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1998 Somewhere On Down The Line

LITTLE MACK SIMMONS - Somewhere On Down The Line (1998)
Par LE KINGBEE le 14 Juin 2016          Consultée 1451 fois

Un drôle de coco, si vous me permettez l’expression, que ce Little Mack Simmons. Natif de l’Arkansas où il voit le jour en 1933, il se met à l’harmonica très tôt au côté de James COTTON, son copain d’enfance. Cueilleur de coton, il s’aperçoit rapidement que la musique peut rapporter gros et que le métier d’harmoniciste est nettement moins éreintant. L’harmoniciste en herbe se produit dès 14 ans dans les bouges locaux, devient papa à 15 ans et se marie. Mais la famille, c’est un peu comme le coton, pas toujours enthousiasmant. En 1952, il tente sa chance à Saint Louis, décroche un job dans le chemin de fer. Le soir venu, il se produit dans les rues et bars de la ville en compagnie de Robert Nighthawk.
Deux ans plus tard, il débarque à Chicago avec des rêves plein la tête, bien décidé à marcher dans les traces de Little WALTER ou Jimmy REED. Il fait équipe avec Detroit Junior, Eddie King et monte son premier groupe ; il commence à enregistrer en 1959, par le biais du producteur Carl Jones, quelques petits singles et se transforme en musicien de session. Au milieu des années 70, il participe à une tournée en France et profite de l’occasion pour graver son second disque « Blue Lights » pour l’excellent label français Black & Blue, épaulé par la rythmique des Aces (Fred Below à la batterie et Dave Myers à la basse).
Mais le Blues entame depuis plus de dix ans une longue descente en enfer. Les modes et les tendances changent. Le public noir s’oriente vers d’autres répertoires. Si dans les années 70, Simmons a participé à un nombre incalculable de sessions, le bonhomme se retrouve au creux de la vague et change totalement de vie. Il bifurque vers le Gospel et la religion et devient le Révérend Mack Simmons. Mais, comme l’affirme l’adage, l’habit ne fait pas le moine ! Sous sa soutane d’homme d’église, notre bon révérend est attrapé par la patrouille : suite à une enquête du FBI, l’ancien harmoniciste avait tendance à confondre les hosties avec les petits sachets de poudre blanche. Compromis dans un trafic d’héroïne, notre Révérend va troquer sa soutane contre une combinaison orange de taulard pour de longues années.

Ce n’est qu’au début des années 90, une fois sorti de prison, que Little Mack Simmons fait son retour dans la musique du diable. L’harmoniciste enregistre une poignée d’albums : « High & Lonesome » pour le label de Chicago St George, suivi par « Come Back To My baby » édité par la firme autrichienne Wolf, album dans lequel participe Georgia Hinton Simmons, sa seconde épouse. En 1996, Simmons revient en Europe vingt ans après sa première venue, participant à la tournée du Chicago Blues Festival. L’année suivante, c’est sur le label canadien Electro-Fi, que l’harmoniciste refait parler de lui avec « Little Mack Is Back », un album s’inscrivant dans la plus pure tradition du Chicago Blues.

C’est bien connu, il faut battre le fer pendant qu’il est chaud. Après le succès de « Little Mack Is Back », disque qui lançait la discographie du label de Toronto dirigé par Andrew Galloway et qui avait recueilli les éloges de la presse spécialisée, le producteur canadien décidait de relancer le vétéran. Une idée judicieuse car l’harmoniciste se débattait contre un cancer, une bataille qu’il perdra en octobre 2000.
Galloway décidait de placer l’harmoniciste au sein de la même équipe figurant dans l’album précédent, on ne change pas une main gagnante. Sous la houlette du producteur multi instrumentiste Al Lerman, Simmons retrouve ainsi deux autres membres du groupe Fathead. La cohésion et la mise en place paraissent évidentes, surtout que l’harmoniciste a décidé, cette fois, d’interpréter une majorité de reprises (8 morceaux sur 10). Le vétéran s’attaque à divers standards: « Trouble No More », titre de Muddy WATERS, délivré en acoustique lui permet de placer son chant clair et son harmonica, rien de renversant mais une bonne mise en bouche. Sur « Poison Ivy » (petit hit de Willie Mabon et non le titre homonyme des Coasters), le vétéran remplace les effluves R&B de la version originale par des parfums Hillbilly Blues. La mandoline et la steel prennent le pas sur un harmonica totalement absent. L’archi rabâché « The Things I Used To Do », grand succès de Guitar Slim, met en avant le piano et la guitare acoustique sur un rythme tempéré. On a connu des versions plus nerveuses. Autre standard avec « I’m Ready », gros succès de Muddy WATERS repris à toutes les sauces, délivré ici sous forme de piano blues. Ces grosses reprises ont toutes pour point commun de s’écarter des originaux ou des reprises marquantes.
Simmons s’attaque aussi à des titres moins connus : « All Around The World » compo de Titus Turner et premier petit hit de Little Willie John, le gospel « It’s Gonna Rain » œuvre probable des Sensational Nightingales et « Snap Your Fingers » écrit par le guitariste Grady MARTIN et adapté par la sémillante Petula CLARK sous le nom de « Claquez des doigts ».
L’ancien clergyman nous propose un ancien titre « So Unhappy », gravé en 1961 en single pour New Breed. L’harmonica agrémenté de brefs passages de slide est au diapason. « Hooked On Your Love », la seule véritable nouveauté, s’avère plus rythmé et probablement par charité, il laisse Al Lerman souffler dans le ruine babine. L’album est agrémenté d’un bonus enregistré en 1971 avec Detroit Junior et Lonnie BROOKS, « Next Time You See Me » une chanson mise en boite par Little Junior Parker à la fin des fifties.
Récapitulons : 4 gros standards + 3 reprises plus obscures + 2 compos + 1 bonus = 10 titres. Il en manque donc un. Terminons cet éventail par « Fever » un intemporel d’Otis Blackwell. Oh me direz vous, encore un titre maintes fois repris après la version de Little Willie John ou celle probablement plus connue de Peggy LEE. Ce classique aurait en effet pu figurer dans la partie des titres rabâchés tant il a été accommodé à toutes les sauces (ELVIS, Ben E KING, Conway Twitty, Timi Yuro, Wanda JACKSON jusqu’à Boney M, Sylvester et tout dernièrement par Liane FOLY). Mais la qualité de l’interprétation permet de terminer cette modeste chronique en apothéose. L’harmonica introduit le morceau. Simmons semble comme auréolé. Son chant béni des dieux n’a de cesse de faire monter la tension, relancé par les volutes de piano et la guitare acoustique. Cette version simple gorgée de groove et de feeling est peut être la meilleure jamais enregistrée. Là, on est sur une autre planète par rapport au « 39 de Fièvre » adapté par Caterina Valente ou Babette Bruneau à la fin des fifties ou que « Docteur » autre transposition de NOUGARO. L’interprétation de « Fever » rehausse à elle seule la note de ce CD d’une barre.
Malgré un nombre élevé de reprises, le Révérend signait là un beau chant du cygne enregistré en deux jours. Une notation de 3,5 parait justifiée.

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   LE KINGBEE

 
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- Malcom 'little Mack' Simmons (chant, harmonica)
- Al Lerman (guitare acoustique, saxophone, harmonica 9)
- Teddy Leonard (guitare)
- Omar Tunnoch (contrebasse, choeurs)
- Ed White (batterie, choeurs)
- Nik Tjelios (mandoline)
- Joe Yanuziello (steel guitar)
- Tyler Yarema (piano, claviers)
- Lonnie Brooks (guitare 11)
- William 'dead Eyes' Norris (guitare 11)
- Detroit Junior (orgue 11)
- Billy Davenport (batterie 11)
- Robert Covington (basse 11)


1. Trouble No More.
2. (i'm Just Like) Poison Ivy.
3. The Things I Used To Do.
4. So Unhappy.
5. Snap Your Fingers.
6. All Around The World.
7. It's Gonna Rain.
8. I'm Ready.
9. Hooked On Your Love.
10. Fever.
11. Next Time You See Me.



             



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