1995… Le Sous-marin (salle emblématique pour ceux qui ont vécu dans le sud) à Vitrolles avant que ce dernier ne soit fermé autoritairement par le FN. Un mini-festival punk avec MILLENCOLIN (les punks à skate qui furent peu convaincants), TOTAL CHAOS (Des créteux un poil trop caricaturaux) mais surtout des jeunes Suédois ayant une identité à part… Un jeu de scène étonnant, un look décalé (ces fameuses franges donnant aux membres du groupe un côté étrangement glitter), une présence scénique incroyable, des compos explosives, mais nuancées comparées à celles de leurs camarades. Grosse surprise donc pour de déjà vieux punks comme nous, qui pensions avoir tout vu ou tout écouté dans le « destroy binaire »…

Catalogué hardcore punk, Refused sut durant sa carrière qui commença à l’orée des « nineties » se démarquer des combos du style et de leur dogmatisme. Après tout, être punk, c’est bien casser les règles, non ?
On repense évidemment à l’aventureux The Shape of Punk to Come, œuvre qui marque peut-être avec celles d'ATARI TEENAGE RIOT dans un autre style la fin du punk rock en tant qu’expression musicale (même si l’esprit bien sûr, peut encore exister sous d’autres formes de nos jours). Dix-sept ans après leur split, on en est où ?

D’abord une reformation pour le prestigieux festival de Coachella en 2012, puis un retour en fanfare durant une récente tournée qui a plutôt bien marché. Ce quatrième album survient à une période où les groupes dit post-hardcore (scène fourre-tout et plutôt hétérogène allant de CONVERGE à NEUROSIS en passant par AT THE DRIVE IN) pullulent à droite et à gauche depuis au moins vingt-cinq ans… Entre temps, le frontman hurleur Dennis Lyxzen aura monté son très bon groupe revival garage punk sixties THE INTERNATIONAL NOISE OF CONSPIRACY durant les années 2000, qui virent un retour en grâce de ce dernier genre. On remarquera ainsi que les membres du gang contestataire n’écoutaient pas seulement EARTH CRISIS à longueur de journée et qu’ils ont toujours su entretenir une ouverture d’esprit assez large.

L’œuvre s’intitule Freedom, et on est en terrain familier, le groupe jouant toujours la carte libertaire qui a caractérisé sa discographie. Ainsi, les paroles vindicatives de « Françafrique » illustrent cette donnée, la politique extérieure française en prenant ici gravement pour son compte… Ne vous attendez pas seulement à une resucée totale de leur disque emblématique The Shape of Punk to Come. C’est toujours du post-hardcore dans la lignée des SLAPSHOT, le son est surpuissant et répond au cahier des charges du courant. Les morceaux restent bien rentre-dedans (sur « Dawkins Christ », une atmosphère « slayerienne » apparait même) avec ces fameuses rythmiques cassées. Ces dernières peuvent être aussi bien chaloupées (« Elektra »), qu'empruntant celles du noise rock. Les vocaux alternent passages mélodiques et délires « screamos ».

On évite cependant la caricature des affreux clichés « metalcore emo » qu’utilisent avec écœurement les affreux BULLET FOR MY VALENTINE (qui, soit dit en passant n’ont rien de metal ni de hardcore avec zero émotion !) ou pire le « nu metal » qui pollua les ondes des années 90 et 2000…
Les frémissements electros et quasi expérimentaux se font aussi ressentir. Sur « Françafrique », de brefs vocaux « kratfwerkiens » se font remarquer ainsi que des chœurs enfantins. On entend ici et là de l’acoustique (« New war »), une intro vocale féminine (« Dawkins Christ ») des sonorités post-punk à la GANG OF FOUR (« Thought in Blood »), des cuivres à la MC5/SAINTS sur « War on the Palaces ».

Le seul bémol qui pourrait effrayer le « coreux » de base est que le disque est produit par un certain Shellback, grand producteur devant l’éternel de… BRITNEY SPEARS !
En attendant, « let’s go ! now ! »…