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- Membre : Spiritualized

SPACEMEN 3 - Playing With Fire (1989)
Par SEIJITSU le 2 Novembre 2015          Consultée 1768 fois

Transgresser les limites, explorer l’inconnu, jouer avec le feu… Les SPACEMEN 3 se sont fixé cet objectif pendant dix ans de carrière. Exploser les limites des amplis, faire sortir de nouveaux sons de leurs guitares et mixer tout ça avec une bonne dose de culot et de drogue.

Cela n’empêche pas qu’au bout d’un moment, le processus créatif en tandem peut finir par s’enrayer. Ce qui n’est pas forcément dû à des questions d’ordre musical, ça peut être plus personnel.

Ce qui marque une spécificité dans cette seconde partie de la discographie des Hommes de l’espace, c’est que la composition ne se fait désormais plus main dans la main, mais chacun de son côté. Pourquoi ? Hé bien, pour des broutilles. Peter Kember ne supportant plus que la petite amie de Jason Pierce, Kate Radley, tourne autour d’eux durant les sessions d’enregistrement et les concerts. Il ira même jusqu’à lui refuser de monter avec lui dans le bus de tournée. Laissant Pierce et sa copine sur le bord de la route, contraint de rentrer à leur chambre d’hôtel par leurs propres moyens.

Face à cela, je n’aurais qu’une seule réaction : merci Peter et Kate (dont son rôle sur la créativité de Pierce sera de nouveau important à l’avenir) !

Grâce à ce malheureux événement, le duo s’est obligé à changer sa manière de faire sa musique au point d’en livrer une facette plus inattendue. Toutefois, cette 3ème sortie n’est pas une rupture. Elle explore certaines pistes entamées auparavant tout en y allant bien plus loin.

« Honey » et « Come Down Softly to My Soul » démarrent le disque d’une façon opposée aux précédents albums. Point de riff saignant ou de nuage de bruit ici, mais des sonorités rêveuses et une voix alanguie se perdant dans des arrangements cristallins et subtils. Cette fois-ci, c’est officiel : les Anglais font de la dream pop. Pourtant, tout n’est pas si simple dans leur univers. « How Does It Feel? » rejoint leurs tendances expérimentales à travers une composition bâtie sur un unique accord modifié via un effet « repeater ». Même si de nouveaux éléments s’ajoutent progressivement pour éviter que la moindre monotonie n’apparaisse. Comment se sentir après ça ? On se sent bien, tout simplement… Et sans drogue s’il vous plait !

La grande force des SPACEMEN 3, c’est cette volonté de varier le propos pour ne pas lasser avec une musique généralement monolithique. Entre deux douces atmosphères spatiales (dont le pur space rock « Let Me Down Gently »), ils balancent un brûlot noise rock à faire pâlir tous les gros durs tatoués (le carnage causé par « Revolution ») et un chef-d’œuvre plus SUICIDE qu’Alan Vega et Martin Rev réunis : le bien nommé « Suicide ». Un gigantesque monolithe dont l’unique but est de construire une cathédrale sonore noisy pour nous embarquer dans le voyage le plus psychédélique que vous n’ayez jamais fait.

Cette nouvelle façon de créer au sein de ces deux cerveaux a une conséquence que l’on remarque rapidement : deux tendances semblent se détacher dans leur musique. Peter Kember incarne le visage le plus expérimental du groupe. C’est souvent lui qui teste, tâtonne dans l’utilisation des effets au point de négliger toute idée de songwriting contrairement à Jason Pierce. Lui, il s’attarde plus volontiers dans les compositions les plus cotonneuses et, par-dessus tout, mélancoliques tout en n’hésitant pas à assumer ses envies de chansons. La délicate « So Hot (Wash Away All of My Tears) » et l’inoubliable « Lord Can You Hear Me » démontrent tout cela de manière éclatante. Le titre de ce morceau est révélateur de la différence de personnalités entre les deux leaders. Pierce recherche plus le grandiose et l’humain dans sa musique. Alors que Kember souhaite avant tout dessiner des paysages sonores pour nous faire rêver.

Ils ne le savent pas encore, mais leur rupture est déjà consommée. Ce qui aboutira plus tard à deux entités totalement indépendantes entre elles. Il est vrai que c’est facile de dire ça quand on connaît l’histoire.
Au final, Playing With Fire est surtout la preuve qu’on peut composer un album faisant date dans des conditions ne laissant pas deviner de réussites artistiques.

La création d’un chef-d’œuvre est parfois une affaire de hasard.

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   SEIJITSU

 
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Non disponible


1. Honey
2. Come Down Softly To My Soul
3. How Does It Feel?
4. I Believe It
5. Revolution
6. Let Me Down Gently
7. So Hot (wash Away All Of My Tears)
8. Suicide
9. Lord Can You Hear Me?



             



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