Formation incarnant à merveille le renouveau du krautrock et du space rock, Föllakzoid se permet en 2015 de choquer son public. Bah oui, c'est quoi cette pochette toute tristounette ? Le premier opus arborait un ramage sobre mais intéressant, et ne parlons même pas du sublime cliché spatial du suivant. Et là pouf, un fond jaune avec du texte illisible et trois barres moins jaunes, super... Bon, ceci étant, les pochettes n'ont jamais été le point fort du genre, et Föllakzoid se permet même de planer au-dessus de la moyenne. De plus, quelle importance, quel intérêt a-t-on à « déguster » un artwork quand il s'agit de parler de musique ? À quoi bon s'attarder sur du bonus quand la musique est bonne ? Car oui, si le trio chilien se foire visuellement, il n'en est pas de même pour le son. Loin de là, même.

Continuant à marcher sur les glorieuses traces de ses germains ancêtres, Föllakzoid se met cette fois à enclencher les moteurs au propergol. Comprenez par là qu'il se fait encore plus cosmique, plus planant qu'auparavant. Ainsi, les influences de Can et Neu! qu'on pouvait clairement apercevoir sur II ont disparu, les Cosmic Jokers et la Berlin School tendance Ash Ra Tempel prennent le pas. En quatre pavés durant au total 45 minutes, Föllakzoid effectue un long périple sonore, un vrai space trip radical. La guitare de Domingo García-Huidobro offre des riffs et des ambiances catchy et lysergiques, alors même que ses compagnons montrent encore une fois la beauté du motorik, mid-tempo ici.

III ne souffre guère de défauts, en fin de compte. Le découpage en quatre morceaux est assez trompeur, vu que ces derniers forment en réalité un seul et même morceau continu avec des variations. Cependant, le découpage est pratique car donnant des points de repères pouvant aider à faire passer la pilule aux éventuels néophytes passant par là. Tout de même, le final "Feuerzeug" est assez décevant, dans le sens où une explosion, une orgie sonore aurait prévalu, plutôt qu'un morceau donnant l'impression que la fête n'est pas finie.

Le trio guitare-basse-batterie n'a plus rien d'intéressant à offrir ? Le krautrock est un genre de vieux qui mérite de prendre la poussière ? Foutaises, nous dit Föllakzoid. Le groupe avait déjà affirmé par le passé que le krautrock reste encore très vivace quand on s'y penche sérieusement, et montre ici qu'avec un peu d'imagination (et peut-être de papier buvard ?), il est toujours possible d'entrer dans de hautes sphères psychédéliques en 2015, même sans être très original. Un vrai régal.

Note réelle : 3,5/5