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POST-PUNK  |  STUDIO

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ADAM AND THE ANTS - Dirk Wears White Socks (1979)
Par ARP2600 le 2 Février 2016          Consultée 2549 fois

Pour faire vivre un mouvement comme le punk puis la new wave, il faut certes de bons musiciens, mais il faut également des personnages charismatiques. John Lydon et son alter ego Rotten, Siouxsie, Toyah ont été de ceux-ci, des chanteurs à forte personnalité, capables de travailler leur look, et proposant une musique outrancière. Un autre de ces monstres sacrés était Adam Ant, proche des SEX PISTOLS et de Siouxsie dans un premier temps, et grand artisan de la mode punk, avant de devenir connu pour ses costumes de style 18e siècle. Un exemple-type du musicien culte, avec son petit parterre de fans fidèles et une certaine tendance à l'auto-référence.

Adam Ant s'appelle en réalité Stuart Goddard et provient de la classe moyenne londonienne. L'instabilité de sa famille pendant son enfance s'est répercutée sur sa vie sentimentale autant qu'artistique. Son seul partenariat durable en musique est avec Marco Pirroni, nous en parlerons dans la chronique suivante, pour le reste, il ne s'est jamais vraiment fixé. Une trajectoire comparable à celle de Toyah en un sens... Son surnom est un jeu de mot, Adam étant le premier homme, la fourmi un animal coriace et le mot « adamant » signifiant « inflexible ».

Passons sur ses problèmes d'anorexie, sur son premier mariage raté dès 1976, et venons-en à l'époque des punks. Ant jouait dans un groupe de pub rock nommé Bazooka Joe quand, comme tout le monde, il a entendu un concert des PISTOLS et a voulu faire comme eux. Former un groupe n'a pas été facile, et nous n'allons pas énumérer tous les changements de line-up jusqu'à l'épisode de 1980. En tout cas, partant du punk, l'ensemble nommé très modestement ADAM AND THE ANTS a développé une musique proto-gothique empreinte de fétichisme, n'ayant qu'un succès de niche à cette époque. Ils ont d'autre part naturellement été associés à SIOUXSIE AND THE BANSHEES, les deux groupes ayant tourné ensemble, avec des looks assez semblables.

Le premier album, Dirk Wears White Socks, est la trace tardive de ces débuts bizarres. Il est sans doute dommage qu'ils n'aient pas sorti grand-chose avant 1980, mais bon, c'est le lot de bien des projets de cette époque qui ont avant tout existé sur scène. Le punk n'était décidément pas une musique d'albums... À l'été 79, donc, outre Adam Ant, on trouvait Dave Barbarossa à la batterie, Andrew Warren à la basse et Matthew Ashman à la guitare et au piano. Pas de synthés, et il n'y en aura pas plus dans les albums suivants, pourtant fort différents, affaire à suivre. Pour une musique post-punk, c'est sûr que c'était une formation tout-à-fait classique. À la parution de l'album en novembre, notons que le poste de bassiste était passé à Leigh Gorman.

Fin 79, en tout cas, l'outrance avait évolué, et on a droit sur Dirk (référence à l'acteur Dirk Bogarde apparemment) à un post-punk très classique, teinté de fétichisme mais pas trop. Les textes sont provocants, mais plus surréalistes qu'autre chose. Certains sont assez critiques de la religion, Adam Ant avait une plume plutôt intéressante bien que spéciale. Musicalement, on pensera en premier lieu à SIOUXSIE AND THE BANSHEES, bien sûr, mais en beaucoup moins violent. On pourrait aussi penser à WIRE en plus dépouillé ou à GANG OF FOUR en plus sombre... ils étaient un peu au carrefour des différentes tendances et cela rend ce disque fort appréciable, d'autant que la qualité de la composition comme du jeu est solide tout au long.

Le seul single associé à l'album est une version remodelée de l'ouverture « Cartrouble ». Un bon choix dans l'absolu, même s'il vaudra mieux entendre la vraie chanson, en deux parties et longue de sept minutes. Ce qui suit est à la fois cohérent et varié, avec les saturées « Digital Tenderness » et « Day I met God » alternées avec des numéros plus lents et tendus, « Nine Plan Failed » et « Tabletalk » (cette dernière me rappelant curieusement KING CRIMSON, pour une fois que ce n'est pas HAMMILL...). La seconde face est plus irrégulière, on y trouve des satires de Cléopâtre et JF Kennedy, et le très étrange « Never trust a man with egg on his face », mais le final « The Idea » achève le disque sur une très bonne note. Signalons encore l'existence d'un single sorti avant l'album et heureusement placé en bonus des CD actuels, l'époustouflant « Zerox », un titre explosif digne de Siouxsie.

Quand on connaît les quelques grands succès d'ADAM AND THE ANTS, on peut être surpris qu'ils aient d'abord fait un disque de post-punk aussi... normal, mais c'est pourtant ainsi. Toute personne s'intéressant au genre pourrait aimer ceci, même si elle ne supporte pas « Antmusic » ou « Stand and Deliver ». Oui, la suite allait être bien différente, mais pour le meilleur à mon avis, du moins pour un temps.

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- Adam Ant (chant, guitares, piano, harmonica)
- Matthew Ashman (guitare, piano)
- Dave Barbarossa (batterie)
- Andrew Warren (basse)


1. Cartrouble (parts 1&2)
2. Digital Tenderness
3. Nine Plan Failed
4. Day I Met God
5. Tabletalk
6. Cleopatra
7. Catholic Day
8. Never Trust A Man (with Egg On His Face)
9. Animals And Men
10. Family Of Noise
11. The Idea



             



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