Fichtre ! Un nouveau Kendji GIRAC, à peine un an après le premier album qui n'est toujours pas descendu du Top 10 du classement des ventes... Sans parler du reste de la médiatisation, de la parution d'une première biographie du jeune chanteur (oui, déjà...) et, plus effrayant encore, une propagation de coupes de cheveux "à la Kendji" côté mecs (et même filles, parfois)... À chaque mode suffit sa peine !

Reconnaissons au moins un point positif à Kendji GIRAC : à présent, les jeunes peuvent moins facilement avancer que des artistes comme Julio IGLESIAS et les GIPSY KINGS sont ringards, puisque grâce à leur nouvelle idole, ils aiment la même chose, grosso-modo – "gypsy pop", telle est son nom. Ca rappelle cette mouvance typique aujourd'hui dans le domaine musical et les lieux communs qui en découlent. On clame qu'on est au XXIème siècle, qu'on va de l'avant, mais en réalité on fait pareil qu'il y a vingt ou trente ans. Sauf que dans les jugements portés, avant c'était nul et maintenant, c'est bien...

Entre le choc naturel des générations et les médias très partisans, dur dur de s'affirmer. La banane d'Elvis était "too much", le mullet années 80 ne ressemblait peut-être à rien, mais que dire de la coupe en vogue, modèle baba au rhum... Musicalement, vous pouvez bien sûr dire que "Djobi Djoba" c'est mauvais et danser sur "C'est Trop", quatrième chanson du nouvel opus de Kendji GIRAC. Une bande son de fiesta du samedi soir et pas seulement pour adultes, à caser entre Patrick SEBASTIEN et "La Lambada" version Jennifer LOPEZ.

Frais, dansant... Ce qui est demandé aujourd'hui et ça peut se comprendre, mais dont on peine à se sortir. Pour ça au moins, il est vrai qu'Ensemble, ce deuxième disque, remplit son rôle. Les premiers singles, "Tu y Yo" et le fiévreux "Me Quemo", affirment cette volonté de poursuivre sur une lancée gypsy pop, au moins toujours plus traditionnelle que "C'est Trop", et qui diminuera un peu le temps d'attente pour aller voir un ORL.

À part pour cette dernière, il y a moins d'effets indigents que sur le premier album, même si on note un ou deux emplois d'Auto-Tune, hélas obligatoire. Aussi, quelques sons de cuivres à la petite semaine et des synthés piou-piou comme sur "No Me Mirès Màs", duo avec SOPRANO dont le "Cosmo" a également marqué l'an de grâce 2014, de triste mémoire.

Le jeune Kendji déploie ses qualités de vocaliste avec un peu plus de maturité, mais interprète toujours des textes typiques du mélange des empreintes gitane et variété, adressés aux femmes jeunes ou aux mamans. Vous vous souvenez de la BD Astérix en Hispanie, le moment où le cercle bohémien chante "Ay ay ay ma mèreuh, pourkoua m'a tou fait çaaa" ? Ben c'est ce que vous entendez sur « Les Yeux de la Mama », avec un son moderne.

Il n'empêche que le garçon n'est jamais aussi bon que lorsqu'il chante ce genre de choses et surtout en espagnol, sur fond de guitares flamenco avant tout. Elle sont présentes tout le long du disque, mais ressortent plus ou moins selon les moments. D'ailleurs, le meilleur titre proposé reste le dernier, un instrumental où ça joue pour de bon, sans trop en faire !

À côté de ça, sur "Ma Solitude" et "Una Mujer", le chanteur s'essaye à un registre soul qui, une fois débarrassé de ses consonances r'n'b et léchées, pourra donner quelque chose de plutôt sympa à l'avenir. Il tente aussi d'apporter une variante au ton téléphoné de ses textes sur le sérieux "Où Va le Monde ?", qu'il n'y a sans doute pas besoin de décrire. Ca n'en reste pas moins attendu, mais la musique en revanche offre quelques surprises (la partie centrale du milieu). Kendji GIRAC, futur chanteur de gitano-progressif ? Pourquoi pas, hé hé...

Cette gypsy pop développée sur les deux-tiers de l'album est rapidement agaçante pour qui n'aime pas déjà à la base. Cependant, il y a quelques progrès bien mineurs mais notables depuis un an.