Recherche avancée       Liste groupes



      
JAZZ HYBRIDE  |  STUDIO

L' auteur
Acheter Cet Album
 


Guillaume PERRET - Guillaume Perret & The Electric Epic (2012)
Par PLAUDE le 2 Juillet 2015          Consultée 1797 fois

Difficile de parler d'une œuvre qu'une armée de superlatifs ne saurait décrire.

Si la musique de Guillaume Perret par l'immense diversité de ses références et de ses inspirations s'adresse à tous, elle n'en reste pas moins incroyablement violente, ténébreuse et insaisissable.
Flirtant avec insolence et virtuosité parmi tous les genres et toutes les sonorités qu'il s'attache à bousculer et à réinventer, Perret est parvenu sur cet album à pondre un véritable capharnaüm à la grammaire déstructurée et pourtant parfaitement cohérente.

Dès les premiers soupirs de sax et les premiers mouvements de guitare, on se retrouve les mains liées : avec si peu de repères, il faut consentir à avancer en terre inconnue sans avoir peur des brisures rythmiques, des cris sauvages et infernaux de Médéric Collignon, des sonorités africanisantes et orientalisantes inhabituelles pour certaines oreilles fragiles, mais surtout admettre une bonne fois pour toute qu'ici, l'auditeur ne sera jamais roi. Sur cet album, c'est le souffle impétueux de Guillaume Perret qui domine et orchestre la moindre variation. Absolument tout repose sur l'inspiration inoxydable du musicien qui se plaît à malmener son saxophone ténor afin d'en tirer un langage puissant, original et toujours imprévisible.

Cependant, si le saxophone est bien le véritable chef d'orchestre de cette édifiante odyssée musicale, Jim Grandcamp et sa guitare à la fois volubile et discrète y délivrent un travail remarquable. Ainsi, si l'album se caractérise par des fluctuations permanentes dans les ambiances et les sonorités qu'il propose, la structure des morceaux repose quasiment toujours sur la même formule efficace et proprement jouissive, soit la guitare de Grandcamp balbutiant une rythmique lancinante et tenace en ouverture, puis le sax de Perret qui après l'exposition du thème exécute des chorus au feeling et à la musicalité véritablement hallucinants. Les trois premiers morceaux du disque, « Kakoum », « Lego » et « Ethiopic Vertigo », aussi disparates et géniaux soient-ils, obéissent à ce processus de composition.

La suite de l'album se veut plus torturée, moins ludique et laisse exploser tout le génial potentiel créatif de Guillaume Perret qui n'hésite pas à embarquer ses musiciens et ses auditeurs dans un véritable ouragan de cauchemars. Il suffit d'écouter « Circé » et « Massacra » pour bien comprendre les raisons pour lesquelles d'aucuns se plaisent à qualifier le jeune saxophoniste de sorcier. Il y a en effet dans la musique de Perret quelque chose de dangereusement incantatoire. Aussi les dernières minutes de « Circé » tout en tempo accéléré se transfigurent-elles en une espèce de danse macabre dont la virtuosité impressionne mais finit par tétaniser comme si Perret, fascinateur, nous incombait de rendre les armes.

C'est ici que réside sans doute la grande force mais également la grande faiblesse de cet album : si chaque morceau est une véritable gifle et si le talent de ces quatre musiciens ne cesse jamais de nous hypnotiser, il semble parfois légitime, raisonnable et nécessaire de vouloir reprendre son souffle et de s'isoler un temps, loin de cette redoutable démonstration de force qui soumet sans concession l'auditeur le plus averti. Cela dit, Perret est un musicien extrêmement intelligent et le temps d'une ballade à la mélancolie sublime – « Chamo » – parvient à flatter et caresser nos oreilles en nous faisant presque oublier le vacarme hybride qui régnait jusque là. Cinq minutes suaves seulement pour nous rendre capable de repartir et d'affronter une nouvelle fois son imagination endiablée car il le sait, on en voudra toujours plus.

Inutile d'en dire plus sur cette musique puissante et impétueuse si ce n'est qu'elle prend en live toute sa véritable dimension hypnotique.
Essayez donc, vous n'en sortirez pas indemne.

A lire aussi en JAZZ :


Sonny ROLLINS
Saxophone Colossus (1956)
Comment faire pleurer le colosse ?




Emily REMLER
Take Two (1982)
Deuxième prise et confirmation


Marquez et partagez





 
   PLAUDE

 
  N/A



- Guillaume Perret ( saxophone ténor )
- Jim Grandcamps ( guitare )
- Philippe Bussonnet ( basse )
- Yoann Serra ( batterie )


1. Kakoum
2. Légo
3. Ethiopic Vertigo
4. Circé
5. Chamo
6. Thème Pour Le Rivage Des Morts
7. Massacra



             



1999 - 2024 © Nightfall.fr V5.0_Slider - Comment Soutenir Nightfall ? - Nous contacter - Webdesign : Inox Prod