Il y a des albums comme celui-ci, que l'on désirerait adorer, car on a aimé son prédécesseur, on apprécie ce mélange electro pop funk, et en plus l’artiste est français, cocorico ! Malheureusement comme me l’a enseigné maitre Mick Jagger : You can’t always get what you want…
Et en effet Still Waters n’est pas un mauvais album, il est même très sympa et agréable. Seulement, il ne peut pas rentrer dans le cercle très fermé des albums qui déchirent. Et c’est avec un certain pincement au coeur que l'on vous annonce cela.

Thibaut Berland et ses potes reviennent 4 ans après la sortie de leur premier opus. Ils sont chargés de bonnes intentions pour ce nouveau bébé : faire plus de place pour les instruments, ajouter des voix féminines, étendre leurs inspirations… Dans l’ensemble on sent l’important travail effectué, le mixage est bon, les instruments sonnent bien et le côté electro est maîtrisé. C’est justement ce très bon mélange entre l’électro et les sonorités plus oldies qui fait l’originalité et le succès de Breakbot. On retrouve des tendances pop, funk, disco, hip hop, elles se mélangent et se lient à travers cette musique électronique.

Évacuons déjà le reproche que l'on peut formuler à l'encontre de leur première réalisation : l’anglophonisation de leurs paroles. Nous savons pertinemment qu’aujourd’hui pour s’exporter il faut chanter en anglais. Et cela même quand l’artiste est français, possédant une langue riche, musicale et tellement poétique… Jacques Brel, Charles Aznavour, Georges Brassens, Edith Piaf… ces grands noms ont connu un succès interplanétaire pourtant en chantant dans la langue de Molière ! Bien sur ce n’est pas la même époque, et encore moins le même style musical, toutefois ce n’est pas une raison de délaisser nos racines linguistiques et culturelles.

Après avoir fait nos rabats-joie, nous pouvons aborder les autres éléments qui nous laissent un drôle d’arrière gout. En écoutant à plusieurs reprise l’album, on a essayé de chercher ce qui clochait, car l’ensemble n’est pas mauvais. Nous avons même plusieurs fois tapé du pied et dodeliné des cervicales.

Le problème c’est que ça ne nous est pas arrivé assez souvent. Certes certains morceaux sont naturellement lents, plus intimes et ne se veulent pas entraînants -on reviendra sur leur cas plus tard-. Parlons plutôt des morceaux qui ont une vocation festive et qui ne décollent pas, ou en tout cas pas assez.
L’exemple type est le morceau « Arrested » où la première partie est dansante à souhait. La voix de Yasmin, jeune chanteuse et DJ britannique, nous emporte inexorablement sur le dancefloor. Sauf que le titre s’essouffle, et a du mal à nous maintenir en action, à l’opposé de son ancêtre « Baby I'm Yours (featuring Irfane) ».
Ensuite vient la cas de « Toy » qui est miraculeusement sauvé par sa ligne de basse dynamique et complément disco. En effet sans elle le morceau est loin d’être excitant, il sonne un peut trop plat et conventionnel. Le titre « Turning Around » souffre du même syndrome (en pire) que le précédent, mais pas de chance, la partie de basse est bien moins inspirée et convaincante.

Revenons donc aux morceaux plus lents et « mélancoliques ». Prenons comme exemple les deux plus significatifs : « Man Without Shadow » et « In Return ». Soyons brutaux mais sincères, ils ne nous font aucun effet… Ils sont trop fades, les arrangements mollassons et la voix manque de sensibilité et de profondeur pour nous emporter… Impossible d'accrocher, de se sentir embarqué par ces compositions trop lisses.

Arrivé à ce stade vous vous dites que cet album est un échec, si on s’en arrête là vous avez presque raison, cependant quelques excentricités viennent le sauver.
La basse porte à elle seule une bonne partie des compositions. Elle groove, elle funk, elle dégouline de disco, elle apporte ce qu’il faut pour enrichir les titres, c’est surement un des points fort de STILL WATERS.
Puis il faut rendre à César ce qui est à César et à Breakbot ce qui est à Breakbot. « Get Lost » « All It Takes » et « The Sweetest Romance » sont vraiment BONS, et ça fait du bien !! Ils sont joyeux remplis de positive attitude et cohérents du début à la fin. Quel dommage qu’il y est cette hétérogénéité, que tous les titres ne sonnent pas aussi juste que ceux là.

Enchaînement « Wet Dream » et « Too Soon » est officiellement notre coup de coeur et à lui seul force notre sympathie pour cette oeuvre. L’intro très electro de « Wet Dream » monte crescendo dans un atmosphère aquatique pour nous mener vers une plage californienne au couché de soleil avec« Too Soon ». Les guitares très 70’s accompagnent les voix féminines, et la basse qui est encore une fois au top. Le talon bat la mesure, c’est très bon signe ! L’ambiance y est parfaite et montre que Breakbot en a encore sous la pied.

Difficile de conclure, à la fois déçu et heureux. La French Touch est toujours dans la coup c’est indéniable, mais il manque un petit quelque chose pour que l’eau qui dorme se réveille et nous entraîne jusqu’au bout de la nuit.

A vous de vous faire votre propre avis. De notre côté, nous allons quand même repiquer une tête dans leur univers liquide histoire de nous décider.