succès, dépassant même les chiffres du « Get Ready » des Temptations. On le citera même comme influence du « Bitch » des Rolling Stones.

Comme vous pouvez l’imaginer, sur scène, le cocktail improvisations/solos/guitare dingue/voix dingue/saxo dingue/orgue dingue fonctionnera du feu de dieu. Peu habituée à suivre un groupe sur le long terme et à produire des albums plutôt que des singles, la Motown se lassera néanmoins très vite du heavy rythm'n'blues de Rare Earth. Ne bénéficiant d’aucune promotion, le groupe crèvera très vite, après quelques prestations moins inspirées. Reste cet album, à ranger aux côtés de ceux fournis par les héros du hard US seventies. Je veux parler des Grand Funk, des James Gang, des Guess Who, des Three Dog Night… Des groupes à la coule, là aussi.

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   TOMTOM

 
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- Pete Rivera (batterie, chant)
- John Persh (basse, chant)
- Rod Richards (guitare, chant)
- Kenny James (orgue)
- Gil Bridges (saxophone, chant)


1. Magic Key
2. Tobacco Road
3. Feelin' Alright
4. In Bed
5. Train To Nowhere
6. Get Ready



             



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