AVERTISSEMENT : cette chronique de bande originale de film est également susceptible de contenir des révélations sur le film

The Danish Girl est un acte manqué.

Réalisé en 2015 par Tom Hooper, déjà auteur du multi-primé King's Speech (2010), ce film se veut une lecture romancée de la vie de Lili Elbe, l'une des toutes premières personnes transgenres à avoir fait le pas et s'être faite opérer pour devenir une femme. Enfin, quand je dis romancée, j'euphémise. En effet, The Danish Girl, au lieu de parler d'un sujet on ne peut plus d'actualité avec pudeur et émotion, s'avère être un énième film à Oscars. Comprenez par là un film à la réalisation très académique nanti d'un scénario qui verse plus dans le pathos et le sentimentalisme qu'autre chose, sans compter une lecture vraiment trop rapide des événements et des poncifs dont on a du mal à croire qu'ils existent encore. Le pire, cependant, c'est le rôle principal tenu par Eddie Redmayne. Si la polémique sur le fait qu'un cis joue un trans m'en touche une sans bouger l'autre (même si je comprends la gêne de la communauté trans), ce qui doit vraiment faire scandale, c'est la nomination de Redmayne à l'Oscar du meilleur acteur. Une nomination imméritée tant l'acteur s'avère terriblement agaçant et pousse plus au rejet du personnage de Lili Elbe qu'à l'empathie. Mais bon, on parle des Oscars, où il suffit de sortir un film du genre « gneu l'indépendance contre les Anglais » (Braveheart) ou de vaguement jouer un personnage historique (Daniel Day-Lewis dans le Lincoln de Spielberg) pour faire tomber comme des mouches le jury très vieux et très blanc de l'académie des Oscars. Bref.

Parmi les quelques points positifs de The Danish Girl (y'en a, faut pas déconner), il y a la musique. Composée par notre Alexandre Desplat national, elle joue sur la carte de la sensibilité bien sûr, et tente parfois avec succès de rehausser l'intérêt des scènes. Ainsi, le thème principal est très beau à entendre. La douceur et le côté tragique sont très bien résumés en deux minutes montre en main, et sans partir dans une explosion symphonique à la con, Desplat sachant faire simple et épuré. Une beauté romantique resplendit également sur "Lili's Dream", bien que le morceau soit un peu long et marche moins bien en écoute indépendante du film. Rien que pour ce début d'album, il est difficilement concevable de se dire que Desplat a raté sa partition.

Cependant, il se met plus d'une fois au diapason du film. Logique, pourrait-on dire, sauf que cela implique des compositions plutôt faibles. Par exemple, le thème de Gerda est franchement oubliable, ce qui est dommage pour le personnage le mieux joué du film. "Make-Up and Costume", joué un peu plus vite, donne l'impression de jouer aux Sims, ce qui n'est pas mauvais en soi, mais du coup, la scène correspondante ne se pare pas de la légèreté adéquate. "Aggression", pour sa part, marche bien dans le film pour l'une des scènes les plus graves (même si pas forcément importantes) du film, mais en réécoute isolée, on se rend compte que Desplat en a légèrement fait beaucoup.

Un thème percutant pour un reste allant de l'anecdotique au sympathique : The Danish Girl n'est qu'une BO de plus. Desplat a du talent, ce n'est pas du tout le premier venu, et le montre bien, mais comme trop de compositeurs de films, il a tendance à ne pas être inventif. Oui, tout comme Tom Hooper avec qui il travaille pour la seconde fois (après The King's Speech), il délivre un travail académique, de bonne facture certes et très beau à écouter, mais qui ne dépasse pas le stade de simple illustration de film sans autre consistance.

Note réelle : 2,5/5