Rock Celtique. Deux mots, et tout est dit. Dire que de cette alliance a priori contre-nature est née, à la fin des années 60, un des styles musicaux les plus prolifiques depuis que le monde est monde. Pas le plus inventif, c'est un fait, mais les artistes qui le représentent ont a coeur de maintenir une authenticité, vecteur d'une musique sincère et sans artifices. C'est le cas des TRANSPHER, rockers bariolés de Melun, qui après avoir roulé leur bosse depuis un respectable nombre d'années, proposent un quatrième album résolument énergique, qui témoigne d'un indéniable talent et d'un savoir-faire éprouvé, à défaut d'être ancestral.

Black Sam, nommé ainsi en l'honneur du célèbre pirate Samuel Bellamy qui, entre 1716 et 1717, devint l'un des pirates les plus riches et les plus respectés de sa génération, avant de sombrer corps et bien au large du Massachusetts, s'annonce d'entrée comme un album mordant et vindicatif. Le morceau-titre, qui ouvre l'album, prévaut grâce à une mélodie rock bien sentie, un refrain fédérateur et un violon sautillant, une alchimie d'ingrédients qui font de ce morceau un véritable moment de bonheur. Tout en étant orienté celtique (violon et bouzouki en attestent), TRANSPHER n'oublie pas de rester surtout et avant tout un groupe de rock, proposant en ce sens de belles envolées de guitare capables de faire frémir les amoureux de la six-cordes (le solo de "Les 3 Soeurs" s'impose immédiatement et naturellement comme l'un des meilleurs moments de l'album).

Nous retrouvons "In The Night", dont le clip, déjà publié en 2014, témoigne d'un groupe ayant à coeur de proposer une musique ne se prenant pas au sérieux, même si elle est interprétée avec la rigueur nécessaire pour que la recette fonctionne. Tout juste réitérerons-nous nos quelques réserves formulées sur le chant en anglais de Jean-Marc Houdayer, qui ne fonctionne pas non plus sur le très rock "My Best Friends", tandis qu'il se fait étonnamment adapté à la très belle ballade "Luna Girl", portée par une délectable et délicate mélodie au violon et une basse à la rondeur doucereuse. Une belle surprise.

"Les Filles de Saint-Malo" et ses ambiances celtisantes (façon Soldat Louis, auquel on aurait greffé un harmonica) ou encore "Le Vent des Highlands", qui célèbre le lien franco-écossais ainsi que la "Auld Alliance" qui unit les pays pendant de nombreux siècles, témoignent de cette envie du groupe à rester, et il a bien raison, dans un certain traditionalisme folklorique qui sied bien à son univers.

En toute modestie, sans faire grand bruit, TRANSPHER propose avec Black Sam un quatrième album qui, sans temps mort ni faiblesse notable, célèbre le rock celtique dans toute sa richesse et sa diversité. Les mélodies efficaces, les refrains inspirés et les envolées rock font de ce quatrième album du groupe une réussite à côté de laquelle les amateurs du genre ne doivent pas passer.

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