Ronnie CARYL fait partie de ces noms que l'on cite peu, y compris dans le monde de la guitare, mais dont le talent en rejoint d'autres à la renommée suffisamment large et sur autant de temps, de quoi ajouter à l'intérêt du parcours. Par exemple, pour prendre un exemple typiquement français, Ronnie CARYL est invité en 1977 à jouer de la guitare 12 cordes sur un titre devenu emblématique, « Lettre à France » de Michel POLNAREFF...

Mais de manière plus générale, le guitariste est connu en tant que plus vieil ami et compagnon musical de Phil COLLINS, avec qui il a débuté et auditionné pour GENESIS, fin 1970. Il ne reste que le temps d'un concert avec le groupe, tandis que Collins suivra le chemin que l'on sait. Les deux amis collaborent le temps d'une expérience en jazz-rock (ZOX & THE RADAR BOYS) avec Peter Banks, ex-clavier de YES, puis de quelques sessions, parmi lesquelles le premier album de David Hentschel. Producteur de Genesis de 1976 à 1980, c'est ce dernier qui présentera Ronnie CARYL à Polnareff, avec qui il travaille pour l'album Coucou Me Revoilou. Le monde de la musique est petit...

Au fil du temps, CARYL est devenu musicien de session et travaille régulièrement pour des shows télévisés. En ce début des années 80, il accompagne la chanteuse écossaise LULU, et c'est à ce moment qu'il obtient la possibilité de publier un disque. Simple single, You Got It est enregistré à Abbey Road fin 1982 et publié par Polydor, le 1er janvier de l'année suivante.

Avec le recul, l'artiste ne se démarquera guère par une discographie foisonnante ou accueillie particulièrement, mais dès ce premier single, tous les éléments sont réunis pour que l'auditeur (ou mieux encore, l'auditrice) ressente une certaine sympathie à son égard. Du moins, il faut que la pop à tendance blues et soul fasse partie de ses goûts.

Les deux chansons proposées s'inscrivent dans la lignée de cette british-soul alors en vogue, copiant le son west-coast avec souvent un rendu efficace. C'est le cas ici, jusqu'à un certain point. Les mélodies sont jolies, si l'on passe outre l'aspect quelque peu « froid » du traitement sonore, lui aussi bien d'époque. L'artiste s'impose lui-même au contraire avec une certaine chaleur dans ses deux voix, gorge et guitare, plutôt claires avec un léger vibrato blues et une grande finesse.

Ce n'est certes pas par ses excès que la musique de Ronnie CARYL se distingue. Il s'agit de bluettes pop-soul aux textes à couleur sentimentale et baignant dans un registre soft, fort agréable. Si la guitare est très présente, le saxophone alto (David Sanborn ?) ne l'est pas moins et rajoute un peu de piquant à la fin de la chanson « You Got It », on se demande d'ailleurs pourquoi, si brusquement... Le pont avec la vague de synthé, plus sombre, apporte un soupçon d'originalité.

« How Can It Be Right », un slow, est autant sinon plus réussi que la face A. Peu connu et de nos jours disponible sur quelques sites marchands seulement, ce 45 tours introduit de façon modeste un artiste que l'on écoute avec un plaisir tout ce qu'il y a de plus simple, sans prétention aucune. Ce goût pour la pop sensuelle et un toucher de guitare travaillé l'amènent à être rangé aux côtés d'un Chris Rea, pour ne citer que lui.

Comme sous-entendu plus haut, Ronnie CARYL produira peu, surtout durant ces années 80 où il connaitra diverses opportunités comme un concert de charité à Guildford en 1985, aux côtés d'Eric Clapton (son idole) et Gary Brooker, de Procol Harum. Il jouera ensuite avec Stephen Bishop (retrouvant Phil Collins) pour son album Bowling in Paris en 1989, John Otway puis Maggie Bell, avant qu'une occasion de créer se représente à nouveau. Rendez-vous onze ans plus tard...