Derrière le nom des PURPLE HELMETS (Casques Pourpres), un clin-d’œil à une équipe de motards acrobates, se cachent les STRANGLERS. Groupe phare du British Rock depuis le milieu des années 70 et toujours en activité, le groupe de Jean Jacques Burnel et Dave Greenfield a vu la presse musicale lui coller diverses étiquettes sur le dos : Punk, Rock, Post Punk, New Wave, Pop Rock. Une chose est sûre : si le groupe, longtemps quatuor, n’a jamais eu une relation facile avec les journalistes anglais, le groupe en dehors d’apporter un vent de fraîcheur se fiche totalement des étiquettes. Dépositaire d’un répertoire varié et ne restant jamais les deux pieds dans le même sabot, ce groupe a marqué les esprits pendant de longues années. On vous invite à lire les excellentes chroniques d’ARP 2600.

Alors, on est en 1988 et les musiciens désirent enregistrer un album de reprises mêlant R&B, British Rock et Pub Rock pour se faire plaisir. Parallèlement à ce projet, la formation souhaite se produire dans de petites salles, s’écartant ainsi de ses carcans. Pour qu’il n’y ait aucune ambigüité, les membres prennent le nom de PURPLE HELMETS. Il faut dire que les STRANGLERS ont peut être besoin de respirer, de casser la routine, l’album « Dreamtime » a été controversé et leur tentative de percée aux Etats-Unis n’a guère été couronnée de succès. L’industrie du disque US montait alors de grosses barrières de protection en faveur des groupes autochtones (cela n’a guère changé quel que soit le domaine).
On est donc en 1988, les PURPLE HELMETS ont leur projet bien en tête, il ne leur reste plus qu’à trouver une maison de disques. Le label français New Rose aime les défis, il vient de publier Full Time Men, un groupe de trois anciens membres des FLESHTONES, LYRES et SKY SUNLIGHT SAXON, des groupes pas forcement vendeurs mais empreints d’une forte personnalité et sortant des ornières.
New Rose semble avoir laissé carte blanche à Jean Jacques Burnel pour enregistrer «  Ride Again ». Le franco-anglais fait appel à Mike Kemp qui a produit « Dreamtime ». Propriétaire du Spaceward Studio à Cambridge, Kemp a déjà quelques bonnes pioches à son actif (Tubeway Army, The Soft Boys ou The Mekons) et connaît bien les différents membres. La track-list apportée par les PURPLE HELMETS ne comporte pas de difficultés. Les reprises ont été rôdées lors de récents concerts, Kemp décide alors d’enregistrer le groupe en une seule prise, comme en Live, par un froid matin de novembre. Entre 9H30 et 11 H. les 15 titres sont bouclés devant un gros parterre d’admirateurs. Emballé c’est pesé comme dirait l’autre!

Les grincheux feront probablement la fine bouche, encore un disque de reprises ! A vrai dire, c’était le but recherché par les musiciens : un retour vers leur adolescence et une séance sans prise de tête placée sous le signe de la spontanéité et de l’énergie. Premier tour de chauffe avec « Wooly Bully » hit de Sam The Sham & The Pharaos, une variante de « Hully Gully, Now » du groupe de la Nouvelle Orleans Big Bo & The Arrows. Tout le monde connaît cet incontournable, et les PURPLE font mouche dès le premier titre : guitare énergique, solo de sax ravageur et bonne dose d’humour. Le « Don’t Bring Me Down » popularisé par les PRETTY THINGS est délivré avec une sauce Rock Punk se démarquant des versions traditionnelles. Parmi les standards d’origine anglaise, citons « Over Under Sideways Down » interprété dans un style proche de la version originale des YARDBIRDS, « Can’t Explain » des WHO, « We Gotta Get Out Of This Place » grand succès des ANIMALS proposé dans une version plus hargneuse mais bien supérieure aux reprises de BLUE OYSTER CULT ou POPA CHUBBY (là, il n’y a pas photo). Autres morceaux issus du répertoire anglais, « Whatcha Gonna Do About It » des SMALL FACES, « All Day And All Of The Night » (THE KINKS) avec un solo de guitare dévastateur, « Keep On Running » du SPENCER DAVIS BAND qui vaut plus que largement l’adaptation d’Herbert LEONARD avec « Elle Est Divine ». Ah … certains chroniqueurs de FP aiment bien enfoncer le couteau dans la plaie.

La formation reprend également à son compte des standards en provenance des States « Louie Louie » gravé par Richard Berry, « le Tobacco Road » de John Loudermilk dans une version que ne renieraient pas les DOORS. L’orgue de Dave Greenfield endosse le costume de jeune premier sur l’instrumental « Hip-Hug Her », cover d’un single Stax de Booker T & The M.G.’s. La formation s’offre d’habiles relectures de « Not Fade Away » (Buddy HOLLY), « I’m A Man » (Bo DIDDLEY), le classique de Big Joe Williams « Baby Please Don’t Go » sur un tempo évocateur des THEM.

Vous l’aurez compris, ce disque ne dévoile pas d’énormes surprises mais diffuse une haute énergie aussi instinctive que sincère avec des titres parfois retirés de leur contexte habituel. Une guitare brute sachant varier les nuances, une basse agressive et des claviers naviguant entre synthé, orgue Hammond et farfisa pour un album dans la lignée du « Pin-Ups » de David BOWIE, dans une sonorité pas Glam pour un sous.