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MUSIQUES TRADITIONNELLES  |  STUDIO

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- Membre : Lumen Drones

Nils ØKLAND - Kjølvatn (2015)
Par STREETCLEANER le 25 Décembre 2015          Consultée 1599 fois

La musique folklorique est-elle condamnée à ne nous évoquer que les contes, fables, hauts faits, événements ou légendes qui ont contribué à cimenter le patrimoine et la culture communs d'un peuple ou d'une terre ? Et peut-elle être encore actuelle, vivante avec autant d'intensité dans un monde globalisé où toutes les différences et particularismes semblent être voués à la disparition (ou au musée) ?

A ces questions le violoniste norvégien Nils Økland apporte une réponse nette et évidente ; en composant l'intégralité de ce Kjølvatn (mot qui semble évoquer l'idée de sillage), condensé d'une musique folklorique conduite par l'esprit du jazz, de la musique baroque et de la modernité rock, haute en images, il apporte la preuve que cette musique se perpétue, qu'elle résiste et qu'elle continuera à accompagner la flèche du temps sans pour autant rester prise dans le gel des représentations passéistes.

Il est rare qu'une musique soit autant porteuse d'images, Kjølvatn est de ce point de vue une formidable réussite. Økland est évidemment le leader de la bande, cette musique folk d'influence nordique, celtique et balkanique (entre autres) tourne autour de ses instruments, les violons, seuls ou en overdub; et notamment le Hardanger fiddle, le violon traditionnel norvégien (qui résonne plus que le violon classique). Toutefois, les percussions et la contrebasse sont largement mises à contribution et on retrouve à l'harmonium Sigbjørn Apeland qui officiait notamment sur le précédent Lysoen, en 2011.

Il faut noter que l'enregistrement, remontant à juin 2012 dans une église norvégienne, est impeccable (on est chez ECM), et a un rendu plutôt live dans le sens où vous pouvez avoir l'impression d'être aux premières loges de la danse, comme sur l'entraînante “Mali”, et parfois même au milieu d'elle : c'est le cas notamment de “Start” aux atmosphères médiévales dignes d'un banquet dans une salle de château où se côtoient troubadours, danseurs et jongleurs.

Mais attention, point de duperie. Comme sur Lysoen, la musique de Økland est avant tout une ode à la lenteur, aux paysages immobiles, pris dans la brume, ou qui défilent en cinémascope sur des travellings qui vont encore moins vite que la musique; et la viola d'amore est un “violon” -à quatorze cordes- qui se prête très bien à ce type d'exercice puisqu'il s'agit d'un instrument qui se joue doucement (techniquement, il ne peut être joué trop fort sous peine d'accrocher les cordes).

La sensibilité est encore le point fort de Økland; écoutez donc “Kjølvatn” où l'on se croirait face à un harmonica dans les plaines américaines. L'émotion qui se dégage de la mélancolique “Undergrunn”, noyée dans l'éther de l'harmonium et les échos du vibraphone, est bouleversante. De manière générale, cette musique transpire peu la joie, et c'est paradoxalement son point fort tant la bande excelle dans ce registre plus cérébral. Økland semble être l'artiste idéal pour ceux qui n'aiment pas l'idée qu'ils se font de la musique folklorique, trop enjouée ou dansante !

Les percussions sont particulièrement léthargiques et esquissent des atmosphères inquiétantes sur la longue “Puls” où la contrebasse fait ressurgir l'ombre des danses emprisonnées dans un ancien lieu, possiblement un château médiéval (laissez votre esprit errer, cette musique n'est que paysages et décors); “Drev”, sorte de danse lente, est également à ce titre une magnifique composition alors que le saxophone s'invite et vibre de son bourdon sinistre. Il jouera encore des coudes de la même manière sur “Start”. “Blå Harding” et “Amstel” sont, quant à elles, deux jolies compositions aux senteurs folkloriques plus traditionnelles, toutes deux parées des plus belles élégances.

Kjølvatn est en résumé un bel album, raffiné, délicat, contemplatif, un livre d'images à lui seul, dans la lignée de Lysoen, mais en plus aventureux.

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- Nils Økland (viola d'amore, hardanger fiddle, violon)
- Rolf-erik Nystrøm (alto, bariton saxophones)
- Sigbjørn Apeland (harmonium)
- Mats Eilertsen (contrebasse)
- Håkon Mørch Stene (percussions, vibraphone)


1. Mali
2. Undergrunn
3. Drev
4. Kjølvatn
5. Puls
6. Fivreld
7. Start
8. Skugge
9. Blå Harding
10. Amstel



             



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