Une guitare, un violon, un chanteur. Le folk celtique, c'est toujours la même chose. de Christy Moore à Dougie MacLean, la recette reste immuable. On chante les départs, la beauté de la lande écossaise, la vie rurale. Sauf que... non, il y a autant de saveurs et d'ambiances dans ce style musical que de nuances de couleurs dans un arc-en-ciel. Et lorsque les Allemands de FLEADH s'attellent à la noble tâche de promouvoir cette musique aux milles facettes, le résultat est délicieusement unique.

Si le groupe semble avoir apporté un soin tout particulier à la réalisation de son troisième album (la pochette est superbe, la production chaude et pure comme de l'eau de roche), FLEADH n'en a pas pour autant chamboulé ses méthodes. Comme sur son précédent opus, le quintet mêle avec réussite interprétation de morceaux traditionnels instrumentaux, issus du patrimoine irlandais et écossais, et compositions originales toutes signées de la main de son chanteur et leader Saoirse Mhor. Si les traditionnels valent le détour, tant par leurs ambiances que par leur interprétation, riche en instruments (flûte, violon, bodhran...) et en virtuosité, ce sont bien ces titres originaux qui confèrent à l'album toute sa richesse et sa profondeur. Plus affinée que sur les réalisations précédentes du groupe, la plume de Saoirse donne naissance à des morceaux tour à tour mélancoliques ou enjoués, autour desquels les instrumentaux font essentiellement office de faire-valoir.

L'immédiateté du morceau d'ouverture, "Kick Me", donne le ton. Le folk ici pratiqué est énergique, entraînant, et la chaleur de la guitare acoustique, mêlée à celle du chant, donne à ces compositions personnelles une saveur délectable, que l'on peut retrouver chez un groupe tel que BARDIC, pour rester chez les amateurs allemands de folk celtique. Une pointe de mélancolie, toute en retenue, se laisse néanmoins entendre sur ces superbes réalisations que sont "Bridge of Trouble", les ballades "Sleeping and Working" et "Salt of the Earth", ou encore le plus mordant "You don't have the right" et son violon sautillant. Les morceaux, malgré une structure simple et des mélodies immédiates, se dévoilent au fil des écoutes et s'affirment à chaque fois un peu plus comme de délicieux moments folk, finalement bien trop rare.

The Peacock's Feather est sans aucun doute l'album le plus abouti d'un groupe qui mêle qualité de l'écriture et beauté de l'interprétation sur un album de près d'une heure qui, grâce à un jonglage habile entre traditionnels et compositions originales, semble finalement bien trop court. Un folk celtique arc-en-ciel, lumineux et délicieux.