Les BLUE HEARTS ont réussi à attirer l'attention du public japonais avec leur premier album, et surtout grâce à leur single « Linda Linda » qui restera une des meilleures chansons de leur carrière. En attendant, il faut faire vite afin de ne pas perdre la précieuse inertie commerciale, et l'album suivant du quatuor japonais sortira la même année.

La formule est globalement la même : un punk-rock plein d'énergie et qui s'inspire beaucoup de ses prédécesseurs anglais et américains. Ce deuxième album est néanmoins un cran au-dessus du premier grâce à des compositions plus efficaces et une plus grande diversité dans le registre de styles auxquels empruntent les BLUE HEARTS. Ils vont en effet piocher, entre autres, dans le surf-rock et les harmonies vocales plébiscitées notamment par les BEACH BOYS (« Kiss Shite Oshi »), dans le punk joyeux de The JAM (« Scrap »), ou encore dans le blues-rock (« Line Okoete », « Tookumade »). Ils ne démentent pas non plus complètement leur surnom de « Clash japonais » avec « Restaurant », qui rappelle furieusement « Jimmy Jazz » et « Wrong 'Em Boyo ».

Alors que « Linda Linda » survolait de très haut un premier LP en demi-teinte, ici le single de l'album (« Kiss Shite Oshii ») n'est pas le seul morceau mémorable, loin de là. Les BLUE HEARTS penchent un peu plus vers le rock et n'hésitent pas à mettre des breaks mélodiques dans leur punk, lui apportant ainsi beaucoup de dynamisme. En profitent grandement les très bons « Rokudenashi 2 » et « Scrap ». Le groupe complexifie un peu ses compositions et cela donne parfois de très bonnes choses, comme le changement de rythme au milieu de « Rokudenashi ». Dans l'ensemble, les chansons sont plus tassées, on constate moins de longueurs inutiles. La première moitié du disque est remplie d'excellents morceaux qui jouent brillamment sur les forces du punk-rock : une mélodie accrocheuse pour le couplet, un refrain mémorable, et quelques chœurs pour donner de la pêche au tout. Une recette qui semble simple à exécuter, mais qui est en réalité très difficile à mettre en pratique.

Ce deuxième album des BLUE HEARTS le montre bien car sa seconde moitié révèle quelques faiblesses qui ternissent l'ensemble. « Line Okoete » est beaucoup trop longue et fait retomber toute la pression accumulée jusque là. « Restaurant » est très maladroite, « Tookumade » et « Eiko Ni Akogarete » sont trop répétitives et ennuyeuses. La face B est toutefois sauvée de la ruine par « Chewing Gum O Kaminagara » et « Hoshi O Kudasai ». Young And Pretty se termine malheureusement sur une très mauvaise note avec l'horrible « Chain Gang » qui voit presque les BLUE HEARTS se parodier eux-mêmes : chant forcé, rythmique bateau et mélodie peu inspirée. Dommage pour ce qui est tout de même une amélioration significative par rapport au premier LP, sorti seulement quelques mois plus tôt.

Note réelle : 3.5/5