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1990 The La'S

The LA'S - The La's (1990)
Par COWBOY BEBOP le 28 Octobre 2016          Consultée 1969 fois

La date de naissance d'un nouveau genre est toujours, sinon impossible, du moins très difficile à déterminer – car encore faut-il se mettre d'accord sur les caractéristiques dudit genre, tâche tout aussi délicate. Pour certains, la britpop aurait vu le jour avec la sortie du mythique album éponyme des STONE ROSES. « Trop tôt », s'exclameront d'autres, « il faut attendre au moins 1991 et la sortie du premier BLUR ». Il y aura bien quelques illuminés pour prétendre que la britpop, c'est OASIS et rien d'autre, mais avec leur look ringard et leur coupe au bol, personne ne les prend au sérieux. Enfin, il y aura ceux qui argumenteront en faveur de l'unique production d'un groupe issu de Liverpool : The LA'S.

Il faut dire que ce premier – et dernier – album possède à première vue les qualités nécessaires pour remplir le rôle de porte-étendard. Il est sorti en 1990, et quoi qu'on dise sur l'artificialité de ce genre de démarcations arbitraires, la première année d'une nouvelle décennie est nécessairement une charnière essentielle et préfigure beaucoup de ce qui se fera par la suite. En plus de ce repère temporel important, il faut considérer le pedigree des quatre gars de Liverpool. Tiens, cette expression ne vous rappelle pas quelque chose ? Leur histoire est toutefois légèrement plus compliquée que celle des BEATLES puisque leur line-up évolue beaucoup entre 1983, date de formation du groupe, et 1990 : en sept ans, le groupe a connu neuf batteurs et cinq guitaristes différents ! Le cœur de la formation est constitué par la paire Lee MAVERS/John POWER, respectivement le chanteur-guitariste et le bassiste du groupe. Ils sont rejoints par le frère de Lee, Neil MAVERS, ainsi que Peter CAMMELL, pendant l'année 1989. C'est ce line-up qui est généralement sous-entendu lorsque l'on parle des LA'S.

À ce line-up mouvant, il faut ajouter l’exigence du groupe et tout particulièrement celle de Lee MAVERS, devenu leader et songwriter principal, et qui n'est pas satisfait des enregistrements malgré la kyrielle de producteurs réputés qui tentent leur chance – dont celui des SMITHS, John Porter. Le résultat final est un abandon pur et simple de la part du groupe. Afin de rentabiliser les frais des sessions d'enregistrement, leur maison de disque décide de publier un album éponyme constitué des trois singles sortis entre 1987 et 1990 (dans l'ordre : « Way Out », « There She Goes » et « Timeless Melody »), complétés par des chansons inédites. Le groupe, qui n'avait jusqu'à présent attiré aucune attention sur lui ou presque, se voit alors nanti d'un petit succès d'estime qui le ramène sur les scènes d'Angleterre jusqu'en 1992. Néanmoins, le départ de John Power en 1991 signe la fin du combo qui se réunira sporadiquement dans les années 90 et 2000, mais ne sortira plus aucun album.

La musique des LA'S, si elle possède sans nul doute un style personnel reconnaissable entre mille, n'a rien d'extrêmement original non plus. Malgré tout, dans le contexte de la fin des années 80 où le hair metal dominait les ondes américaines et où l'Angleterre attendait encore de vivre la révolution mancunienne, les LA'S faisaient un peu figure d'ovni. Leur pop simple et directe inspirée des sixties, l'influence des BYRDS (que l'on retrouvera dans beaucoup de groupes anglais des années 90), l'utilisation quasi-exclusive de guitares majoritairement acoustiques, tous ces éléments annoncent la transformation de la pop anglaise à venir. Mavers est un perfectionniste capable de tester vingts riffs différents avec vingt guitares différentes, et cette attention au détail se traduit par un son qui semble simple au premier abord, mais qui se révèle être d'une grande richesse. Il suffit de prêter l'oreille aux arrangements de « Timeless Melody » ou de « Feelin' » pour se rendre compte qu'il s'agit d'une pop longuement et patiemment ciselée, bien loin d'une simple imitation des groupes des sixties. Alliant le son des années 90 et l'esprit des années 60, l'album flotte dans une temporalité qui lui est propre.

Si le disque a été salué à sa sortie par les connaisseurs, et a depuis acquis un statut d'album culte, il n'a malheureusement jamais vraiment percé auprès du grand public, à une exception près. Cette exception, c'est le superbe « There She Goes », situé à la frontière floue entre ballade folk et morceau rock, une petite gemme qui n'aurait pas fait rougir les BEATLES des années 60. Dans le même genre, « Timeless Melody » et « Feelin' » représentent l'idéal pop : appréciable immédiatement ; écoutable à l'infini. « Feelin' » se place néanmoins dans un registre un peu plus rock, avec ses guitares légèrement saturées qui évoquent les sixties dans toute leur splendeur, anticipant ainsi toute la veine « classique » de la britpop.

Mais si ces trois morceaux ont tendance à éclipser le reste lors des premières écoutes, on se rend rapidement compte que l'album ne contient aucun titre médiocre. Impossible de ne pas être entraîné par les riffs sautillants de « Son Of A Gun », « Doledrum » ou « I.O.U. ». Quant à « Way Out » et « Liberty Ship », ils mélangent brillamment folk et Mersey beat. Lee Mavers et sa bande ont un talent incroyable pour créer des petites pièces simples en apparence, mais qui renferment tout un savoir-faire hérité de la pop anglaise traditionnelle. Chaque arrangement est à sa place ; tout est calculé, millimétré, rien n'est laissé au hasard et pourtant tout semble si naturel, si évident. Les chœurs sont toujours utilisés avec modération et à propos, tantôt de manière old-school (« I Can't Sleep »), tantôt psychédélique (« Doledrum »). Au milieu de tout cela plane la voix de Mavers, rocailleuse et un peu nasillarde, évoluant sur des mélodies toujours mémorables.

Et puis, à la toute fin de la tracklist, après l'étrange « Freedom » et le seul morceau un tantinet moyen du disque, « Failure », débarque un petit ovni : « Looking Glass », long de presque huit minutes, autant dire une éternité dans le monde de la pop. La construction exemplaire du morceau, depuis son intro délicate jusqu'à sa conclusion dans une paisible apocalypse de samples psychédéliques, est un témoignage du talent et de l'inventivité des LA'S. Jusqu'où auraient-ils pu nous emmener, ces quatre gars de Liverpool ? Loin, très loin sans doute.

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   COWBOY BEBOP

 
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- Lee Mavers (guitare, chant)
- John Power (basse, chœurs)
- Peter Camell (guitare)
- Neil Mavers (batterie)


1. Son Of A Gun
2. I Can't Sleep
3. Timeless Melody
4. Liberty Ship
5. There She Goes
6. Doledrum
7. Feelin'
8. Way Out
9. I.o.u.
10. Freedom Song
11. Failure
12. Looking Glass



             



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