Fondé en 1992 par Tito Larriva un obscur guitariste rythmique, Tito & Tarantula doit beaucoup au cinéma hollywoodien. La formation fait ses gammes dans le circuit des bars californiens et n’hésite pas à se produire dans les bouges texans et mexicains. En 1995, le brave Tito avec sa bonne bouille d’enfant de chœur tient un petit rôle dans le film « Desesperado », le second volet de la trilogie « El Mariachi » de Roberto Rodriguez. Le groupe participe alors à trois titres de la bande originale, côtoyant ainsi Los Lobos, Link Wray et Dire Straits.

Un an plus tard, Larriva décroche le pompon en obtenant un rôle plus important dans « From Dusk Till Dawn » (Une Nuit En Enfer) du même réalisateur. Issu d’un scénario concocté par Quentin Tarentino, ce thriller fantastico gore devenu culte nous racontait la cavale des frères Gecko (Georges Clooney et Quentin Tarentino) prenant un pasteur (Harvey Keitel) et ses gamins en otages afin de passer la frontière pour se mettre à l’abri des autorités américaines. Les deux gros méchants et leurs cohorte se retrouveront bien peinards (du moins le croiront-ils) au Titty Twister, un bouge routier bien sympathique où l’alcool et les bastons coulent à flot. Mais à la nuit tombée, l’histoire s’annoncera tout autre, le relai étant en fait le repaire de vampires et d’autres créatures qui ne veulent qu’une chose… Du Sang ! Tout un programme dont on se gardera de vous raconter la fin.

Tito Larriva tenait là un rôle à sa mesure, celui d’un guitariste de Rock Tex Mex se produisant sur la scène du Titty Twister (le téton tortu). Le succès du film servira de tremplin au groupe qui allait subitement atteindre la notoriété internationale. L’ambiance d’Une Nuit En Enfer se retrouve dans la trame des mélodies de « Tarantism », une atmosphère située entre fureur et douceur. Si certains pensaient au vu du titre avoir à faire à un album folklorique ils risquent d’être surpris. Effectivement, si Tarantism avec sa pochette et son titre pouvait insidieusement orienter l’auditeur vers le tarentisme, pathologie que l’on croyait liée à la morsure d’une araignée et soignée au milieu du siècle dernier à base de chants et d’une danse , la Tarentelle, consistant à secouer le malade pour le réveiller et donc vers une danse folklorique, ils vont en être pour leur frais car ici c’est bien de Rock Chicano bien lourd bien graveleux dont il est question.

Bien évidemment deux titres figurant dans le film se détachent de l’ensemble et auront les faveurs des radios à la sortie de l’album : « After Dark », une ballade tex mex langoureuse ouvre les hostilités. Il suffit de laisser vagabonder son imagination et de se laisser bercer par les déhanchements torrides de l’actrice Salma Hayek. Second morceau phare « Angry Cockroaches », un rock chicano bourré de changements de rythmes, aussi délirant que festif : « Cucarachas enojadas fumando marijuana buscando una fiesta … » une invitation à la fête et aux substances prohibées qui finit invariablement à faire tournoyer l’auditeur.

Si les programmateurs radio jetèrent leur dévolu sur ces deux titres, d’autres pistes méritent le détour: « Smiling Karen » ou l’AC/DCien « Slippin’ & Slidin’ » deux heavy rock bien gras qui évitent toute torpeur. Le mid tempo « Strange Face » nous renvoie vers Houston et Stevie Ray VAUGHAN avec la grosse ligne de basse de Tony Marsico (ex Cruzados et futur accompagnateur de Dylan, Faithfull ou Neil Young). « Back To The House » et l’énergique « Jupiter » lorgnent sur les traces de Cream, tandis que « Sweet Cycle » avec son intro agrémentée de chants de cigales évoquent les mid tempo de Bob Dylan, Gerry Rafferty ou Tom Petty. « Flying In My Sleep » marque une rupture et permet de laisser reposer les accus, la mandoline de Lyn Bertles servant de contrepoint au vocal de Larriva. L’album s’achève sur un mid tempo à l’ambiance psyché avec « Killing Just For Sun », les guitares s’entrelacent entre sonorité orientales et chicanos tandis que le violon de Lyn Bertles apporte une touche baroque.

Il est clair que si Tito & Tarantula n’a rien inventé ni révolutionné, « Tarantism » apportait en 1997 un vent de fraîcheur et de spontanéité avec un répertoire mêlant Rock seventies, Tex Mex et Southern Rock. A déguster avec une cervesa fria et une assiette d’enchiladas.