Si le premier album de MACKLEMORE date de 2005, c’est surtout grâce à son duo avec son fidèle acolyte, le talentueux producteur Ryan Lewis, que Ben Haggerty de son vrai nom a acquis une certaine renommée dans le milieu du rap U.S. A deux, ils ont réussi à faire danser la planète - notamment avec leur énorme album « The Heist » - tout en restant fidèles à une base hip-hop implacable. Après un deuxième opus au succès plus que relatif, MACKLEMORE décide de se recentrer sur sa carrière solo et sort « Gemini », son premier album seul depuis plus de dix ans.

Ceux ayant apprécié ses précédents tubes ne seront pas dépaysés. On retrouve des hymnes très festifs, bien calibrés et souvent impeccablement produits. L’opus démarre d’ailleurs très fort avec le virevoltant « Ain’t gonna die tonight » armé de ses trompettes et cuivres du plus bel effet. Ce tube évident ouvre impeccablement ce nouvel album. La suite est toute aussi réussie sur le featuring avec Skylar Grey sur le hit « Glorious » alternant couplets très dansants face à un refrain doux et puissant au piano. Diablement efficace. Au niveau des grosses réussites, on peut aussi relever la collaboration avec la chanteuse Kesha : « Good old days » est un titre mélancolique, émouvant et qui fait bien le lien avec l’univers de ces deux artistes écorchés vifs, l’une des plus belles réussites de l’opus.

Toujours dans la douceur et avec un groove qui n’appartient qu’à lui, le rappeur nous apaise sur le très sympathique « Marmalade » en compagnie de Lil Yachty. Sur « Intentions », le trentenaire fait un bilan de sa vie et nous parle de ses bonnes résolutions concernant la drogue et son passé trouble. Joli bien qu’un peu simpliste. Si Macklemore tente de réunir tout le monde sur un même disque, parfois il se plante comme avec « Levitate » où il décide d’aller sur le terrain d’un Bruno MARS, et ce n'est pas vraiment une réussite, limite un gros plantage même. On le préfère sur un gros son rap comme « How to play the flute », moins de douceur, plus d’authenticité. Celui qui n’a pas toujours été bien accueilli au sein du rap game montre ses capacités.

Dans le même esprit, on trouve « Ten million », d'ailleurs le seul morceau que MACKLEMORE interprète en solo. Mais il faut bien le reconnaître, l’artiste n’est jamais aussi bon qu’avec des morceaux plus émotionnels. Preuve une nouvelle fois faite avec la ballade sublime « Over it » et ses violons épiques. Non seulement le morceau monte crescendo avec une voix feminine sensuelle mais en plus, le texte est hyper fort avec ce thème de l’amour qui consume.

Sur la fin de l’album, MACKLEMORE nous réserve encore quelques jolies surprises, comme « Corner Store », toujours accompagné de trompettes ramenant une ambiance plus festive. On retrouve une douceur très agréable pour clôturer ce projet avec « Church » qui comme l’indique son titre parle de la foi du rappeur. C’est joli et sensible avec une petite influence jazz. Et la dernière piste « Excavate » est hyper émouvante avec des aspects très gospel. Pas mieux pour conclure ce deuxième album.

Bref, malgré quelques pistes en-dessous, MACKLEMORE réussi parfaitement son pari. « Gemini » est un album très réussi, accessible mais sans forcément tomber dans la grosse facilité. On notera tout de même un trop plein de featuring, comme si l'artiste s'était mis un filet de sécurité après son escapade en duo. Il en résulte un opus solide, très bien produit et qui comptera certainement de nombreux tubes.