J’adore cette photo de couverture : ANASTACIA y assume le portrait d’une femme de son temps sûre de sa séduction et de son pouvoir sur les hommes. Je sais de quoi je parle ! Nous savons depuis déjà un an que la chanteuse lutte contre un cancer du sein. On imagine aisément que ce troisième opus, celui du combat face à la maladie, sera le lieu du règlement de compte de tous les soucis qui l’assaillent. Le choix de Glen BALLARD comme producteur et compositeur confirme le choix résolument rock de l’album. Voilà qui sera probablement un milestone dans la carrière de la blondinette à lunettes qui a déjà 35 ans !

Mais voyez donc comme elle est belle sur la vidéo de "Left Outside Alone". Sa voix rauque porte la compo de bout en bout, soutenue par des guitares cinglantes. Les paroles évoquent son père et les difficultés qui l’unissent à son géniteur. Il s'en dégage une certaine émotion qu’elle parvient à faire partager à l’auditoire. Cette artiste est douée pour cela : sa vulnérabilité en devient une force. Le titre truste les numéros un en Europe.
Après le paternel, c’est au tour de son mec d’en prendre 'plein la gueule' avec "Sick And Tired". Logique par les temps qui courent, non ? Il y a de l’influence indienne là-dessous, et l’ensemble sonne quelque peu R’n’B.

Mais ANASTACIA a encore des comptes à régler avec son père. L’analyse continue sur "Welcome to My Truth" qui montre que ce n’est pas non plus simple avec sa mère. Dans quel monde vit-on ? Ce single assez alternatif dans le ton sera plus discret que les deux précédents. Cet opus est pour la chanteuse celui de tous les combats. Elle évoque celui qui l’oppose au cancer sur "Heavy On My Heart", mid-slow au ton dramatique, aux jolies montées en puissance du refrain, qui en dit long dans tous les sens. Tout comme le précédent, le succès n’est guère au rendez-vous, mais avec le recul cette chanson symbolise bien cet album éponyme de la douleur.

Le disque livre un paquet de titres Hard-rock, mais oui ! "Time" propose un rythme régulier comme une pulsation de coeur, un pouls. Les paroles d’ailleurs idoines abordent le temps qui passe comme les secondes qui s’égrènent, tout ceci dans un ensemble très metal alternatif. Nous ne sommes pas si loin d’un classique de KORN par exemple. La chanteuse y gueule sa rage de vivre et cela sonne très vivant malgré la délicate situation.
Sur "I Do", c’est cette fois une ambiance de Nu Metal qui prédomine, et c’est plutôt LINKIN PARK dont le nom nous vient alors à l’esprit, logique vu les divers aspects de flow et de refrain pop qui peuplent cette composition, et la présence de Sonny Sandoval de POD.

Le 'couillu' "Seasons Change", composé en collaboration avec Reznick, le gratteux des GOGODOLLS, fait sentir clairement l’influence metallisée et alternative. Les choeurs superbes sont en parfaite adéquation avec l’ambiance générale du titre placé judicieusement en ouverture de l'album.
J’ai personnellement beaucoup d’affection pour le titre "Rearview", à l'ambiance reptative et à la douleur qui en irradie. On sent la concentration requise pour parvenir à tirer une mélodie d’une caboche perturbée par les médicaments et les divers traitements. Pas simple mais assez admirable au final. Sans doute mon titre préféré de cette livraison.

Le ton MADONNesque de "Where Do I Belong" n’a rien d’étonnant puisque c’est Patrick Leonard, un des collaborateurs de la Queen of Pop, à la manœuvre. Dans cette belle ouvrage, les guitares abrasives remplissent l’espace vacant laissé par la splendide voix.
Deux titres moins essentiels s’ensuivent : "Pretty Little Dum Dum" plus pop dans l’idée, mais aux guitares restent très présentes, et "Sexy Single" aux guitares du middle west conférant une consonance Americana. Un piano tourmenté lance "Maybe Today" qui clôt l’album d’assez jolie manière.

Plus de trois millions de cette galette s’écoulent dans le monde. ANASTACIA confirme d’album en album qu’il faut compter sur elle dans la domination des charts du monde entier, alors que l’époque n’est guère à la vente de disques. Si on considère la situation de la chanteuse, on ne peut qu’être admiratif devant la qualité de l’opus, malgré les difficultés rencontrées lors de sa réaliation. Il s’agit du meilleur album de l’artiste jusqu’à présent, je suis donc sur un 4 amplement mérité.