Quand Zayn Malik, 23 ans, décide de publier son premier album solo, il ne part pas forcément gagnant. L’ex-membre des One Direction - qu’il a quitté un an auparavant -a encore l’étiquette du chanteur à minettes bien collée sur le front, et c’est cet opus en solitaire qui a la lourde tâche d’en faire un artiste crédible pour un public adulte. S’il a encore tout à prouver, le chanteur s’en sort avec les honneurs avec ce disque qui se révèle être une jolie surprise. Épaulé par les producteurs de Frank Ocean - rien que ça -, il fait les bons choix et évite de courir après les tubes. Loin de la pop facile de son ancien groupe, le jeune Zayn opte pour une ambiance sombre, des textes personnels et un son lorgnant vers un r’n’b moderne et élégant.

Après une petite intro plutôt classique, l’album s’ouvre avec le premier single matraqué par les radios « Pillow talk », up-tempo très sensuel et plutôt accrocheur. Le titre fait efficacement la transition après la période boys band du garçon, une mise en bouche plutôt sympa même si très convenue. S’ensuit la ballade « It’s you » qui est pour le coup beaucoup plus intéressante. Un slow langoureux, très épuré où seule la voix de Zayn nous berce. L’un des plus beaux morceaux de la galette. Nettement plus rythmé « Befour » poursuit cette ambiance un peu feutrée mais très séduisante. Très bon morceau à nouveau, tout comme le tube évident « She » qui sera sans le moindre doute exploité à un moment ou un autre. Vocalement, Zayn ne peine pas à convaincre avec un timbre chaud à l'aise dans ses incursions urbaines comme sur des refrains plus pop.

Autre petite perle avec « Drunk », à la fois délicate et entêtante. Le titre estival parfait que l’on se voit bien écouter sur une plage un verre à la main. Mais il n’y a pas que du positif, Zayn s’embourbe un peu dans la seconde partie du disque et enchaîne les titres faiblards. C’est le cas de « Rear view », sans grand intérêt et du featuring « Wrong » qui aurait pu être largement plus fort. Quand à la ballade « Fool for you », c’est hyper convenu même si Zayn se rattrape grâce à une jolie interprétation. L’autre slow « Truth » se révèle nettement plus convaincant, avec un refrain très aérien et de belles envolées. Belle surprise aussi pour l'interlude émouvante où Zayn chante en ourdou, rendant hommage à son père et ses origines.

En fin de course, on retrouve la pêche du début. C’est plus énergique, plus pop. « Bordersz » est très sympa, tout comme « Lucozade » et son crescendo efficace. Gros plus aussi pour « Tio » qui pourrait faire un joli single, assez percutant. Avant le round final, deux titres insipides se perdent en chemin, et curieusement on trouve le plus gros tube à la toute fin. « Like I would » est le hit évident du disque. C’est pop, bien interprété, le refrain rentre dans la tête dès la première écoute. Ce (long) disque s’achève avec un autre titre bien sympa « She don’t love me », aux sonorités r’n’b bien comme il faut. Sympa comme tout.

Bref, avec ce premier disque, Zayn marque déjà beaucoup de points. Il élargit son public avec des morceaux souvent efficaces, tout en évitant soigneusement de viser le tube à tout prix. L’ambiance mélancolique et personnelle séduit, même si l’album souffre vraiment de sa longueur. Il aurait gagner à être amputé de 5-6 titres. Mais pour un ancien membre de boys-band, c’est vraiment pas mal, on va pas se mentir. A voir sur le deuxième album qui sera déterminant pour savoir si Zayn a vraiment le truc en plus, ou pas.