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1976 Japanese Girl

Akiko YANO - Japanese Girl (1976)
Par COWBOY BEBOP le 19 Septembre 2016          Consultée 1309 fois

Akiko YANO est une chanteuse et pianiste de jazz japonaise qui s'est forgée, assez tôt dans sa carrière, une réputation internationale pour ses talents de musicienne. Mais c'est également une compositrice douée, et son premier album, Japanese Girl, a dépassé les frontières du Japon pour devenir un classique qui transcende les cultures et les genres.

Le style d'Akiko YANO est un mélange de jazz et de pop qui doit beaucoup à la musique occidentale, dans la lignée de groupes comme HAPPY END (pour ne citer que le plus connu). Au début des années 70, ces derniers intègrent les influences des groupes occidentaux dans des compositions originales, ouvrant ainsi la voie à une nouvelle vague d'artistes qui ne se contentent plus d'imiter les formations anglaises ou américaines. Depuis lors, un courant s'est établi entre les deux rives du Pacifique, et nombreux sont les musiciens japonais qui ont fait leur chemin jusqu'aux États-Unis. Akiko YANO n'est pas en reste puisqu'elle enregistre la première face de Japanese Girl à Los Angeles avec l'aide des LITTLE FEAT. Un groupe polyvalent, bourré de musiciens talentueux qui sont loin d'être des novices du jazz, avec à sa tête le fameux Lowell GEORGE. Ils apportent à la japonaise de multiples influences, entre autres le rock psychédélique et le funk. La seconde face a quant à elle été enregistrée au Japon, et on y trouve quelques figures illustres de la scène musicale nippone, comme le chanteur des MOONRIDERS, Keiichi Suzuki, ou encore le bassiste Haruomi Hosono, ex-HAPPY END et membre du YMO.

La voix changeante, tour à tour joueuse, caressante, frêle, délicate, calme et passionnée, guide l'auditeur à travers les tourbillons de chaque morceau. Les scènes et les paysages suggérés, tantôt familiers et sereins, tantôt fantastiques et mystérieux, se dessinent comme autant d'estampes colorées. « Kuma » est tranquille et reposante, alors que « Denwasen » se fait agitée et volage. « Herikoputaa » instille une atmosphère un peu étrange, passant langoureusement de la mélancolie à la joie, puis à nouveau à la mélancolie en quelques notes. La courte « Futa » ressemble à une berceuse, tandis que le rythme bondissant de « Oka Wo Koete » lui confère une atmosphère insouciante et guillerette.

Akiko YANO étant également une excellente pianiste, c'est le piano qui se trouve la plupart du temps au centre des compositions, apportant à la fois une base rythmique et mélodique. Les synthétiseurs sont présents mais discrets, quand ils ne sont pas utilisés pour imiter un autre instrument (le son de flûte sur « Ooinaru Shiino Ki » est en réalité un ARP), ils font de brèves apparitions, des jaillissements fugaces qui viennent brièvement colorer la toile des morceaux. Contrastant avec ces touches de modernité, on peut entendre sur la seconde face plusieurs instruments traditionnels du Japon, qui viennent ancrer l'album dans un contexte culturel concret.

Le meilleur exemple en est sûrement la suite en deux parties « Funamachi Uta », qui fait revivre l'ambiance frénétique d'un festival populaire. On y trouve du shinobue, une flûte en bois qui joue un rôle important dans le kabuto, ainsi que des taiko, énormes tambours emblématiques du Japon. Le koto, un instrument à cordes long et plat, symbole du Japon ancestral, fait également une apparition sur « Futa ». En intégrant ainsi des éléments traditionnels dans son jazz moderne, Akiko YANO parvient à synthétiser brillamment le folklore japonais et les influences reçues d'occident, cristallisant l'essence de la nouvelle scène musicale japonaise qui s'affirme de plus en plus à la fin de ces années 70.

La plupart des morceaux, assez courts, présentent très peu les improvisations étendues qui sont l'apanage du jazz, mais aussi ce qui effraie généralement les novices du genre. La courte durée des chansons rend l'album très accessible, « Kikyu Ni Notte » étant le seul titre qui prolonge un peu trop sa conclusion. « Ooinaru Shiino Ki », seul morceau tiré de sessions datant de 1973, soit trois avant le reste des enregistrements, est même franchement pop. Les instruments sont plus sages, la voix de YANO aussi ; on sent que la chanteuse n'a pas encore totalement affirmé son style personnel. Ce côté pop est d'ailleurs toujours présent en filigrane dans sa musique et se fait surtout visible dans les mélodies relativement simples et directes.

Toutefois, le jazz reste le pilier principal du style de la japonaise, et elle n'hésite pas à s'en inspirer pour jouer librement avec la structure classique des morceaux pop, ignorant la plupart du temps le duo traditionnel couplet-refrain en faveur de constructions plus originales. Parfois, elle abandonne même complètements les textes pour des vocalises qui lui permettent d'exprimer des émotions de manière bien plus puissante et brute. Japanese Girl est une véritable déconstruction des canons de composition en vigueur, et au milieu de tout ça, la voix d'Akiko YANO semble vagabonder librement, au gré de ses envies et caprices. C'est cette insouciance, mi-réelle mi-feinte, qui entraîne irrésistiblement l'auditeur dans un voyage aux quatre coins du Japon où il passera, en l'espace d'une journée, de la beauté apaisante d'un lever de soleil à la folie nocturne d'un festival endiablé. Un voyage étonnant et délicieux, à faire et à refaire sans modération.

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   COWBOY BEBOP

 
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- Akiko Yano (chant, piano, synthétiseur)
- Lowell George (guitare électrique)
- Sam Clayton (congas, percussions)
- Richie Hayward (batterie, percussions)
- Kenny Gradney (basse)
- Paul Barrere (guitare électrique)
- Tatsuo Hayashu (batterie)
- Haruomi Hosono (basse)
- Chuei Yoshikawa (guitare acoustique)
- Kisaku Katada (percussions)
- Keiichi Suzuki (taiko, chœurs)
- Masahiro Takekawa (shinobue, mandoline)
- Hiroki Komazawa (pedal steel)


1. Kikyu Ni Notte
2. Kuma
3. Denwasen
4. Tsugaru Tour
5. Funamachi Uta Part Ii
6. Ooinaru Shiino Ki
7. Herikoputaa
8. Futa
9. Oka Wo Koete
10. Funamachi Uta Part I



             



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