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POP / WORLD MUSIC  |  STUDIO

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1972 Paul Simon
1986 Graceland
2016 Stranger To Stranger
 

- Style + Membre : Simon & Garfunkel

Paul SIMON - Stranger To Stranger (2016)
Par COWBOY BEBOP le 20 Juin 2016          Consultée 4462 fois

Pour survivre dans un paysage musical de plus en plus encombré, deux voies s'offrent aux artistes : foncer tête baissée et balayer les modes passagères d'un revers de main, ou s'adapter aux tendances de l'époque qu'ils traversent. À ce petit jeu là, il est facile de perdre, et de s'égarer artistiquement. Mais pas Paul SIMON, qui a toujours réussi à dompter les modes et en faire une partie intégrante de sa musique, évitant ainsi la stagnation et se réinventant sans perdre son identité – quitte à brosser son public dans le sens inverse du poil (Hearts And Bones). Tout le long de sa carrière solo (qui s'étale tout de même sur quatre décennies), on compte de nombreuses gemmes, et très peu de faux pas. Intransigeant et perfectionniste, SIMON prend son temps pour peaufiner ses albums : cinq ans séparent Stranger To Stranger de l'album d'avant (So Beautiful Or So What), lui-même sorti cinq ans après son prédécesseur.

Alors que So Beautiful Or So What témoignait d'une méthode plus traditionnelle de composition – le musicien ayant écrit ses morceaux simplement avec une guitare sur les genoux, Stranger To Stranger marque le retour des boucles mélodiques et rythmiques, comme on pouvait en trouver sur Graceland ou The Rythm Of The Saints. Secondé par son fidèle collaborateur et ami, le producteur Roy Halee, Paul SIMON modernise sa pop et se renouvelle avec une facilité presque insolente. La tendance de notre époque, qui est au métissage des styles musicaux, ne peut que convenir parfaitement à SIMON, passé maître dans cet art délicat. Il atteint ici un niveau de subtilité tel qu'il en devient presque inaperçu : les morceaux sont remarquablement équilibrés et cohérents, se présentant comme de véritables entités complètes en elles-mêmes. Il faut de nombreuses écoutes, et une attention soutenue pour les détails, afin de déceler les ingrédients du mélange concocté par SIMON.

Ainsi « The Werewolf » combine un rythme typique du flamenco avec celui d'un « tambour parlant », un tam-tam africain possédant des cordes sur sa longueur, qui lui permettent de produire une myriade de tons différents. Cette base rythmique a ensuite été ralentie artificiellement, puis superposée à de nombreux samples : cuivres, hurlements de loups, orgue et ektara, un instrument à une corde venu d'Inde, dont le « twang » rappelle le cri d'un loup et semble prononcer le mot « werewolf », ce qui inspira SIMON – démontrant encore une fois le lien très fort entre paroles et musique dans son œuvre. Des exemples tels que celui-ci, on en trouve à foison sur l'album. Évoquons néanmoins « Street Angel », qui détourne des chœurs de gospel enregistrés dans les années 30 pour suggérer certains mots ou phrases, et « Wristband », qui réutilise le thème du flamenco et des clappements de main, en lui ajoutant une contrebasse jazzy.

On trouvera également des morceaux doux et atmosphériques, qui rappellent les paysages sonores déployés par Brian ENO sur Surprise : « Stranger To Stranger » et ses ostinati de guitare veloutés, secondés par un superbe saxophone, ou encore « Proof Of Love » et ses strates de flûtes superposées, sont le pendant de l'agitation fiévreuse de « The Parade ». SIMON ne commet pas l'erreur, classique du style, de négliger les mélodies, et ces dernières sont superbes – comme d'habitude, aurait-on presque envie de dire. Enfin, SIMON revisite ses racines avec la délicate ballade « Insomniac's Lullaby », qui associe la guitare acoustique avec des instruments expérimentaux capables de produire des « micro-tons », ajoutant ainsi plusieurs dizaines de notes à la gamme chromatique classique, et créant de délicates dissonances.

Avec Stranger To Stranger, Paul SIMON aborde des thèmes qui le touchent de près, comme ceux la mortalité et de l'au-delà, tout en gardant sa légèreté et sa finesse habituelles. « The Werewolf » évoque un mari assassiné par sa femme et cherchant à faire l'emplette d'un réincarnation convenable, tandis que « Wristband » compare un vigile buté à Saint Pierre gardant férocement les portes du paradis. Un personnage, désigné comme un « ange de la rue » (l'alter ego de Simon ? on peut en douter), traverse plusieurs chansons, tantôt observateur bousculé dans une étrange parade, tantôt victime de la bêtise humaine et pris pour fou. Notons que l'unité de l'album n'est pas seulement créée par les paroles : on s'amusera à reconnaître les samples rythmiques réutilisés sur plusieurs chansons, et légèrement modifiés pour créer à chaque fois une atmosphère différente. Plusieurs titres partagent des éléments empruntés à la musique Flamenco, un thème qui, tel un courant invisible, traverse tout l'album. Une multitude de styles variés viennent s'y mélanger, et leurs combinaisons, parfois surprenantes, mais toujours inventives, donnent naissance à un panorama musical véritablement unique dans la pop d'aujourd'hui.

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   COWBOY BEBOP

 
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- Paul Simon (chant, guitares, harmonica, harmonium)
- Bobby Allende (congas)
- David Broome (chromelodeon)
- C.j. Camerieri (cors, trompette)
- Clap! Clap! (synthétiseurs, boîte à rythmes)
- Jack Dejohnette (batterie)
- Dean Drummond (bamboo marimba, zoomoozophone)
- Dave Eggar (violoncelle)
- Alan Ferber (trombone)
- Golden Gate Quartet (chœurs samplés)
- Nelson González (maracas)
- Wycliffe Gordon (trombone)
- Jamey Haddad (percussions)
- Paul Halley (orgue)
- Carlos Henriquez (basse)
- Katie Kresek (viole)
- Bakithi Kumalo (basse)
- Steve Marion (guitare slide)
- Sergio Martínez (percussions)
- Bobby Mcferrin (chœurs)
- Keith Montie (chœurs)
- Nico Muhly (céleste, cuivres, flûtes)
- Vincent Nguini (guitare)
- Jim Oblon (percussions, boîte à rythmes)
- Nino De Los Reyes (percussions)
- Oscar De Los Reyes (percussions)
- Marcus Rojas (tuba)
- Mick Rossi (glockenspiel, harmonium)
- Andy Snitzer (saxophone, chœurs)
- Alex Sopp (flûte)


1. The Werewolf
2. Wristband
3. The Clock
4. Street Angel
5. Stranger To Stranger
6. In A Parade
7. Proof Of Love
8. In The Garden Of Edie
9. The Riverbank
10. Cool Papa Bell
11. Insomniac's Lullaby



             



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