Trois ans après leur premier album, la formation S-Crew est de retour dans les bacs avec « Destins liés ». Ce nouveau projet est évidemment, on ne va pas se mentir, porté par l’énorme succès de Nekfeu qui avec le carton de son opus solo est devenu un rappeur qui compte. Mais les autres membres ne sont pas en reste, se partageant avec succès des textes incisifs, souvent assez sombres mêlés à des instrus percutantes. Et pourtant, cet album n’est pas la bombe tant attendue. Oui, c’est un très bon album de rap, mais quand même bien au-dessous du premier album du groupe, et également inférieur au disque solo de Nekfeu.

C’est un groupe, donc forcément il est important de ressentir l’union entre ces gars. Et de ce point de vue, ça match toujours aussi bien. Ces mecs se connaissent depuis des années, ils ont grandi ensemble et leur cohésion, on la ressent comme une évidence. Pour le coup, cet opus porte très bien son nom. Ils sont ensemble, comme des frères, et ils le répètent inlassablement sur toute la durée du disque. Après une intro sombre mais pas folle, c’est le single « On va le faire », hymne à la procrastination, qui ouvre le bal. Un refrain très efficace, bonne instru. C’est pas une bombe non plus, mais on retrouve bien l’esprit du groupe. On retrouve nos marques avec « Nés pour mener », parfaitement dans l’esprit du premier album. C’est posé, hyper bien produit, emballant. Autre single, « C’est pas un film », gros morceau à l’ambiance sombre qui doit beaucoup au flow toujours très intense de Nekfeu. Sur la prochaine track, c’est Doum’s, toujours dans les parages, qui se joint au groupe pour un titre abordant les thèmes de prédilection du groupe. Un morceau de rap game où ils ne cessent de clamer qu’ils sont les meilleures, rien de moins.

Nekfeu reprend les manettes avec l'efficace « Jusqu’au bout », et bizarrement ce n'est pas le meilleur titre, peut-être trop attendu. Ce qui n’est pas le cas de « Démarre », la grosse bombe du disque. Le flow est brillant, les punchlines éblouissantes, l’instru hyper dansante. Un tube évident, avec pas mal de références au passé du groupe, ce qui est toujours plaisant. Petit ovni assez fracassant avec « Fausse note » qui devrait ravir les fans de la première heure, avant le plus pop « Félins », sympa mais loin d’être inoubliable. A mi-parcours, ils balancent un autre single accrocheur « J’aurai pas dû ». C’est pop, un poil facile, et ça passe bien au milieu du reste. Mais ils ne sont jamais aussi bons que sur des tracks sombres comme « Fugazi », où Nekfeu ne peut s’empêcher de balancer de bonnes punchlines assassines à l’encontre des groupies, plus intéressées par son physique avantageux que par son discours musical. C’est bon ça.

C’est au tour de Mekfra et Framal d’avoir leur titre avec « Un homme change le monde », un excellent morceau très bien ficelé. En fin de course, le groupe tourne un peu en rond avec des titres comme « Bresson » ou « Plus pareil », trop classiques, sans surprises. Quant à « Une étoile », elle vaut surtout pour son texte assez sympa. Le grand final se fait avec « Sereins », titre assez mélancolique mais qui ne fait pas non plus grande étincelle. Dommage, je m’attendais à une track plus éblouissante pour la fin.

Bref, S-Crew nous offre un bon album de rap, bien construit, efficace, rempli de bons morceaux. Mais il y a clairement un sentiment de trop peu. Le groupe se contente de faire ce qu'ils savent faire, et ça ils le font toujours aussi bien, pas de soucis là-dessus. Mais pas de surprises, pas de prise de risque. S-Crew reste dans sa zone de confort, tout en essayant d'élargir leur public avec certains titres plus accessibles. Un opus au-dessous des espérances, mais toutefois réussi.