Huit ans après Leave a Light on, dernière expérience solo en date de Ronnie CARYL, de l'eau a coulé sous les ponts ! Phil COLLINS, invité sur l'album de 1994, recontacte son ancien ami qui a déménagé dans le Sud-Ouest de la France, pour l'intégrer à son groupe. Ronnie participera à l'album Dance into the Light ainsi qu'à la tournée correspondante, puis à la suivante, en 2003-2004. Malgré le scepticisme de certains fans à son égard, dû à la présence de Daryl Stuermer en tant que soliste établi, le discret CARYL fait preuve d'un grand talent accompagnateur auprès de COLLINS.

Son deuxième album solo, One Step at a Time, paraît dans l'intervalle. La jolie pochette joue un rôle de carte postale et nous plonge dans une lumière éclatante et exceptionnelle, celle du Sud de la France. Le disque, cependant, ne brille pas par sa qualité. Il est bon, agréable, mais on peut déjà émettre une certaine réserve sur sa composition.

Leave a Light on ayant été retiré des bacs depuis longtemps, Ronnie CARYL saisit cette occasion pour remixer quatre morceaux (excellents par ailleurs), et les incorporer finalement à une sélection de sept nouveaux morceaux. D'un côté, cette initiative est louable pour ceux qui n'auraient pas l'œuvre précédente dans leur collection, mais pour l'amateur, elle reste frustrante car occulte des créations potentiellement réussies.

Parmi celles proposées, on trouve des morceaux blues-rock funky tels que "Available" et "No Other Woman", sympathiques, quoiqu'un peu passe-partout. La guitare de CARYL s'y exprime à loisir, on apprécie le travail des musiciens français qui comprennent des chœurs féminins, Jean-Louis Suschetet (THIEFAINE) et le claviériste Yannick Bernard. Ils apportent un nouveau souffle à la musique de CARYL, lui-même ayant modifié sa manière de chanter, moins suave et plus rugueuse que sur l'album précédent. Il faut dire qu'en dehors de la ballade "Lost Week-End", l'écriture s'y prête mieux, si l'on considère le rock FM de "Driving Across America" et la couleur soul du morceau-titre, "One Step at a Time", tous très bien faits.

Pour revenir au recyclage, il y a néanmoins un autre choix qui fait pour moitié l'intérêt de ce disque. Ronnie CARYL décide en effet de reprendre les deux morceaux de son premier single paru vingt ans plus tôt. "You Got It" possède donc la chaleur d'un son moderne, quoiqu'assez épuré, ainsi que la participation exceptionnelle du saxophoniste René Morizur (les Musclés et Dorothée bien sûr, mais pas que, loin de là... !). Plus intéressante encore est la reprise, ou plutôt la refonte de "How Can It Be Right?", transfigurée par rapport à l'originale, avec un arrangement splendide et aérien. Devinez qui on retrouve aux chœurs sentimentaux ? Phil COLLINS lui-même...

Au final, il y a quelques attraits dans ce disque fort court, encore une fois si on le résume aux cinq nouvelles chansons plus les deux réenregistrements. Sur cet effectif, l'ensemble est bon mais seuls les deux tiers se démarquent, soient cinq morceaux et bonnes raisons de compléter la discographie d'un musicien sous-estimé.