Recherche avancée       Liste groupes



      
ROCK ALTERNATIF/PUNK  |  STUDIO

Commentaires (1)
L' auteur
Acheter Cet Album
 

 

- Membre : Les Garçons Bouchers
 

 Site Officiel (822)

PIGALLE - Pigalle (1986)
Par RED ONE le 6 Août 2015          Consultée 3304 fois

Lorsque sort le premier album de PIGALLE en 1986, cela fait déjà de nombreuses années que François Hadji-Lazaro roule sa bosse dans le milieu alternatif parisien. Venu du folk, ayant fait ses classes en écoutant Bob DYLAN et MALICORNE, Hadji-Lazaro découvre le punk au début des années 1980. Notre homme à la carrure imposante et à l'allure de skinhead commence alors à écumer les concerts underground de la capitale, où il croise de futurs cadors de la scène alternative : Manu Chao et ses HOT PANTS, les WAMPAS, Schultz de PARABELLUM, etc. Avec quelques uns d'entre eux, il créera au milieu des années 1980 le groupe culte "Los CARAYOS", véritable "supergroupe" de la scène parisienne, connu pour ses reprises explosives de vieux standards anglo-saxons et ses textes humoristiques savoureux.

Mais François Hadji-Lazaro possède également sa propre formation, sobrement baptisée PIGALLE, du nom de ce célèbre quartier populaire de Paris connu pour ses nombreux bistrots et ses cabarets. PIGALLE voit le jour dès 1982. Le line-up évolue constamment, néanmoins Hadji-Lazaro sait où il va : il veut faire du rock, et il veut chanter en français. Toujours au courant des dernières avancées technologiques, François découvre alors le monde merveilleux des boîtes à rythmes. Les groupes punk français, tels BERURIER NOIR ou LUDWIG VON 88, dans le sillage des pères fondateurs METAL URBAIN, sont déjà de grands adeptes de cette révolution qui leur permet de s'affranchir de la batterie, élément parfois handicapant quand il s'agit de tourner à moindres frais. Vers le milieu des années 1980, parallèlement à la création des GARÇONS BOUCHERS, François Hadji-Lazaro transforme PIGALLE en duo, qu'il mène alors en compagnie du bassiste Daniel Hennion.

Sur ce premier effort studio de PIGALLE, on ressent bien toute la fougue d'un François Hadji-Lazaro encore très marqué par sa rencontre avec le punk anglais. Du coup, ce premier LP possède de nombreux liens de parenté avec la musique produite par les GARÇONS BOUCHERS à la même époque : guitares tranchantes, chant rageur et rauque, refrains cogneurs et atmosphère très parisienne. Les textes font cependant toute la différence. Quoique encore très rentre-dedans, ils sont déjà empreints de ce spleen urbain et de cette mélancolie réaliste propre à l'univers d'Hadji-Lazaro. C'est une poésie très désabusée, noire, à fleur de peau, que nous propose ici François, fruit de ses errances nocturnes dans le Paris populaire des années 1970-1980. François nous raconte des amours frustrés ("J'peux plus dire que j't'aime", "Il boit du café"), des vies qui s'entrecroisent ("Brèves rencontre", "J't'aime bien"), des personnages désespérés en proie au doute ("Aldebert", "Homosexuel", "Elle glisse", "La fille au teint rouge"). Malgré tous ces portraits clair-obscur, l'album reste très humain, et propose de superbes tranches de vie qu'on devine autobiographiques, comme par exemple sur "Couper le cordon", "Franc-tireur", ou encore "Brève rencontre"...

Certains éléments propres au rock alternatif parisien des années 1980 sont présents dans la musique de PIGALLE : guitares ska et intonations new wave, façon MANO NEGRA ("Il boît du café", "Homosexuel", "J'peux plus t'dire que j't'aime"), rythmiques électroniques trash, à la manière de BERURIER NOIR ("Franc-tireur", "Fait divers", "Elle glisse"...). La boîte à rythmes est rugueuse et dépouillée, digne héritière des travaux d'Eric Débris. La voix de François est encore assez hargneuse, mais quelques passages vocaux témoignent déjà d'une certaine tendresse chansonnière, future marque de fabrique du musicien français. La vaste collection d'instruments de François, employée à foison sur les albums suivants, est ici en retrait, Hadji-Lazaro privilégiant l'utilisation de la guitare électrique, ce qui renforce l'aspect très rock de cet opus. On appréciera néanmoins les quelques passages minimalistes au violon sur "Aldebert" et l'usage d'une vielle à roue sur "Elle glisse". Les sonorités folk punk, propres à l'identité du futur répertoire de PIGALLE, pointent déjà le bout de leur nez sur quelques titres, et annoncent évidemment la suite des hostilités.

La première édition de cet album était initialement constituée de seulement 11 titres. Sa réédition en 1990 chez Boucherie Productions y ajoutera le titre éponyme "Pigalle" (reprise d'une chanson de George Ulmer datant de 1946), ainsi que le morceau instrumental "La Goutte d'Or". Il est de nos jours assez difficile d'envisager ce premier album sans ces titres très représentatifs des premières années du groupe parisien, c'est pourquoi nous les mentionnons ici. Si vous trouvez une version de cet album sans ces titres, ruez vous dessus, c'est probablement une édition originale de 1986 !
Il n'y a finalement pas grand chose de réellement négatif à dire ici. François Hadji-Lazaro nous livre un premier effort très convaincant, qui s'inscrit dans la droite lignée de tout ce que le rock alternatif français produit depuis le début des années 1980. On pourrait éventuellement reprocher à ce disque d'être un peu trop direct, et de ne pas avoir la profondeur d'écriture de son illustre successeur de 1990. L'identité de PIGALLE est certes encore en construction, néanmoins ce premier LP possède une personnalité déjà très affirmée. Au final, l'album demeure quand même un incontournable du rock alternatif français des années 1980, que l'on vous recommande vivement tant la qualité est déjà présente...

Suite à ce premier effort, François Hadji-Lazaro se consacrera davantage aux GARÇONS BOUCHERS, alors en pleine ascension médiatique. PIGALLE sera alors provisoirement mis en sourdine pendant quelques temps. Heureusement, cela ne durera pas !

"Un p'tit jet d'eau, une station de métro, entourée de bistrots... Pigalle !"

A lire aussi en ALTERNATIF par RED ONE :


PIGALLE
Regards Affligés Sur La Morne Et Pitoyable Existence (...) (1990)
Hadji-Lazaro plonge dans les ténèbres de Paris...




LUCRATE MILK
Lucrate Milk (2006)
I love you fuck off


Marquez et partagez





 
   RED ONE

 
  N/A



- François Hadji-lazaro (chant, guitares, instruments divers, programmation)
- Daniel Hennion (basse, choeurs)
- +
- Alex Verdon (trompette)
- Antoine Chao (choeurs)


1. J't'aime Bien
2. Il Boit Du Café
3. Homosexuel
4. J'peux Plus T'dire Que J't'aime
5. Aldebert
6. Pigalle (bonus 1990)
7. La Goutte D'or (bonus 1990)
8. Elle Glisse
9. Couper Le Cordon
10. Franc-tireur
11. Fait Divers
12. La Fille Au Teint Rouge
13. Brève Rencontre



             



1999 - 2024 © Nightfall.fr V5.0_Slider - Comment Soutenir Nightfall ? - Nous contacter - Webdesign : Inox Prod