Boom ! Troy « Trombone Shorty » Andrews, débarque sur la place tout de go, armé de son cuivre bien aiguisé et chargé à bloc d'énergie comme une pile électrique. Natif de la Nouvelle-Orléans, le petit-fils de Jessie Hill, auteur compositeur de rhythm & blues, revient sur le devant de la scène, 5 ans après Orleans & Claiborne. C'est donc le 6ème album que nous sert l'Américain, avec une recette toujours aussi convaincante. Les ingrédients sont simples : mélodies qui vont à l'essentiel, phrasé lisse et direct, arrangements précis, production impeccable signée Ben Elleman du groupe Galactic... Simple, oui, mais d'une efficacité redoutable ! D'ailleurs, l'album a atteint la 3ème place sur le podium des charts du Billboard catégorie Jazz.

Dès le titre d'ouverture, "Hurricane Season", Troy nous embarque à bord de son navire fougueux porté par une tornade de cuivres. Son style presque rock est tout ce qu'il y a de plus réjouissant et est excellent pour se réveiller le matin ! Du couplet/refrain en veux-tu en voilà, tous plus accrocheurs les uns que les autres. De plus, la tracklist alterne les morceaux instrumentaux et chantés ce qui apporte de ce fait une certaine diversité. Par conséquent, malgré ses 14 pistes, Backatown parvient à nous capter jusqu'à son terme sans trop de difficulté.

Chaque composition nous happe toujours d'une façon ou d'une autre. Que ce soit avec le titre d'ouverture qui explose littéralement, ou par sa collaboration avec Lenny KRAVITZ sur le morceau "Something Beautiful". Cette collaboration n'est d'ailleurs pas réalisée au hasard puisque Shorty a travaillé sur quelques albums de l'artiste. Le guitariste est devenu une de ses influences majeures, et cela semble d'autant plus évident sur Backatown. Chaque morceau est un potentiel tube tant les mélodies sont irrésistibles et se sifflent au bout d'une poignée d'écoutes.

On a droit à quelques petites perles comme ce véritable ovni qu'est "928 Horn Jam", improvisation de cuivres qui part dans tous les sens et qui aurait pu donner un super morceau si elle avait duré plus d'une minute ! On peut aussi citer "Neph" avec son thème ciselant et sa trompette festive qui entonne joyeusement quelques mélopées chaleureuses évoquant la musique traditionnelle sud-américaine. Une fois de plus ce morceau accuse un manque de fond bien qu'en soi il faut avouer qu'il est très bien ficelé. Après réflexion, c'est un peu cette tare qui plane sur l'ensemble de l’œuvre : une sensation que les morceaux (notamment instrumentaux) ne sont pas assez exploités, une impression qu'Andrew a voulu jouer la carte de la sécurité un peu trop souvent. Comme quoi, on en revient souvent à cette même conclusion que la musique dite "facile" est souvent à double tranchant....

Backatown est loin d'être un chef d’œuvre et ne comporte rien d'inédit ou de hors du commun. En revanche, si on le replace dans un contexte de musique très accessible et qui s'approprie dès le premier abord, il va sans dire que l'album fait l'affaire. On peut évidemment reprocher à Andrew de ne pas trop se mouiller dans son approche mélodique, mais également dans l'arrangement des morceaux qui s'avèrent être très linéaires. Mais il faut bien se souvenir que le multi-instrumentiste à l'image du saxophoniste David Sanborn, n'a jamais vraiment évolué dans le cercle un peu élitiste des jazzmen et n'en fait qu'effleurer la surface...

On ne se souviendra peut-être pas de cet album dans 10 ans mais force est de constater que Backatown fait du bien par où il passe, et ça, on ne lui enlèvera pas !

3,5/5