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TEXAS DEEP SOUL  |  COMPILATION

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Barbara LYNN - The Best Of Barbara Lynn - The Atlantic Years (1994)
Par LE KINGBEE le 30 Mars 2016          Consultée 1521 fois

Pourquoi se pencher sur une compilation de Barbara LYNN et pourquoi celle-ci en particulier ? La réponse est simple : il faut bien commencer par quelque chose, de préférence une publication susceptible d’intéresser le plus de monde. D’autres compilations méritent une attention soutenue, mais cet opus reste le premier à avoir été publié par le label indépendant basé à Atlanta. Pour rappel, le nom de cette maison d’édition fondée par John Abbey prend son titre du japonais « Ichi- Ban » traduisible par « Numéro Un ».

Barbara Lynn Ozen voit le jour en 1942 à Beaumont, une ville champignon du Texas, patrie de Johnny WINTER, Clarence GARLOW. Durant son enfance, elle suit des cours de piano mais décide de se mettre à la guitare en regardant Elvis lors d’une émission télé. A cette époque, peu d’afro-américaines officiaient à la guitare. Si l’adolescente est captivée par les bluesmen Guitar Slim et Jimmy REED, elle va agrémenter son répertoire bluesy de Rock n' Roll, à l’instar d’un autre talent local Guitar Junior (futur Lonnie Brooks). Barbara monte son premier groupe Bobbie Lynn &The Idols. Lors d’un concert au Palomino Lounge, la guitariste est remarquée par John Barry, une vedette de Swamp Pop qui s’empresse aussitôt de prévenir le producteur Huey Meaux, un sulfureux coiffeur (condamné pour escroquerie, pédophilie et trafics de stupéfiants) qui fait office de manager et patron de plusieurs petits labels. En découvrant « You’ll Lose A Good Thing », un slow-drag bluesy issu d’un poème écrit suite à une rupture amoureuse alors qu’elle n’avait que seize ans, les yeux de Huey Meaux font Tilt, l’impresario sait qu’il vient de mettre la main sur une poule aux œufs d’or. Survolté et toujours à la recherche d’une bonne affaire, Meaux expédie la chanteuse à la Nouvelle Orléans pour enregistrer son titre dans les studios de Cosimo Matassa En 1961, Barbara Lynn grave ses deux premières chansons « Give Me A Break » « et Dina and Patrina » sur le label Eric. Le single ne dépasse pas les frontières du Texas et de la Louisiane. Mais Huey Meaux, surnommé « The Crazy Cajun », a gardé sous le coude « You’ll Lose A Good Thing » qu’il revend au label de Philadelphie Jamie au mois de mars 62. Durant l’été 1962, Barbara Lynn monte sur la première marche des charts R&B, la chanson grimpe aussi à la 8ème place du Hot 100. En deux temps trois mouvements, Barbara Lynn se transforme en une vedette se produisant dans les plus grandes salles du pays ; la chanteuse côtoie alors les stars du moment Jackie WILSON, Stevie WONDER, Gladys KNIGHT, BB KING.

A l’issue de son contrat de trois ans pour Jamie, la gauchère met en boîte quelques singles pour Tribe, label de l’incontournable Huey Meaux. En 1967, Barbara tombe dans l’escarcelle du label Atlantic pour lequel elle enregistre 8 singles et l’album « Here Is Barbara Lynn ». Déçu des ventes et refusant de promouvoir la chanteuse plus que nécessaire, Atlantic se désintéresse rapidement de sa superbe guitariste gauchère. En 1975, Barbara Lynn s’installe en Californie dans le but de s’occuper de sa famille et d’élever ses deux filles et son fils loin des projecteurs artificiels du show-business. Ce n’est qu’au milieu des années 80 que Barbara reviend chez elle à Beaumont. Elle remonte sur les planches à partir de 1986 afin d’entamer une seconde carrière dans le Blues. Formidable chanteuse et superbe guitariste gauchère, Barbara a depuis enregistré plusieurs albums qui valent le détour. Il y a peu de chance pour qu’elle se produise de nouveau en Europe, elle a horreur de prendre l’avion.

Cette compilation de 20 titres regroupe « Here Is Barbara Lynn », vinyle Atlantic sorti en 1968 ; curieusement le compilateur n’a pas jugé bon d’incorporer « Mix It Up Baby » l’avant-dernier titre de la face B. Ce sont néanmoins 11 morceaux du 33 tours qui figurent ici. Le compilateur a rajouté 9 faces issues de divers microsillons. Ces morceaux enregistrés entre septembre 67 et octobre 1972 représentent la quintessence de la Soul Atlantic des sixties. Hormis « I’ll Lose A Good Thing » dont la version postérieure grimpera à la 39ème place des classements R&B, deux autres titres ont réussi à intégrer les hit-parades de l’époque : « Untill Then, I’ll Suffer » (31ème) et « This Is The Thanks I Get » (39ème). A l’écoute de ces diverses plages, on peut se demander si Jerry Wexler n’est pas passé à côté de la plaque en laissant la production à Huey Meaux.
Plus de la moitié de ces faces furent enregistrées au Grits & Gravy Studio de Clinton, en plein cœur du Mississippi. L’endroit avait connu quelques réussites mais confier les arrangements à Ed et Cliff Thomas et Bob McRee (également co-auteurs de sept titres) a probablement été une erreur. Il aurait certainement été plus judicieux d’envoyer Barbara à Muscle Shoals chez Fame dans les mains de Rick Hall. Les frères Thomas et Bob McRee, malgré un indéniable talent d’auteur-compositeur ont dilué le vocal de Barbara dans une Soul plus ou moins édulcorée, rappelant certaines productions de la Motown.
Mais peut-être que l’époque s’y prêtait En 1967, la lutte pacifique de Martin Luther King commençait à s’essouffler. L’assassinat du Docteur en avril 68 fait plus ou moins prendre conscience à l’Amérique, également enlisée par la Guerre du Viet Nan, d’un contexte explosif qu’il convient d’éteindre rapidement. On peut aussi penser qu’à cette époque charnière, le label Atlantic privilégiait certains de ses artistes (WILSON PICKETT, The Sweet Inspirations, Clarence Carter) au détriment d’autres tout aussi bons. Sur la plupart des titres, Barbara est épaulée par l’orchestre du saxophoniste Charlie Chalmers, un requin de studio ayant principalement œuvré pour Atlantic et Fame (ARETHA FRANKLIN, WILSON PICKETT, AL GREEN, CLARENCE CARTER et KC & The Sunshine Band).
Ahmet Ertegun, grand manitou de la firme Atlantic, en homme d’affaire avisé, est marqué par l’explosion Rock en pleine période hippie, ce qui lui indique la voie à suivre, celle de privilégier de nouveaux groupes bien blancs et bien Rock (LED ZEP, YES, IRON BUTTERFLY, CROSBY, STILLS & NASH). L’album « Here Is Barbara Lynn » est à peine considéré comme une roue de secours pour Atlantic, le disque ne bénéficie pratiquement d’aucune promotion, mais Barbara Lynn avait probablement quant à elle un plan B : sa famille.
Quoiqu’il en soit, cette compilation oscillant entre ballades Soul et Deep Soul permettra aux amateurs de se faire une idée du talent de cette chanteuse guitariste.

PS : En 2014, Real Gone Music a publié « The Complete Atlantic Recordings » une compilation de 25 titres dont un inédit (« Soul Deep »).

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- Barbara Lynn (chant, guitare)
- Charlie Chalmers (saxophone)


1. This Is The Thanks I Get.
2. Ring Telephone Ring.
3. You'll Lose A Good Thing.
4. Maybe We Can Slip Away.
5. Take Your Love And Run.
6. Only You Know How To Love Me.
7. Sure Is Worth It.
8. You're Losing Me.
9. Sufferin' City.
10. Multiplying Pain.
11. Why Can't You Love Me.
12. Until Then, I'll Suffer.
13. He Ain't Gonna Do Right.
14. Love Ain't Never Hurt Nobody.
15. You're Gonna See A Lot More.
16. I'm A One Man Woman.
17. You Better Quit It.
18. (daddy Hot Stuff) You're Too Hot To Hold.
19. You Make Me So Hot.
20. It Ain't Good To Be Too Good.



             



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