Décidément, on serait tenté de croire que le revival new-wave/synthpop n'est pas prêt de se terminer. Combien de groupes s'en réclamant plus ou moins sont nés ces dix dernières années ? Beaucoup, beaucoup, beaucoup. Dieu comme le public ciblé savent que la proportion de groupes vraiment intéressants dans le lot est très faible également. Et ne parlons même pas des vieilles gloires qui reviennent en force (ou du moins essaient) dans cette ère où même les jeunes regardent trop dans le passé – paraît que c'était mieux avant, t'sé...

Dans ce maëlstrom, voici venir un nouveau venu en la « personne » de PRIEST. Formé en 2013, c'est un duo on ne peut plus classique formé par la chanteuse Madeleine Priest (est-ce son vrai patronyme ?) et l'instrumentiste David Kazyk. Déjà fort d'un EP sorti en 2014, le groupe sort son premier LP dès l'année suivante, ce qui change un peu (mais de pas beaucoup) des groupes qui attendent l'éternité pour se jeter dans le grand bain. Ce qui est en premier lieu plaisant avec cet album, en plus de sa belle pochette, c'est sa durée. PRIEST a le bonheur de faire partie de cette élite qui a compris le piège du CD, aussi bête comme chou que ses victimes, et pointe son oeuvre à 37 minutes. Au mieux, on regrettera qu'il n'y ait pas plus de tubes, et au pire le calvaire n'aura pas été trop long.

À ce propos, Priest (l'album) n'est pas des plus fantastiques. Enfin, sans être condescendant, il convient de préciser que pour qui connait ses bases en synthpop et/ou s'intéresse activement à la scène actuelle, il n'y a pas de quoi sauter au plafond. Les chansons s’enchaînent et s'écoutent certes avec un plaisir certain. L'ambiance dream pop mélancolique (pléonasme ?) s'invite même dans les moments les plus rapides ("Heartbeat", "Waiting for the End to Come"), et elle est bien maîtrisée. De plus, les mélodies, sans être d'une folle virtuosité, sont accrocheuses, elles ne sont pas ratées et donnent envie de se pencher un peu plus sur ce cas PRIEST (hahaha).

Mais si ce n'était que ça, ce serait un très bel album. Malheureusement, trop de points négatifs viennent assombrir le tableau. En premier lieu, l'autotune. Je n'ai rien dans l'absolu contre cet instrument, mais (contrairement à l'opinion populaire) il est difficile à manier, preuve en est le chant de Madeleine Priest. Il y a de plus un décalage entre le ton général de l'album et ce fameux chant. C'est agaçant, mais pas exécrable pour autant, en témoignent "Wild Nights" (ou peut-être que les arrangements compensent la chose, en fait) et "Staring at the Walls". Il y a aussi des erreurs assez tristes, comme les couplets bien trop courts de "Broken", qui au mieux font se lever les sourcils, ou encore placer en fin de piste "Lying on Your Grave", qui aurait eu plus de sens vers le début, en vérité. Plus grave encore, c'est la durée de vie de Priest. On devine bien trop vite que c'est le genre d'album qui sera écouté intensément les premières fois, pour ensuite prendre la poussière – ce qui est toujours un meilleur sort que de servir de dessous de plat.

PRIEST n'invente pas l'eau chaude, et ne donnera pas le même genre de frissons que Chvrches, pour citer un groupe récent qui a artistiquement percé. Reste que le potentiel est bien présent, et qu'il faudrait dès lors se démarquer de la masse informe qui n'a pas l'air de vouloir se déformer avec le temps.