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COMPILATIONS

2007 Voice
 

- Style : Danger Mouse & Daniele Luppi
- Style + Membre : Ennio Morricone

Edda DELL'ORSO - Voice (2007)
Par AIGLE BLANC le 28 Novembre 2016          Consultée 2101 fois

La voix d'Edda dell'Orso, déjà un don du ciel en soi, et sa capacité à en user, jusque dans ses plus infimes atours, font d'elle une authentique sirène à laquelle je ne vois pas qui pourrait résister. Ne serait-elle pas la lointaine descendante d'une de ces créatures mythologiques qui ont tant éprouvé la résistance mentale du pauvre Ulysse attaché à son mât ? Qu'Athéna ait son âme ! Ayant fait don de son organe vocal au cinéma, comme quiconque aurait fait don de son corps à la science, Edda dell'Orso incarne comme personne le rêve absolu du septième art.
Pourtant, son patronyme demeure une énigme, y compris pour bien des cinéphiles. Le Bon, la Brute et le Truand, Il était une fois dans l'ouest, Il était une fois la révolution, Il était une fois l'Amérique, autant de films cultes qu'a bénis sa voix de soprano, seconde signature de l'art musical de l'immense Ennio MORRICONE, juste après les fameux sifflements d'Alessandro Alessandroni !
Entendez que je me suis bien gardé jusqu'ici d'employer le terme, pourtant évident, de "chanteuse" pour désigner cet ange sacrilège qui n'a jamais, contre toute attente, réellement accédé (ou voulu accéder) à ce statut, la faute à une exposition médiatique des plus parcimonieuses. En effet, Edda dell'Orso a sacrifié sa carrière de chanteuse, qui aurait pu l'élever jusqu'à la renommée d'une Sarah VAUGHAN, au seul profit du septième art, l'incroyable veinard qui n'aurait jamais osé en espérer tant !

C'est ce qui légitime, et rend si précieuse, l'existence de cet album dont votre serviteur tente avec des mots si vulgaires de traduire l'exquise et rare beauté. Car il s'agit ici d'un trésor que je vous mets au défi de protéger des cambrioleurs affolés par sa valeur -plusieurs milliers de caras d'après les experts. Ne le manipulez pas comme vous le feriez d'une vulgaire compilation. Etant donné qu'Edda dell'Orso n'a jamais oeuvré à la création d'une carrière solo officielle, elle a en effet réduit le concepteur de cette galette, quel triste sort !, à compiler les chansons qu'elle a honorées de sa magie, l'obligeant à fouiller dans les sombres archives oubliées du cinéma bis italien des années 60 et 70 pour en extraire d'obscurs films, parfois des monuments de kitsch, qui ne méritaient pas un tel écrin musical tellement supérieur à la qualité frelatée de leur pellicule. Les deux paradoxes sont donc ici : des films d'exploitation qui recèlent les chansons d'Edda dell'Orso comme autant d'enluminures qu'ils ne méritent pas ; un disque admirable qui fut élaboré exactement comme n'importe quelles piètres compilations alors qu'aucune d'entre elles jamais n'a bénéficié d'une matière aussi précieuse.

Malgré l'absurde anonymat qu'elle a préservé jusqu'à aujourd'hui, Edda dell'Orso a vu nombre de compositeurs italiens de renom la poursuivre de leurs assiduités musicales, qui avaient trouvé en elle la muse de leurs rêves les plus inaccessibles. Parmi ces maîtres en la matière, trône l'immense Ennio MORRICONE qui, chamboulé par sa voix et la maîtrise ahurissante de son chant, a même tenté de se la réserver à son seul profit. Il lui a demandé de ne chanter que pour lui, mais la magicienne a résisté. Comment soumettre une sirène, cher Maestro, quand Ulysse lui-même a dû recourir aux cordes des marins pour leur résister ?
Alors, Ennio MORRICONE a dû se satisfaire des miettes qu'elle a daigné lui accorder. Mais quelles miettes ! Qui a oublié les vocalises enchanteresses illuminant les westerns spaghetti de Sergio LEONE ? Cette voix de soprano au lyrisme bouleversant capable d'arracher des larmes à la moindre crapule mexicaine suante rien qu'en fredonnant un air divin derrière ses lèvres closes !

Le présent recueil nous offre 12 chansons composées par MORRICONE pour des films inconnus (sans-doute inédits sur nos écrans français pour la plupart). Et le plus étonnant réside dans la qualité exceptionnelle de ces miniatures musicales que j'invite les fans du compositeur à découvrir d'urgence si ce n'est déjà fait. Comment surpasser le maître Burt BACHARACH sur son propre terrain ? Il ne suffit pas de s'appeler E. MORRICONE. Encore faut-il trouver la perle rare au micro. Et Edda dell'Orso l'est assurément. Totalement sous son charme ensorceleur, MORRICONE libère son génie, et se surpasse lui-même à son corps défendant. Ecoutez "Una voce allo specchio" et "Un altro mare" pour vous en convaincre. Sur des rythmes chaloupés, d'une grace et d'une légèreté proches de la Bossa Nova, s'élève la voix magique d'Edda. "La sera, la notte, il giornola" atteint à ce titre des sommets de séduction rêveuse. Ah ces quelques accents isolés de trompette ! Ah ces vocalises ensorcelantes, si intimes et mystérieuses à la fois ! Quand l'orchestre s'invite de la partie, cela donne l'inoubliable nostalgie de "La ragione, il cuore, l'amore", sans oublier les apartés subtiles du clavecin. MORRICONE ne cherche même pas à offrir des paroles comme mise en bouche à sa muse. Ses vocalises suffisent. Et dans "Mariangela e la seduzione", la diva fait exploser le thermomètre avec ses onomatopées lascives, de véritables orgasmes musicaux comme il ne s'en est jamais produit ailleurs. Effet garanti ! Ne cherchez pas la petite bête, c'est un sans faute ! Chacun de ces titres s'élève au statut de chef-d'oeuvre, avec une mention particulière pour les 9 minutes grandioses de "Come Maddalena" à la construction progressive éblouissante et où brille un choeur de toute beauté dont l'orchestre augmente l'intensité. Les vocalises de la dell'Orso pour une fois s'y fondent dans la plus stricte discrétion. La pièce la plus connue, seule entorse du compilateur à son choix de privilégier les raretés, n'est autre que "Giu la testa", chanson du western éponyme de Sergio LEONE, devenu en Français "Il était une fois la révolution", dans laquelle l'orchestre déploie une lyrique tristesse et les choeurs masculins fredonnent les désormais célèbres "Chom chom Chom".

Les 40 minutes consacrées à Ennio MORRICONE justifient à elles seules l'achat de VOICE. Mais c'est sans compter la beauté comparable des autres chansons, même si leurs compositeurs ne sont pas aussi connus. Armando TROVAJOLI livre avec "Love is a woman", "Let's find out" et "Ornella" 3 titres envoûtants auxquels l'orgue électrique confère un arrière-plan psychédélique tandis que les vocalises d'Edda dell'Orso transpercent le rideau nocturne d'un rêve enchanté.
Piero PICCIONI en 3 titres "Con o senza sole", "Scacco alla regina" et "Capriccio" esquisse des ambiances variées qui vont du mystère poétique à l'opéra de chambre vibrant. Il est le seul à oser offrir des paroles à la chanteuse qui ne perd en rien son impressionnante maîtrise vocale. Et soudain, se profile une parentée avec Elizabeth Fraser, la chanteuse des ex COCTEAU TWINS, qui lui doit semble-t-il plus qu'on n'aurait pu l'imaginer.
Giacomo DELL'ORSO (son époux) et Roberto PREGADIO complètent le tableau avec une seule composition chacun dans la lignée de celles de leurs confrères.

Le nombre de films qu'elle illumine de son chant inimitable depuis les années 60 doit être plus élevé que ce qu'en dit Wikipedia, qui en compte déjà une bonne cinquantaine entre 1964 et 1997. En dépit de l'émerveillement que sa voix a suscité dans l'inconscient des cinéphiles, son art ne s'est jamais exporté au-delà de l'Italie, ses compositeurs, comme nous l'avons vu, étant exclusivement italiens.
Cette artiste reste donc pour cela une exception dans le paysage musical.

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   AIGLE BLANC

 
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- Non Crédité Dans Le Livret.


1. Love Is A Woman
2. Una Voce Allo Specchio
3. Un Altromare
4. Con O Senza Sole
5. Scacco Alla Regina
6. Capriccio
7. La Sera, La Notte, Il Giorno
8. Messalina Theme
9. La Ragione, Il Cuore, L'amore
10. Mariangela E Laseduzione
11. Uno Che Grida Amore
12. Let's Find Out
13. Ornella
14. El Primo Baso
15. Delirio Secondo
16. Come Maddalena
17. Angelo E Giuditta
18. Faccia A Faccia (intermezzo)
19. Giu La Testa
20. Finale
21. Eva's Beguine



             



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