Les deux jumeaux rouquins les plus célèbres d’Ecosse ont encore frappé. Si l’on déroule le fil de la déjà longue carrière des PROCLAIMERS, il est amusant de contaster qu’ils ont été beaucoup plus prolifiques après leur réapparition en 2001 que pendant la première partie de leur carrière, celle des tubes « I’m Gonna Be » et « I’m on My Way ». Depuis le début des années 2000, ce ne sont pas moins de 7 albums studios qui ont atterri dans les bacs des disquaires, avec une recette qui ne dévie pas d’un iota. Charlie et Craig se sont sans doute fait plus acerbes et plus politiques album après album, mais jamais ils n’ont quitté les terres du pop-rock.

Qui pourrait leur en vouloir ? Quand on possède un tel talent pour trouver des mélodies universelles et toucher l’inconscient collectif, on aurait tort de se priver. Les PROCLAIMERS ont en plus ce sens de l’accroche particulièrement sournois qui leur fait composer des chansons apparemment anodines à la première écoute, mais qui s’ancrent dans le cerveau de manière irréversible. Bientôt trente ans après le succès de « I’m Gonna Be », il suffit de chantonner : « Da lat da ! Da lat da ! Da lat da ! » à l’oreille d’un Ecossais pour lancer un tour de chant.

Le nouvel album, « Let’s Hear it for the Dogs », ne fait pas exception à la règle : il contient sa dose réglementaire de tubes en puissance, au premier rang desquels on trouve le single « You Built Me Up », véritable concentré de générosité et de joie de vivre. Au premier mot déclamé, « yesterday », ou plutôt « yeshtirdé », on constate que l’accent des deux frères ne s’est pas arrangé avec le temps. C’est aussi ce qui fait leur charme ! Ce premier morceau énergique est suivi par « You Built Me Up » et « Be with me », deux chansonettes pop typiques du style faussement naïf des Edimbourgeois.

Pas de méprise : sous leurs airs de chanteurs de bluettes pour adulescents, les jumeaux Reid ont quelques comptes à solder. Le rock énergique « Then Again » fait référence aux affaires de pédophilie qui ont secoué la BBC et le parlement britannique ces dernières années. La fausse ballade « What School », elle, dénonce les dissensions entre protestants et catholiques, toujours présentes en Ecosse, même si de manière moins spectaculaire que chez les voisins d’Irlande du Nord. La bigoterie encore, en prend pour son grade sur « Through Him », un rock dansant dans la lignée de « Then Again ».

Les chansons plus calmes ne sont pas moins réussies : que ce soit la tentative de ressusciter la pop des années 60 sur « In My Home » ou les accords touchants de « If I’m Still Around », les PROCLAIMERS ont une fois de plus livré un bel ouvrage. C’est pour des joyaux sans prétention comme « The Other Side » que l’on s’entête à suivre la carrière du duo, qui ne sort malheureusement plus beaucoup des îles Anglo-Celtes. S’il fallait vraiment trouver un défaut à ce très bon album, ce serait sans doute les trop sucrés « Ten Tiny Fingers » et « Moral Compass », qui viendront à bout des fans les plus béats.

Malgré la déconfiture de leur club de football favori, les frères Reid ont su rester dignes. Il faut plus qu’un Hibernian en deuxième division pour entamer le moral de granit des deux Ecossais. Let’s Hear It for the Dogs est à placer parmi les meilleurs albums des PROCLAIMERS, ceux qui ne connaissent pas encore auraient donc tort de se priver du plaisir de la découverte.