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WESTERN SWING CAJUN ROCK  |  COMPILATION

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2009 Big Mamou

Link DAVIS - Big Mamou (2009)
Par LE KINGBEE le 4 Novembre 2016          Consultée 1442 fois

Link DAVIS, encore un gus peu connu dans notre contrée. Redoutable virtuose multi instrumentiste (clarinette, piano, harmonica, scie à main, fiddle, saxophone), ce personnage difficilement classable risque de poser un problème à nos administrateurs. En effet où ranger un tel bonhomme ? En Country (il a longtemps œuvré dans le domaine du Western Swing), en Blues, en Folk, en musique traditionnelle cajun ou en Rock n Roll ? Allez ne soyons pas taquin, aiguillons nos administrateurs vers la case Country, mais attention il n’y a là aucun lien avec la Country FM ni avec celle de Nashville, ni avec le Hillbilly fifties. Non, notre bonhomme avait plus d’une corde à son arc et dépassait ces histoires d’étiquettes.

Etudions brièvement le parcours de cet homme de scène. Lewis Lincoln Davis nait en 1914 au Texas. Issu d’une famille de huit bambins, il se met très tôt à la musique. De toute façon, dans la famille Davis, tous les gosses pratiquent au moins un instrument à l’instar des parents. En dehors de l’école et de la musique, la famille s’escrime dans la ferme familiale, sauf notre Lewis. Contrairement à ses deux frangins aînés, excellents musiciens, Lewis est passionné exclusivement par la musique. Il a décidé d’en faire son métier et qu’importent le Krach boursier d’octobre 1929, la récession et le chômage qui s’installent dans le pays ! Toutes ces petites tracasseries vont contribuer à changer la donne musicale du pays. Miné par les privations, les interdits et l’entrée en guerre, les américains découvrent une nouvelle musique: le Western Swing, un mélange de Jazz, de Swing, de Blues et d’Hillbilly.

Link Davis s’engouffre dans la brèche intégrant les Cristal Springs Ramblers. Il enregistre ses premières faces en 1937 pour Vocalion puis joue brièvement au sein du Milton Brown’s Musical Cowboy. Le bonhomme jouera aussi en duo avec un pianiste noir à une époque où la ségrégation pouvait défaire bien des carrières. Au fil des ans, Link Davis va jouer dans une multitude de petits groupes. Démobilisé en 1942, il est recruté au sein des Texas Wanderers de Cliff Bruner, enchaine dans l’orchestre de Leo Soileau. C’est à partir de 1945 que son répertoire évolue, nouvellement marié à Doris, Link se plonge dans la culture cajun de sa belle. Le saxophone et le fiddle deviennent ses instruments de prédilection et Link enchaine ses collaborations (Dean Rasberry, Curley Austin, Rip Ramsey, Harry Choates, l’auteur de « Jole Blonde »), mais c’est avec les Blue Bonnet Playboys de Clyde Brewer qu’il reprend le chemin des studios pour le label Imperial. A partir de la naissance de son fils en 1947, Link privilégie sa vie de famille et ne joue que dans des concerts locaux pendant deux ans. Conscient de la montée en puissance du Honky Tonk, Davis va alors réajuster son répertoire et connaitre enfin un succès d’envergure avec l’enregistrement de « Jambalaya », une reprise d’Hank Williams.

En 1952, Link commet son second gros coup avec « Big Mamou » gravé pour Okeh, filiale de la Columbia. Ce succès permettra de mettre sa famille à l’abri du besoin. Durant les années suivantes, le sax entreprend une série d’enregistrements sous la houlette de Don Law mais en 1955, la Columbia met un terme à son contrat. Link Davis va rebondir l’année suivante chez Starday Records, le célèbre label de Pappy Daily. Pour ce gros bonnet de l’industrie du disque, habitué à diriger de jeunes musiciens, l’arrivée de Davis n’est pas sans embuche, Link a alors 42 ans, fait office de vétéran et se montre moins maniable que les jeunes musiciens de la firme. C’est à cette époque qu’il va mettre en boite une dizaine de rock n roll de haute facture. Le manque de promotion de Starday empêchera ces titres de grimper sur les plus hautes marches des charts. L’arrivée en grande pompe de Pappy Daily chez Mercury pouvait laisser présager des jours meilleurs, mais étrangement Link Davis sera l’un des rares artistes du catalogue Starday à rester en carafe.

A la fin des années 50, Link se produit 4 à 5 fois par semaine dans les plus grandes salles de Houston. En 1958, on le retrouve au sax sur « Chantilly Lace », gros succès de Big Bopper, puis sur « Running Bear » de Johnny Preston. Devenu propriétaire d’un night club appelé The Big Mamou Club, d’une grande maison dans laquelle vit sa famille comptant cinq enfants, conduisant une Cadillac dernier cri et portant des costumes sur mesure, Link Davis n’a plus rien à prouver, sa renommée auprès de ses pairs est depuis longtemps établie et le public se bouscule toujours autant au portillon lorsqu’il se produit sur les scènes du Sud. Durant les sixties, Link Davis mettra en boite une vingtaine de singles pour de petits labels privilégiant le plaisir de jouer et non l’aspect financier. Victime d’une première crise cardiaque en 1967 qui le laissera diminué, ce virtuose décède d’une attaque foudroyante en 1972. Son fils Link Davis Jr. a repris le flambeau, excellent multi instrumentiste, il avait rejoint l’orchestre paternel dès 15 ans. Auteur de plusieurs disques de bonne facture, on le retrouve comme accompagnateur derrière Asleep As The Wheel, Emmylou Harris, Tracy Nelson, Amos Garrett.

La discographie de Link Davis en matière d’albums se révèle des plus mince. On ne compte que « Cajun Crawdaddy » édité en 1969 par Mercury et l’album « Big Mamou » publié à titre posthume par le sulfureux Huey Meaux sur le label Crazy Cajun. A cela viennent s’ajouter une poignée de compilations plus ou moins réussies. Ce digipack agrémenté d’un copieux book note de 62 pages égraine une période s’étalant entre 1952 et 1957. Signalons que Bear Family s’est livré à un dépoussiérage sonore fantastique, toutes les faces offrant une qualité de son exceptionnelle. Le compilateur regroupe 34 pistes dont 5 inédites et 2 alternates jamais sorties, pour une durée confortable dépassant les 83 minutes. Attention, certains lecteurs première génération ne peuvent lire ce CD.

Ce sont donc 16 faces Okeh, 4 Columbia suivies par 14 faces Starday que nous propose ce document. L’ordre chronologique est respecté (hormis sur quelques titres Starday) permet de découvrir l’évolution du musicien. Excellent songwriter, Link Davis offre ici 23 compositions témoignant d’un processus progressiste et innovateur. Le répertoire fait la part belle aux valses, lentes, nostalgiques ou mid tempo : « Pretty Little Dedon », « Chere Petite », « Port Arthur », « Mamou Waltz », « Gumbo Ya-Ya », « You’re Little But You’re Cute », « Everytime I Pass Your Door », « Cajun Love » sans oublier l’impayable « Big Mamou », titre emblématique repris par Clifton Chenier en zydeco. Ce titre du folklore cajun sera repris dans des versions exotiques dénaturant l’essence même du morceau (Pete Hanley, Ella Mae Morse ou Dolores Gray). Davis délivre quelques two step caractéristiques à la Louisiane : « Lafayette Wedding », « Kajalena », « Big Coonie (Two-Step) » l’excellent « Hey Garcon ! » dans lequel fiddle et steel guitar s’entrelacent comme pour mieux nous faire virevolter. Davis s’est toujours intéressé au Blues à une époque ou cajuns et créoles s’influençaient les uns les autres. « Rice And Gravy Blues » ou le slow blues « Lonely Heart » en sont les meilleurs exemples. Le Western Swing n’est pas oublié pour autant avec le lent « Time Will Tell » et l’entrainant « Falling For You » dans lequel piano, fiddle et steel guitar fusionnent.

Les Hillbillies « The Crawfish Crawl », « Would You Be Waiting » et surtout l’humoristique« Mama Say No » ou le rythmé «Bayou Buffalo» sont la preuve de l’éclectisme du musiciens, même s’ils sont saupoudrés d’une agréable sauce Gumbo. Terminons cet éventail par des titres hautement dynamiques, de pures pièces de Rock n Roll. « Sixteen Chicks », un Rock n Roll aux paroles désopilantes s’inscrit dans une veine à la Billy Lee Haley, la complémentarité entre les différents instrumentistes est ici encore surprenante. Si ce titre, repris par de nombreux groupes de Rock Revival à l’orée des eighties, connait un honnête succès dans le Sud, ce n’est rien à côté de la reprise de Joe Clay pour Vik Records. Autres grands morceaux de Rock n Roll « Don’t Big Shot Me » gorgé de R&B, « Grasshoper Rock » avec le piano de Doc Lewis (ex Bob Wills et George Jones) et « Trucker From Tennessee » avec le guitariste Hal « Fuzz » Harris, le pendant texan de Roland Janes à Memphis, Grady Martin et Sugarfoot Garland à Nashville ou Joe Maphis à Hollywood. Hormis la ballade « Deep In The Heart Of A Fool », une vraie guimauve élimée et défraichie, il n’y a aucun déchet sur cette galette.

Cette compilation dédiée à un virtuose (fiddle et saxophone), doué sur différents registres, mérite assurément la note maximale. Néanmoins le caractère et la sonorité du répertoire que certains jugeront probablement obsolète, ou passés de mode, risquent de faire sourire ou de heurter les lecteurs férus de modernisme ou de synthétique, surtout si on y ajoute de nombreux refrain et chorus chantés en cajun et old french. Signalons que certains morceaux de Link Davis figurent encore aux programmes des radios louisianaises.

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- Link Davis (chant, saxophone, fiddle)
- Bill Buckner (guitare 1-2-3-4)
- John Truman Williams (guitare 5-6-7-8)
- Steve Hester (guitare 9-10-11-12)
- Cameron Hill (guitare 13-14-15-16-17-18-19-20-28-29-33)
- Floyd Tillman (guitare 13-14-15-16)
- Hal 'fuzz' Harris (guitare 21-22-23-24-25-26-27-32)
- Ernie Hunter (fiddle 1-2-3-4-26-27-32)
- Frank Juricek (steel guitar 1-2-3-4)
- Ernest 'decon' Evans (steel guitar 5-6-7-8)
- Herb Remington (steel guitar)
- Benny Leaders (basse 1-2-3-4-5-6-7-8)
- Walter 'buck' Henson (basse)
- Wilbur 'pee Wee' Maples (basse 30-31-34)
- Basil Alfred (batterie 9-10-11-12)
- Earl Doug Hudson (batterie 17-18-19-20)
- Bill Kimbrough (batterie)
- Ray Holder (batterie 30-31-34)
- Clyde Brewer (piano, chœurs, basse 1-2-3-4-5-6-7-8-13-14-15-16)
- Ralph Smith (piano 9-10-11-12-13-14-15-16-17-18-19-20)
- Charles 'doc' Lewis (piano)
- Sidney Brown (accordéon 30-31-34)


1. Big Mamou.
2. Pretty Little Dedon.
3. Lafayette Wedding.
4. Rice And Gravy Blues.
5. Chere Petite (dear Little One).
6. Port Arthur.
7. Lonely Heart.
8. Time Will Tell.
9. Mamou Waltz.
10. Hey, Garcon!
11. Falling For You.
12. Gumbo Ya-ya (everybody Talks At Once).
13. The Crawfish Crawl.
14. You're Little But You're Cute.
15. Mama Say No.
16. You Show Up Missing.
17. Everytime I Pass Your Door.
18. Cajun Love.
19. Kajalena.
20. Va't Cacher (go Hide Yourself).
21. Sixteen Chicks.
22. Deep In The Heart Of A Fool.
23. Don't Big Shot Me.
24. Grasshoper Rock.
25. Trucker From Tennessee.
26. Bayou Buffalo.
27. Would You Be Waiting.
28. Slippin' And Slidin' Sometimes.
29. Allons A Lafayette.
30. Waltz Of The Jambalaya.
31. Big Coonie (two-step).
32. Bayou Buffalo (alt.)
33. Slippin' And Slidin' Sometimes (alt.)
34. Big Coonie (two-stepà (alt.)



             



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